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Yolande
Marseille
28/11/2017

Je me réveille dans ce grand lit, beaucoup trop vide à mon goût. Florian est déjà parti, je suppose. Comme toujours quand je me réveille, finalement. Je me lève, puis je m'étire. Je me dirige vers la salle de bain, je brosse mes dents, je met de l'eau sur mon visage pour mieux me réveiller, puis je descend en bas. (Pas en haut? Juuuure?)

Je m'étale sur le canapé telle la loutre que je suis. J'allume la télé, mais comme d'habitude, rien n'est intéressant. Il n'y a même pas de matchs à regarder. Je me lève finalement et je remonte à l'étage. Je rentre dans la salle de bain et prend entre mes mains l'objet de ma légère souffrance. Cette lame qui, tous les matins, parcours ma chaire jamais cicatrisée. Florian ne le sait pas, si il l'avait su, qu'est ce qu'il m'aurait dit? Probablement rien. Depuis un peu plus d'un mois il s'est éloigné de moi, me laissant seule avec mon chagrin.

Je regarde la lame qui ne bouge pas, elle est gentiment posée dans ma main. Je la regarde avec des yeux tristes, me demandant moi même pourquoi est-ce que je m'inflige de pareilles souffrances. Puis tout me reviens. Mes parents qui n'ont jamais été là, Sacha, le cambriolage, Florian qui m'abandonne de plus en plus... Et ça y est, la lame entre les doigts, je créé une entaille dans mon poignet. Du sang coule, la douleur se fait sentir, mais la douleur physique n'est rien, comparée à la douleur mentale. Je ne vais pas bien, et je le sait. Mais personne n'est là pour m'aider, je dois me noyer seule dans mon chagrin.

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir, je repose la lame dans la cachette que j'ai trouvée, je nettoie le sang qui était tombé sur le rebord du lavabo, puis je nettoie un petit peu ma plaie. J'enfile un gros pull cachant toutes mes cicatrices, puis je descend pour le rejoindre.

Quand j'arrive à sa hauteur, je dépose mes lèvres sur les siennes. Elles sont froides, il s'est entraîné dans le froid.

Yolande : Ça va?

Florian : On peut dire ça comme ça. Et toi?

Yolande : Ça va très bien, je suis heureuse aujourd'hui.

J'affiche un sourire hypocrite. Il sait que je ne suis pas bien, il sait que je n'arrive pas à oublier. Mais il continue, persuadé que tous mes problèmes vont se régler tout seuls.

Florian : Mais dis moi ce qui ne va pas au lieu de toujours te cacher derrière tes réponses vagues ! Je ne suis pas censé deviner ce qui se passe dans ta tête ! Dis moi, parle moi !

Yolande : Je...

Je m'effondre en larmes. J'ai l'impression qu'il ne comprend pas, je suis mal, et je n'arrive pas à avancer, mais ça, il ne le comprend pas. Je n'ai plus l'impression d'être en couple avec lui, mais d'être juste sa colocataire dépressive.

Je monte à l'étage pour la deuxième fois de la journée, puis je m'étale sur le lit, mes mains sur le visage. J'entend un verre se casser en bas, enfin un objet en verre. Je n'y prête pas attention.

C'est trop dur de vivre comme ça, l'un ne comprenant pas l'autre. Il faut que ça cesse. Mais il est tout ce qu'il me reste. Je ne peux pas. Où est ce que j'irais après? Ma sœur n'est jamais venue au lieu de rendez vous, c'est pas elle que je vais contacter. Je pourrais demander au femmes des autres joueurs, j'ai déjà parlé avec quelques une, aucune ne m'a parue réellement sincère avec moi, mais peut être que je pourrais essayer de leur parler un peu.

Non. Je n'ai pas besoin de leur charité. Il faut que je m'en sorte seule. Motivée, je descend en bas et je sors de la maison, ne prêtant pas attention à Florian, ni aux débris de verre jonchant le sol. Je monte dans ma voiture et je démarre, ne sachant pas réellement où je vais.

Découverte//FlorianThauvinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant