Chapitre 12

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Dehors, le soleil se lève timidement, tandis que la couche de neige reflète les rayons qu'il envoie. Ces derniers me parviennent à travers les rideaux, mal fermés. À mes côtés, Laure dort encore, suite à notre longue veillée. Afin de fêter convenablement le Nouvel An, je lui avais proposé de le passer avec mes parents et moi-même. Ceux-ci ont sauté de joie quand ils ont appris que je m'étais fait une amie, bien que je n'ai pas osé rectifier le terme employé.

Laure, quant à elle, était plutôt tendue à l'idée de les rencontrer. Malgré tous mes encouragements pour se détendre, seuls mon père et son caractère jovial ont su la mettre à l'aise. Quelques heures plus tard, nous étions tous en train de rire autour d'un jeu de société. Depuis l'annonce de ma maladie, je n'avais pas vu mes parents aussi épanouis. Laure doit avoir un véritable don pour faire sourire les autres.

Un léger remous à ma gauche m'indique qu'elle ne va pas tarder à se réveiller. Pour ma part, je le suis déjà depuis quelque temps. Je voulais absolument admirer le lever du soleil, avant de me rappeler que je ne pouvais pas ouvrir la fenêtre, au risque de réveiller Laure. Lorsque je repense à cette soirée, elle me semble lointaine et je suis prise de nostalgie : c'était mon dernier réveillon.

Cette pensée flottait dans tous les esprits, hier soir. Même s'ils passaient un bon moment, Laure et mes parents ne pouvaient sans doute pas l'oublier. Et moi non plus. Mon dernier réveillon. Mon dernier Noël. Mon dernier mois de décembre. C'est étrange de se dire que l'on n'arrivera pas à la fin de l'année. À la moitié de celle-ci, tout s'arrêtera. Je le sais, évidemment. Cela fait des mois que je me le répète. Mais savoir que désormais, il n'en reste plus que six est étrange... Et effrayant.

Laissant mes sombres réflexions de côté, je me tourne vers Laure, toujours profondément endormie. Finalement, elle ne risque pas de se réveiller tout de suite. Ses cheveux courts sont en bataille et certaines de ses mèches recouvrent son visage, angélique et serein. À cette image, je sens mon cœur tripler ses battements, comme à chaque fois que je me rappelle que nous formons désormais un couple. Et ce depuis maintenant un mois. Je sens mes joues devenir rouges, mais je ne cherche pas à le cacher. Levant mon index, je viens le poser sur sa joue, n'obtenant qu'un gémissement réprobateur comme réponse. Je souris, avant de la laisser tranquille. M'allongeant plus confortablement à ses côtés, je me serre contre elle, pouvant sentir son cœur battre au rythme du sommeil. Peu à peu, mes yeux se ferment sans que je le veuille et je m'abandonne à la fatigue, blottie dans ses bras.

Quelques jours plus tard, les cours ont repris et le froid hivernal aussi. La neige a rapidement cessé de tomber, pour faire place aux températures négatives. La couche de nuages blancs est si dense qu'elle empêche le soleil de nous réchauffer.

Appuyée contre un mur, mon sac de cours dans le dos, j'essaie désespérément de réchauffer les articulations de mes doigts. Même si l'épaisseur de mes vêtements est assez importante pour qu'une personne lambda puisse survivre dans le Grand Nord, je ne peux m'empêcher de grelotter, bien que je n'ai pas pour habitude d'être frileuse.

Alors que j'abandonne l'idée de réchauffer mes mains glacées, j'aperçois Laure courir à toutes jambes vers moi, comme à son habitude. Arrivée à ma hauteur, elle reprend son souffle et conserve son sourire enchanteur. Remarquant la peau de mes doigts qui tourne peu à peu au violet, elle s'empare de mes mains, essayant à son tour de les réchauffer. Je rougis au contact de sa peau chaude contre la mienne, mais Laure ne s'arrête pas là. Elle décide de plonger mes mains dans ses poches de manteau, dont l'intérieur est isolé du froid. Garder mes mains au chaud m'oblige à me coller à elle, et je sens rapidement mon visage devenir rouge, tandis que la chaleur s'empare du reste de mon corps. De longues minutes s'écoulent sans que l'une d'entre nous n'ose dire un mot. Ma matière grise essaie encore d'assimiler le fait que je sois collée à Laure, les mains dans ses poches de manteau. Cette dernière doit être aussi embarrassée que moi, puisqu'en levant légèrement les yeux vers son visage, je constate que celui-ci est d'un rouge presque inquiétant. Je retire lentement mes mains, la remerciant dans un murmure :

Memento MoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant