Chapitre 17 | Partie 2: Zebra Dun

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ARLETTE

Bientôt, ils sentirent le plateau se transformer en une pente douce et les conifères remplacer les arbres de terres humides. De gros rochers couverts de mousse jonchaient la forêt de plus en plus basse et clairsemée, alors que les lumières du jour déclinant apparaissaient enfin. 

La jument se mit à marcher plus vite, comme si elle avait hâte de voir l'horizon. Ils arrivèrent à un endroit où la pente devenait plus rude et rocailleuse, et où il n'y avait plus que des arbustes et des buissons. La terre y était plus sèche. 

Ils atteignaient le sommet de la colline. Un peu plus haut, d'énormes rochers gris se dressaient, balayés par les vents venus du nord-est. Il y avait peut-être des ours là-haut, pensa Arlette, mais au moins pourraient-ils trouver une zone plus sèche. 

Elle laissa le cheval et le chien à l'orée de la forêt et partit seule avec son fusil pour explorer les rochers tant que la lumière le lui permettait. L'endroit était désert, mais des os d'oiseaux et de chevreuil lui indiquèrent que des prédateurs vivaient ici. 

Elle s'apprêtait à redescendre lorsqu'elle eut le sentiment que quelque chose venait de se déplacer derrière elle. Elle se retourna rapidement, et vit l'ombre du chien noir qui disparaissait derrière un rocher.

—Qu'est-ce que tu fais le chien, je t'ai dit de rester en bas...

Le silence et le vent furent les seules réponses qu'elle obtint. Elle resta figée, fixant la grande pierre grise dont la base était plongée dans l'ombre. Elle entendit alors les aboiements du chien portés par l'écho en contrebas. Ce n'était pas lui qui était passé derrière elle. 

Lentement, elle arma son fusil et tourna la tête vers le sud, son œil attiré par quelque chose qu'elle avait vu bouger. Sur une des pierres ensoleillée se tenait une bête dont la fourrure se fondait parfaitement avec le monde minéral. C'était un loup, un loup gris aux yeux jaunes. Terrifiée, elle tendit l'oreille. Les aboiements du chien en bas étaient des cris d'alerte.

Arlette sentit la peur lui glacer le dos et bloquer sa mâchoire. Des loups. Les collines étaient le territoire des loups. 

Elle revoyait les yeux brillants dans la nuit, les crocs qui se refermaient devant elle, cette nuit où elle avait combattu les chiens de Jim. Elle avait envie de courir. De redescendre jusqu'au cheval, de jeter tous ses sacs et de se hisser sur la selle pour partir au galop. Mais elle ne serait pas protégée parce qu'elle serait sur son cheval, et elle ne pourrait pas galoper dans la forêt trop escarpée. Elle était coincée. Il fallait qu'elle leur fasse peur.

La jeune femme pointa son fusil vers le ciel et tira. Le loup au sud disparut dans la colline, tandis qu'une forme noire se hissait sur le rocher en face d'elle, celle qui était passée dans son dos quelques instants auparavant. 

C'était un énorme loup à la fourrure sombre, dont l'un des deux yeux et une oreille avaient été arrachés. C'était une créature étrange, presque trop terrifiante pour être réelle. Sa fourrure semblait dure comme si elle était faite de fer et non de poils. Son œil jaune brillait d'une lueur sauvage. Les babines retroussées, il passait sa langue entre ses canines. 

Arlette repensa immédiatement au chien-loup qu'elle avait blessé la nuit où elle avait secouru Jim. Était-ce lui ? Son vieil ennemi qui venait chercher vengeance ? 

La bête se mit à gronder. Elle n'avait pas eu peur du coup de feu. Elle ne craignait pas l'homme. Arlette tenta de se rassurer. Quoi que ce loup s'apprête à faire, il lui faudrait d'abord redescende de la pierre, puis remonter sur celle où elle se trouvait s'il voulait s'en prendre à elle. Elle réarma son fusil en sentant ses doigts trembler et se mit à crier :

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