Chapitre 25 | Partie 3: Gallows Pole

85 17 3
                                    

HENRY

Danny était assis dans la cuisine avec son fils sur ses genoux. Il le tenait d'un bras et de l'autre, faisait rouler la molette de la radio pour en changer la fréquence. 

Le speaker annonçait une nouvelle tempête de neige qui allait balayer la région pendant plusieurs jours. Ils ne pourraient pas retourner sur la côte avant une semaine. 

Le petit garçon jouait avec sa nouvelle voiture en acier peint bleue et verte, sur le journal posé sur la table. Il la faisait rouler en imitant le bruit pétaradant du moteur, concentré sur sa trajectoire entre les lignes des articles. 

Il fit une embardée sur le visage du nouveau procureur du comté et descendit jusqu'aux faits-divers où la voiture sembla s'embourber dans les noms des vainqueurs de la dernière course de traîneaux.

—Charles, laisses le journal tranquille, le reprit Martha qui lisait dans un coin du salon, le plus loin possible du sinistre dindon empaillé.

— Laisse-le massacrer ce sale prétentieux de James Breaux, intervint Danny. Je l'aurais battu il y a deux ans, si mes chiens avaient mieux supporté la glace, j'aurai eu le dessus à la dernière étape...

—Tu avais bu toute la nuit, intervint soudainement Devin qui sortait de la cuisine pour monter à l'étage. Vous n'auriez pas vu ma pince à tenaille ?

—Ne parles pas d'A.L.C.O.O.L devant le petit, s'il te plaît, épela Martha en se levant pour aller prendre Charles dans ses bras.

Le garçon se débattit et tenta de s'accrocher à la table mais elle l'attrapa par les aisselles et le fit descendre. Il la regarda avec un air méchant puis s'enfuit à l'étage avec son oncle. 

Henry entra à cet instant dans le salon, son manteau et son chapeau couverts de neige. Il tapa ses bottes contre un seau et se dirigea directement vers la cuisine.

—Déjà de retour ? Tu as passé la nuit à Pinewood et on ne t'a pas laissé rester pour le petit déjeuner ? demanda Danny en faisant mine de se concentrer sur la radio qui grésillait.

Son épouse lui lança un regard méprisant et lui fit signe de se taire. Il en sourit de plus belle et se redressa pour regarder son frère qui se servait une tasse de thé.

—Non, j'ai dû retourner à la frontière hier soir, comme avant Noël. Il se passe des choses étranges là-bas...

—Alors c'est là-haut que tu étais parti pendant deux jours ? intervint soudainement Betty qui descendait.

Elle portait Charles dans ses bras. Il se tordait dans tous les sens, mais lorsqu'il vit son oncle taciturne qui se tenait debout dans le salon, il s'agrippa au cou de sa tante pour ne plus qu'elle le lâche. 

Henry tendit le menton pour faire signe à Betty d'éloigner le petit et se tourna vers Danny. Il attendit de ne plus entendre de pas à l'étage pour reprendre.

—Il y a eu des attaques le long de la frontière. Rien d'important, des échanges de tir dans les bois, mais les gars disent avoir vu des fantômes, des cavaliers qui galopaient vers le sud. Je n'y ai pas cru avant Noël, je pensais que c'était des histoires pour bloquer le trafic... Et puis Arlette en a parlé. Elle aussi les a vus sur le lac, avant Noël...

Danny sembla se figer, il blêmit.

—J'ai vu des traces de chevaux il y a deux jours, quand je suis sorti couper un sapin là-bas.

—Là-bas ? A Pinewood ? demanda soudainement Martha. Pourquoi est-ce que tu ne l'as pas dit ?

—Je ne savais pas ce que c'était... Mais ça veut dire qu'ils sont dans le coin depuis un bout de temps...

PINEWOODOù les histoires vivent. Découvrez maintenant