4-Fuir

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-15 Mars 2059-

Malgré, la furieuse envie qui me consume, je préfère attendre pour m'assurer que je ne serai pas surprise en pleine action. 

Dans mon lit, je tourne et je vire. Une fois d'un coté, une fois de l'autre. Je n'arrive plus à retenir mes jambes qui trépignent de pouvoir fouler ce sol et découvrir l'inconnu. Mon regard se perd dans le détail méticuleux de chaque objets et meubles de la chambre, mais surtout, le plafond qui me laisse sans voix. Toutes ces petites étoiles étincellent juste assez pour se détacher de la pénombre. Une magnifique représentation, je dois l'accorder, du ciel. On a l'impression de pouvoir les toucher rien qu'en tendant son bras. Or, ce n'est qu'une illusion. 

Les gens qui nous on enfermés, ici, sont pleinement conscients de ce qu'ils nous font. On a soif de revoir le ciel, alors, ils nous le créent. Mais comment peut-on s'y habituer ? Rien ne ressemble à ma chambre, à ma maison et à mon environnement. 

Comment arrivent-ils à accepter là fatalité de la situation ? Pourtant, ils doivent bien avoir de la famille dehors ou un but à suivre. 

Oui, je sais et j'ai entendu les paroles de Thomas : il n'y a pas d'issue. Finalement, je suis la seule refuser de me retrouver loin de ceux que j'aime. A quelques kilomètres se trouve ma mère et Kevin ou, plus simplement, ma vie. Je ne peux pas les laisser seuls, surtout ma mère, veuve, depuis mes douze ans.

Encore, une minute et je me jette dans le vide. Je me lève et me munie de la seule, potentielle, arme : un ciseau. Pour éviter de faire le plus de bruit possible, je laisse mes chaussures au pied de mon lit et ouvre la porte le cœur battant. 

Le couloir circulaire est toujours plongé dans cette lumière noir, ce qui m'arrange. Je décide de prendre le chemin parallèle à la grande salle. Sa longueur n'excelle pas sa sœur mais cette porte surmonté d'un écriteau métallique m'intrigue. 

Je ne suis pas à l'aise. Disons, que ce n'est pas dans mes habitudes de me balader clandestinement dans ces couloirs sinueux. Certes, avant, je sortais en douce, par ma fenêtre,  prendre l'air pour retrouver Kevin. Mais là, ce n'est pas pareil. Je me souviens encore de la douce fraîcheur qui enveloppait, du scintillement presque parfait des étoiles et de l'humidité de l'herbe qui humidifiait nos habits en mauvais états. Dans cette prison, je me sens comme claustrophobe.

Depuis mon arrivée, cette sensation était restée endormie mais depuis cette plongé soudaine dans le noir, je menace de vomir le contenu de mon estomac. Je n'avais jamais ressentie ça auparavant. Même en temps de gastros. 

Il doit bien avoir une issue à cette forteresse. Or, toutes les sortie qui s'ouvrent à moi sont bloquées. Elles n'ont ni poignée, ni l'étrange boitier qui permet d'y déposer sa main. Le plus efficace serait de m'attaquer à leur embrasures.

Je ne sais plus d'où donner de la tête. Où dois-je commencer ? Il y a tellement de possibilité, je ne peux me permettre de perdre une seconde de plus. Un bâillement déchire ma bouche et je m'appuie contre un mur. Soudain, je suis littéralement vidée de toute énergie.  

Il doit bien avoir plus facile ? Sans doute y a-t-il une trappe dans le mur ? Je n'aurai qu'à la pousser pour retrouver mon monde perdu. Je rassemble mes forces et laisse champs libre à ma main. Elle parcours tout le pan de mur et s'arrête aux moindres défauts, le cœur battant. Le mur, lisse, me paraît aussi fin qu'une cloison. Ils entendent peut-être le glissement de mes doigts sur la surface.  

A la moitié du parcours, je me stoppe. Le trou est plus profond, j'appuie dessus et attends une réponse qui se fait attendre. Je frotte, caresse pour créer dans mon esprit l'image la plus précise possible. C'est une inscription au couteau, le trait, fin, est net. 

Expansion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant