7-Nuit Noire

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-22 Mars 2059-

Cette journée devient l'une des plus sombre. Faute de ne pas pouvoir éteindre la télévision, nous avons eu droit à l'énonciation de toute les personnes mortes, sous les débris, ou celle qui sont disparue. L'animatrice parle très rarement du 5 -pourtant, le plus touché-, elle préfère se concentrer sur le 4. 

Après le petit déjeuné, tout le monde à disparue prétextant qu'ils en avaient marre d'entendre parler des mêmes choses en boucle. A vrai dire, je suis un peu de leur avis mais ma poitrine se serre en voyant Aela. Elle n'a pas bougé d'un poil et refuse toute nourriture. 

Tasse de café à la main, je m'approche d'elle et m'assois au fond du canapé. Ma boisson passe rapidement de mes lèvres au va et viens de mes mains. La chaleur les rend moite. 

- Tout va bien ?, lui répété-je pour la deuxième fois de la journée

Ses pupilles restent absorbés par l'écran qui recommence l'énonciation des victimes. Pour chaque visage, la chair de poule m'envahit, je me sens profondément touchée. La situation est plus que critique. 

Avant, nous pensions mourir à cause du réchauffement climatique. Dans tous les coins de rues, des tractes et affiches étaient exposés pour nous sensibiliser mais deux passages plus tard, plus personne n'y faisait attention.

- Oui ... 

Sa réponse est faible, presque inaudible. 

- Tu ne veux pas faire autre chose ? 

- Non ... Ma famille ... Elle ... Elle habite à la périphérie. 

Ma poitrine se tord un peu plus. Je pose ma main sur la sienne en signe de soutien. 

Brusquement, elle se détache de mon emprise. Son corps s'avance vers le bord de la banquette. Deux visages apparaissent. Un homme et une femme. Ses épaules sont basse, sa poitrine est secouée de spasme, cela ne peut signifier qu'une chose. 

Je ne réfléchis pas plus longtemps et la prend dans mes bras. Mon tee-shirt se mouille sous ses larmes. Je déteste me sentir impuissante. Je n'ai qu'une peur : dire quelque chose qu'il ne faudrait pas. 

Ce sentiment de détresse, je le connais. Il a tout de suite était suivi par le désir de vengeance. 

Aela n'a rien fait pour mériter un tel sort. Sa famille n'avait pas à mourir. 

- Il ne me restait qu'eux ... Ma sœur est morte deux ans plus tôt.

Ses larmes redoublent. 

- Chut ... Tu nous as nous maintenant, la rassuré-je en me détachant d'elle pour pouvoir plonger mes yeux dans les siens. Orion aussi avait de la famille ... 

- Non, elle n'a pas survécu à l'épidémie, me coupe-t-elle

Je frissonne à l'évocation de ce mot. Une image se dessine sous mes yeux mais je la chasse avant qu'elle ne soit trop étoffée. 

- Je vais dans ma chambre. 

Elle sèche l'eau d'un revers de main et part vers le couloir. Il ne reste plus que moi dans la grande salle et à vrai dire, je n'ai pas très envie d'aller rejoindre ma  chambre. 

 

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