51-Une page qui se tourne

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-9 Novembre 2060-

Mon réveil est douloureux. J'ai la dérangeante impression qu'on vient d'extirper mon âme de mon corps. Je me sens engourdie, désorientée, mais, enfin, moi-même. 

A la volée, je me lève et me retourne. Cet à ce moment que je sens le froid s'abattre sur moi, sa main, sa présence me réchauffait tant. Que s'est-il passé ? La dernière chose qui reste gravée est ... Je baisse mes yeux et relève le bas de mon haut en me tordant. Difficilement, j'arrive à distinguer un pansement. Je ne sens plus rien. 

- Tu vas bien ?, demande avec appréhension Simon en s'approchant de moi.

Il tend un geste vers moi mais je le repousse en reculant. Je me sens sale et le touché d'une quelconque personne me donne la nausée. 

- Y aurait une salle de bain ? 

Les mots sont rêches dans ma gorge et sonnent extrêmement faux. 

- Au bout du couloir. 

Lindsey et les autres sont déconcertée. Je ne trouve rien de mieux à dire, ce besoin est vital. Je débouche dans le couloir et me rue dans la salle de bain en fermant la porte à clé. Je m'extirpe dans mes vêtements et me glisse sous l'eau brûlante. Jamais, je ne l'avais prise à un tel degré mais ça me fait du bien. Cette fois-ci, je ne brûle pas que de l'intérieur.  

Je frotte vigoureusement ma peau comme pour enlever une crase récalcitrante qui n'existe pas. Si je me laissai allez, je pense bien finir pliée en deux sur la cuvette des toilettes. L'envie passe et me reprend. En réalité, j'ai peur mais ce n'est pas la peur de ce sentir mal; non, c'est celle qu'on a à l'arrivée d'une crise de panique. Moi qui pensait en être loin ... 

- Alix. 

On toque à la porte mais je ne réagis pas. J'en suis incapable. Combien de temps c'est écoulé depuis que je suis sous ce jet d'eau ?

- Alix ?

Thomas recommence et n'a que le silence pour réponse. Je l'entends de loin, de très loin tout comme l'action qui se déroule sous mes yeux. Je ne contrôle plus rien.

Nouveau flash, une serviette atterrie sur mon corps et je suis soulevée pour être assise sur un sol glacé. 

- Regarde moi ! Alix, regarde-moi !, m'appelle Thomas en passant sa main de droite à gauche devant mes yeux. 

Ses mains se faufilent à travers de mes cheveux mouillé et saisissent mes joue. Mon regard est dans le siens tandis que je tiens avec force la serviette mise à la hâte.  

- Alix, répète-t-il

Je perçois de mieux en mieux sa voix, il faut que je me concentre sur elle. 

- Inspire. 

Aveuglément, je lui obéis, néanmoins, je sens une gène au niveau de ma poitrine. A l'aide de ma main droite, je presse l'endroit touché. 

- Ce n'est rien concentre toi sur ce que je dis. 

Lui, aussi panique et il le cache très mal. Or, je dois en faire abstraction. 

- Expire. 

J'expire l'air de mes poumons rejetant la douleur qui se ravive à chaque mouvement.

- Inspire. 

J'inspire, grimaçant. 

Je répète ces mouvements pendant de longues minutes. Deux ? Presque trois ? La douleur s'atténue à force mais reste présente, telle une gène. 

Expansion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant