15-Echec et ... Peur

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-25 Mars 2059-

- Bonjour. 

Un homme à la carrure imposante apparaît à l'écran. Je reconnais aussitôt son visage, tout le monde le connais, indirectement. Frère du président, élu légitimement, patron de la plus grande entreprise aéronautique et scientifique du pays et aussi plus grosse fortune de France. Personne ne peut le rater. Septique, je ne réponds rien, l'incitant à continuer. 

- J'espère que ton installation n'a pas été trop difficile ? 

- Ne jouait pas à ce jeu avec moi. A présent, je peux enfin mettre un visage sur ceux que nous nommons Etrangers. 

J'encre avec fermeté mes pieds au sol en croisant les bras. Pourquoi ne l'avais-je pas deviner plus tôt, c'est pourtant évident !

- Nous ne vous voulons aucun de mal. Vous n'êtes pas ce que vous prétendez. A la place de victime je mettrai élu. 

Cet homme se fiche de moi, de nous. Il fait l'innocent derrière sa caméra et son fauteuil en cuir. 

- Arrêtez moi si je me trompe mais les caméras et les micros positionnés un peu partout dans ce bunker prouve le contraire. Donc ne venait pas nous dire que nous sommes en sécurité, au contraire, nous sommes des agneaux gardés par des loups. Un pas en dehors de l'enclos et vous nous croquer. 

- Tu es plus intelligente que je ne le pensai. Je conçois mon erreur. J'ai sans aucun doute été trop laxiste avec toi.  

- Vous n'êtes pas mon père. 

Une longue pose s'en suivit. Le son de sa voix et de celles alentours sont coupées. Ses yeux fixent plusieurs personnes, il les écoute pour choisir au mieux ses mots. Il dresse l'une de ses mains pour réclamer le silence et appuie sur un bouton. 

- Effectivement. Mais revenons en au sujet, tu es sans savoir que nous sommes en connaissance de tes ... Excursions nocturnes. 

Un fin sourire se dessine dans le coin droit de sa bouche. Ça me met hors de moi, si je me laissai aller, il n'existerait de lui que de jolies noms d'oiseaux. 

Ils vont donc sévir. Au fond, je m'y attendais un peu à force de jouer avec le feu on finis par se brûler. La pression dans ma paume se resserre. S'il ose toucher aux personnes qui me sont chères, je ... 

- Je suis l'unique responsable. Au yeux de l'Etat, au bout de seize ans, nous sommes garant de nos actes. A ce jour, je le suis. 

Inspire. Expire. Je dois à tout prix éviter une autre crise de panique qui ne ferait qu'avertir Thomas de ma position. A présent, c'est au tour de sa voix de m'appeler. 

Je ne me décontenance pas pour autant. 

- Il faut que tu comprennes Alix, dit-il d'un ton posé. Chacun de nos actes ont des conséquences. Quand nous jetons un emballage en dehors d'une poubelle, nous contribuons au réchauffement climatique et je te laisse imaginer la suite. Nous allons donc faire le nécessaire pour que tu puisses suivre la marche. L'ascension est pour bientôt mais il nous reste encore un petit bout de chemin à parcourir. Ensemble. 

Ce mot appuyé par sa voix grave se répète en écho. "Ensemble" n'est plus qu'un disque rayé. Ce n'est pas une affirmation mais un ordre dont je ne peux pas assouplir les règles. Elles sont fixées par plus fort que moi, par des personnes aux moyens démesurés n'hésitant pas à tuer au nécessaire. 

Suite à cette réflexion, mes neurones s'assemblent ne formant plus qu'un ligne droite. Tout est à présent plus clair encore plus que de l'eau de roche. Cette guerre, notre destruction, ils en sont les uniques et seuls responsables. Je suis dans le ventre de la bête, celle qui va tous nous dévorer ne recrachant que les débris. 

Expansion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant