Chapitre 12 : On ne s'en prend pas à la famille

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C'est la mère de Scott qui me réveille en me secouant doucement par l'épaule. Le rez-de-chaussée de l'hôpital est désert et les lumières principales se sont éteintes, remplacées par les veilleuses bleues que l'on allume lorsqu'il fait nuit.

Mélissa McCall: Mel? Ta maman est sortie de la salle d'opération, elle va s'en sortir. Tu peux aller la voir si tu veux.

J'ouvre un peu les yeux, encore groggy de sommeil. Même si cela n'a pas duré longtemps, je n'avais jamais dormi aussi profondément depuis mon déménagement à Beacon Hills.

Je remercie d'un petit sourire Mélissa et esquisse un mouvement pour me redresser mais je me rend compte que Scott dort la tête posée sur la mienne. Je suis un peu surprise, je ne me rappelle pas très bien comment j'en suis arrivée là. Mélissa sourit tendrement en regardant son fils et attend que je me dégage sans le réveiller avant de me conduire vers la chambre de ma mère.

En ouvrant la porte j'ai peur de ce que je vais trouver derrière. Ma mère aura t-elle changé? Gardera t-elle des séquelles de sa terrible agression? Je dois me montrer forte car elle n'a que moi pour l'épauler.

Ma mère est réveillée lorsque j'entre dans sa chambre. Elle a une longue ligne de points de suture sur le front et tout le côté gauche de son visage est bleu-violacé. Sur cette face, sa peau est parcourue de petites veinules rouges et sa paupière n'arrive pas à s'ouvrir complètement.

Je sers les points si fort que je me fait mal. La tristesse que je ressentais en venant ici se meut en révolte. Tout à coup, trouver qui a agressé ma mère devient mon unique priorité. Je veux lui faire payer ce qu'il a fait. Lui montrer ce qu'il en coûte de toucher à ma famille. Lui faire regretter jusqu'à ce qu'il m'implore à genoux et même alors, je continuerai à lui faire mal.

Très mal.

Mélissa McCall: Mel...

Dans la pièce, les instruments, les moniteurs, les chaises et les couvertures se mettent à léviter.

J'ai la haine.
Une haine immense.

Mélissa McCall: Mel reprend toi, pense à quelque chose de positif!

Tout à coup, un vase décoratif traverse la pièce et passe au travers de la fenêtre en produisant une explosion de verre brisé. La mère de Scott laisse échapper un hoquet de surprise et bat en retraite vers la porte. Déjà, des ciseaux et un stylo bille se dressent dans les airs, prêts à être projetés eux aussi.

Mélissa McCall (criant dans le couloir) Scott!

Mais c'est ma mère qui met fin à tout ça. Sa voix me fait revenir à la réalité. Comme par enchantement, tous les objets qui gravitaient dans les airs retombent avec grand fracas là où ils étaient.

Maman: Mélissandre c'est toi?

Une larme coule sur ma joue tandis que je me précipite à son chevet. Derrière nous, Scott vient de débouler dans la chambre mais il est arrêté par sa mère qui lui fait comprendre d'un regard que tout va bien.

Moi: Maman! Tu vas bien? Qui t'as fait ça?

Maman: Je...je ne me souviens plus. J'étais sur le parking du lycée et...

Le regard de ma mère se perd un instant dans le vide. J'ai l'impression qu'elle revit un souvenir terrible car ses yeux s'agrandissent et sa bouche s'entre-ouvre dans un cri muet.

Maman: Ces...choses avaient des couteaux au bout des doigts et on aurait dit...on aurait dit qu'ils avaient des ailes!

Sur le moniteur, le pouls de ma mère s'accélère. Je m'empresse de lui prendre la main et lorsqu'elle tourne de nouveau son visage tuméfié vers moi, elle a oublié ce qu'elle disait.

Maman: Tu devrais être autre lit à cette heure-ci Mélissandre, demain tu as école!

Moi (un demi sourire aux lèvres): On est vendredi maman...

Maman: Ah...oh non j'avais complètement oublié! On doit recevoir les derniers cartons de déménagement demain matin et je ne serai sûrement pas rentrée à temps!

Moi: Ne t'inquiète pas maman je m'en occupe. Toi guérit!

Maman: Bon allez laisse moi je vais me remettre. Je ne veux pas que tu rentre tard toute seule! Tiens, demande donc à ce beau jeune homme de te racompagner...oh mais c'est Scott McCall! Bonsoir Scott!

Scott: Bonsoir madame Heartwood!

Maman: Scott s'il te plaît, tu voudras bien raccompagner Mélissandre? Je serais plus rassurée si elle rentrait avec quelqu'un!

Scott: Bien sûr madame.

La situation devient extrêmement gênante. Je devrais avoir l'habitude avec une mère pareille! Je m'empresse de l'embrasser sur la joue avant de lui dire au revoir et nous la laissons tous se reposer.

Après avoir souhaité la bonne nuit à madame McCall et l'avoir remerciée pour son aide, je sors de l'hôpital pour retrouver l'air froid de la nuit. Scott n'est pas loin derrière, son souffle provoquant comme le mien de la vapeur dans l'atmosphère.

Moi: C'est sympa d'avoir rassuré ma mère mais je peux rentrer toute seule.

Scott: Une promesse est une promesse.

Moi: Au fait, je ne t'ai pas remercié pour avoir apporté de quoi manger dans la salle d'attente. J'avais pas très faim mais ça m'a remonté un peu le moral.

Scott: Pas de quoi!

Moi: Bon et bien...C'est par là.

Scott (sa voix s'éloigne au fur et à mesure que je marche, signe qu'il ne me suit pas): ça ira plus vite avec ça!

Je me retourne, intriguée. Scott se tient à côté d'une moto cross vert pomme et me tend son propre casque avec un sourire désarmant.

Moi: Quoi? Tu veux que je monte la dessus?

Scott: Derrière de préférence. J'ai du mal à anticiper les virages quand il y a quelqu'un assis devant!

Moi: Mais le siège passager est si étroit qu'il est presque inexistant !

Scott (en riant): Faudra qu'on se serre alors!

Je rougis malgré moi. Quelle idiote je fais! Qu'est-ce que j'attend? N'importe qu'elle fille à ma place sauterait sur l'occasion!

Oui mais justement je ne suis pas n'importe qu'elle fille et les gars comme Scott, je les connais. C'est le genre qui pensent être irrésistibles. Ceux qui considèrent le sexe opposé comme des amuse-gueule.

Néanmoins, je dois avouer que ma maison est à environ une demi-heure à pied et que je suis exténuée. Quelques gouttes de pluies achèvent de précipiter ma décision.

Moi: Bon, juste pour cette fois alors...

Scott: Tu as dis quelque chose?

Il est déjà monté sur la moto et vient d'enlever la cale d'un coup de talon associé à un mouvement de bassin. Prenant appui sur son épaule, je me hisse à l'arrière et referme mes bras autour de sa taille pour garder mon équilibre.

Moi: Non rien. Roule, il pleut !

Mélissandre Heartwood T1 : L'apprentie de Deaton Où les histoires vivent. Découvrez maintenant