Chapitre 13 : Menaces

765 33 6
                                    

Une autre surprise m'attend sur le palier de la maison lorsque Scott arrête la moto.

Moi: Pierre?

Il semble m'attendre depuis un moment car il est assis sur la rembarde du perron devant la porte, les mains nonchalamment glissées dans les poches de son jean. Je me demande comment il a fait pour savoir où j'habite et ce qu'il veut à une heure aussi tardive. Je ne lui ai parlé qu'une fois après tout. Même si je l'ai trouvé gentil, je ne le connais pas assez bien pour l'inviter chez moi.

J'enlève mon casque - ce qui libère mes boucles blondes en cascade sur mes épaules -  et je descend de la moto. Scott McCall m'interroge du regard mais je ne sais pas plus que lui ce qui amène Pierre ici.

Pierre descend de son perchoir et regarde McCall qui attend toujours sur sa moto. Il semble surpris de me voir avec Scott mais je trouve cette surprise déplacée. Pensait-il vraiment connaître tout de moi ou de mes relations seulement après un déjeuner à la bibliothèque ?

Pierre: Salut Mel. Je venais voir comment tu allais.

Scott (un peu sèchement): C'est bon Mel ça ira?

Je suis un peu perdue. Je ne sais pas ce que j'espérais après cette folle journée mais certainement pas ça. Je déteste les quiproquos.

Moi: Oui merci beaucoup de m'avoir raccompagnée...on se voit lundi?

Scott me regarde avec intensité, remet son casque et démarre de nouveau la moto.

Scott: Oui à lundi. Bonsoir Pierre.

Pierre (neutre): Bonsoir.

La moto s'éloigne et mon cœur se serre. Je suis déçue de la tournure que ça a pris mais aussi frustrée par l'attitude désinvolte de Scott. En même temps je me demande ce que je croyais? Qu'on allait s'embrasser à la belle étoile avant de se souhaiter bonne nuit? Moi qui mettais un point d'honneur à démontrer que je n'étais pas une fille facile, voilà que je me contredis d'un seul coup.

Pierre: ça va?

La présence tout comme l'attitude de Pierre m'agace. Je monte le perron et cherche mes clefs pour abréger le dialogue.

Moi: Oui merci mais ce n'était pas la peine de te déplacer.

Pierre: Tu as trouvé les informations que tu cherchais dans les livres au fait?

Je suis surprise par la question.

Moi: Je n'ai pas eu le temps de chercher après les évènements de ce soir c'est pour ça que je les ai emprunté.

La porte s'ouvre, je jette négligemment mon sac dans le couloir obscur et reste sur le pas de la porte, la main sur la poignée. Je ne compte pas l'inviter à entrer, il est tard et je suis trop fatiguée pour faire la conversation.

Pierre: Je comprend. Si tu veux de l'aide, je suis là. Tu cherches quoi au fait exactement, ce n'était pas très clair toute à l'heure...

Moi: Écoute Pierre c'est gentil mais je suis fatiguée là, on en reparlera lundi. Je te répète que ce n'était pas la peine de venir.

Pierre se rapproche, je connais cette technique. Je redoute le vent que je vais devoir lui mettre dans quelques instants. C'est alors qu'un détail me dérange dans ce qu'il dit.

Pierre: Je voulais voir comment tu te remettais de ta blessure au ventre.

Moi: Comment tu sais pour la flèche?

Après une seconde d'hésitation qui suffit à faire dégouliner une goutte froide dans mon dos, Pierre répond.

Pierre (levant les épaules): Tu as dû m'en parler cet après-midi.

Moi: Je crois pas non.

Pierre soupire. Il se rapproche jusqu'à prendre appui sur l'encadrement de la porte le bras au dessus de ma tête. Nous sommes si proches désormais que je peux voir le petit tatouage en forme de crucifix sous le lobe de son oreille. Ma main se serre sur la poignée de la porte. Depuis que je l'ai vu devant chez moi, la sensation dans ma nuque est revenue, le signal d'alarme.

Pierre: Écoute...c'est malheureux d'en arriver là mais comme tu es plus coriace que prévu, on va être obligés de changer de méthode.

Moi: De quoi tu parles? C'est qui on?

J'ai une voix blanche. Je ne sais pas ce que je ferai si il force pour rentrer dans la maison. Qui m'entendra si je cri? La rue est déserte et il y a longtemps maintenant que les lumières des maisons ce sont éteintes. Pierre me fixe avec une lueur gourmande dans les yeux puis son regard descend sur mes lèvres avant de se planter une nouvelle fois dans mes iris verts. Je soutiens son regard, incapable de tenter quoi que ce soit.

Pierre: Tout ce que tu auras à faire pour que ça s'arrête, c'est de te rendre pour qu'on te règle ton compte comme il se doit.

Pierre sourit et se redresse d'un coup, me faisant sursauter. Ma réaction le fait rire. Il s'éloigne à reculons sans cesser de me détailler bizarrement avant de tourner les talons pour descendre les marches du perron.

Pierre (par dessus son épaule): En attendant, fait gaffe à tes amis...sorcière!

Puis il disparaît dans la nuit me laissant tremblante comme une feuille devant ma nouvelle maison.

Mélissandre Heartwood T1 : L'apprentie de Deaton Où les histoires vivent. Découvrez maintenant