Chapitre 14 : Un début d'enquête difficile

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Après avoir fermé la porte à double tours ainsi que tous les volets de la maison, je me cloître dans ma chambre. J'ai besoin de réfléchir pour me rassurer. Ça a toujours été comme ça chez moi. C'est la seule manière pour que ne cède pas à la panique.

La matière à réflexion n'est pas ce qui manque en ce moment. J'ai de toute évidence plusieurs problèmes à gérer et je crois que cette fois, il va bien falloir que j'accepte de l'aide.

Si je récapitule, mes ennuis ont commencé lors de mon premier jour à Beacon Hills avec ce Ben Willer qui me dit que ceux qui l'ont agressé en ont après moi. Sur le moment je ne l'ai pas cru mais à présent qu'ils s'en sont pris à ma mère, je suis bien obligée d'envisager que ce soit le cas.

Ensuite il y a ces autres personnes qui me veulent du mal et dont Pierre semble faire partie. Ceux là veulent que je quitte la ville et sont prêts à me tirer dessus pour arriver à leurs fins.

Et enfin, comme si cela ne suffisait pas, je découvre que je peux créer des mini catastrophes autour de moi si je m'emporte. Comparée aux autres problèmes "mortels", cette information ne me paraît pas si énorme que ça.

Ok, je vis un cauchemar éveillé.
Si quelqu'un m'entend, pincez-moi s'il vous plaît.

Bon, ne pas céder à la panique. Il ne manquerait plus que je provoque une nouvelle catastrophe! Il faut que je traite les problèmes les uns après les autres. Scott et ses amis étaient là le soir où je me suis faite tirer dessus par la bande à Pierre alors je pense que je devrais leur demander de l'aide dès demain. Peut être qu'ils en savent plus que moi sur ces tarés.

Concernant les attaques dont ma mère est l'une des victimes, j'ai bien peur de ne rien pouvoir faire tant que je n'en connaîtrais pas plus. Pour cela il me faudra savoir ce que la police qui a enquêté sur ces attaques sait déjà. J'ai ma petite idée sur la personne à qui demander ce genre de chose.

Reste le problème "sorcière". Comme je suis trop nerveuse pour dormir, je décide de commencer à éplucher les bouquins que j'ai emprunté à la bibliothèque. Un autre semble s'y connaître sur le sujet même si je répugne à aller lui parler: le père de Malia. Il faudra que j'aille lui poser des questions à lui aussi!

J'entame donc une longue nuit blanche à feuilleter des livres sur les sorcières qui ont marqué l'histoire. J'apprends beaucoup de choses passionnantes même si je ne vois pas trop comment ces informations peuvent être utiles dans mon cas. Par exemple, je ne savais pas qu'une des premières choses que l'on faisait au moyenne âge pour savoir si une femme avait des pouvoirs magiques étaient de la jeter dans l'eau enfermée dans un sac. Si elle flottait, alors c'était une sorcière. Je n'ose pas imaginer ce qui arrivait à celles qui ne flottaient pas sachant que peu de monde savait nager à cette époque pour la récupérer...

Dans quelques rares cas recensés, les sorcières étaient connues pour manipuler les éléments élémentaires seulement par la pensée, savoir ensorceler des objets et manipuler tout un tas de protections magiques censées repousser les démons. Dans la majorité des cas, les sorcières dont l'existence a été clairement avérée se contentaient d'avoir une connaissance élevée des plantes et de leurs propriétés médicinales, un savoir qu'elles utilisaient pour aider les gens. Mais à chaque fois leurs dons les menaient tout droit au bûcher qui est, d'après tous les livres que je lis, la seule véritable manière de tuer une sorcière.

Je repense non sans effroi aux paroles de Pierre : "te régler ton compte". Est ce qu'il parlait vraiment de me brûler vive? Ça paraît dingue mais je crois que c'était l'idée.

Je finis par m'endormir à mon bureau la tête posée sur un bouquin. C'est la sonnette de la porte d'entrée qui me réveille au levé du jour. Les derniers cartons de déménagement sont là.

Après avoir signé le reçu et remercié le chauffeur, je considère tous les nouveaux cartons qui s'entassent dans le salon encore emballé. Je me demande si ça vaut le coup de déployer autant d'efforts pour s'installer dans un endroit qui n'a pas l'air de vouloir de nous. Puis je pense à Scott McCall qui est finalement le premier à vraiment faire des efforts pour me connaître et je me dis que j'aimerais bien que ça marche. Beacon Hills je veux dire. J'aimerais bien me sentir chez moi quelque part et j'aimerais autant que possible que ce soit ici, dans la même ville que lui.

Je vais me chercher un café noir, il va me falloir tous mes esprits pour affronter la longue journée qui m'attend. Car j'ai bien l'intention de profiter de la convalescence de ma mère à l'hôpital pour continuer mes recherches!

Après m'être habillée en tenue décontractée (legging gris souris, pull rose pâle à capuche, gros bonnet gris et basket stan smith) et avoir changé le pansement énorme sur mon ventre, je sors mon vélo du garage. C'est un vélo de ville tout rose fraîchement débarqué de New-York avec la statue de la liberté dessinée sur le cadrant. Je sais, c'est un gros cliché mais j'ai toujours assumé mon style girly décalé.

Première étape, allez rendre visite à ma mère. Je remarque en entrant dans l'hôpital que Madame McCall ne travaille pas aujourd'hui donc impossible de lui demander où je peux trouver son fils un samedi. Tant pis, j'ai un autre plan.

Ma mère est contente de me voir mais elle est encore très fatiguée par l'intervention qu'elle a subi dans la nuit. Je m'assure qu'elle va bien et lui promet de faire mes devoirs consciencieusement avant de prendre congé.

Prochaine étape? Chercher la voiture de Stiles! Beacon Hills est un quartier résidentiel assez grand mais j'ai pris soin de chercher l'adresse du Shérif Stilinski dans l'annuaire. L'inconvénient quand on est shérif, c'est qu'on ne peut pas se permettre d'être sur liste rouge! Vingt minutes plus tard j'arrive devant une maison de plein pied avec une devanture très simple. On voit que l'herbe devant n'a pas été tondue depuis un moment et le perron aurait bien besoin d'être balayé mais c'est bien le nom de famille de Stiles sur la boîte aux lettres. En revanche, aucune trace de sa voiture...

J'hésite.

Je n'ai pas envie de risquer de réveiller le shérif un samedi matin en sonnant à la porte. Je m'exposerais à des questions sur l'attaque dont ma mère a été victime ou pire, à un discours de soutien. J'avoue que je ne suis pas d'humeur à supporter la pitié des gens. J'ai juste envie d'agir.

Dépitée par l'absence de résultats je suis obligée de capituler et de prendre le chemin du retour. Il est bientôt midi et même si il fait froid, un soleil radieux illumine les rues de Beacon Hills. Comme j'ai du temps et que personne ne m'attend chez moi, je décide de couper par la forêt.

Grand mal me prends.

Mélissandre Heartwood T1 : L'apprentie de Deaton Où les histoires vivent. Découvrez maintenant