Chapitre 21 : L'apprentie de Deaton

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Quand je me réveille aux alentours de midi, Malia ronfle encore, roulée en boule sous la bâche de protection du canapé.

Vous avez bien compris, dessous.

Lydia est partie mais elle nous a laissé un mot à côté d'un sac rempli de croissants:

Super cette soirée filles, on devrait faire ça plus souvent!
Dois aider ma mère à changer de dressing, à lundi au lycée!

Comme Malia dort encore profondément, j'enfourne un croissant dans ma bouche avant de monter en silence dans la salle de bain. Une fois douchée je m'habille à la hâte, met mes baskets, repasse devant les croissants et laisse un mot à mon tour.

Malia, si un jour tu as besoin que je t'accompagne avec ton père, je me sacrifierai pour toi.
En attendant, mange le reste des croissants et n'oublie pas de laisser les clefs sous le paillasson !

Puis je prends un deuxième croissant pour la route et je file dehors enfourcher mon vélo à défaut de savoir voler sur un balais.

Pendant la nuit j'ai eu une idée. Je crois avoir trouvé le moyen d'apporter ma contribution à la résolution d'un de nos problèmes. Je ne sais pas si c'est possible et je suis encore moins sûre que ça marche mais je n'en saurais rien si je n'essaye pas.

Il y a beaucoup de voitures devant le cabinet vétérinaire ce matin. Cette affluence un dimanche doit sans doute s'expliquer par le fait que, d'après la plaque sur le mur, le docteur Deaton est le seul vétérinaire de garde à des kilomètres alentours une semaine sur deux.

Il y a beaucoup de clients dans la salle d'attente et tout le monde me salut lorsque je rentre. Mais un fait inhabituel se produit chez leurs animaux. Alors qu'il régnait dans la salle une cacophonie étourdissante, tout s'arrête d'un seul coup à mon entrée. Chiens, chats et même rongeurs tournent la tête d'un seul mouvement dans ma direction et attendent.

Quoi? Je n'en sais rien.

Certains maîtres froncent les sourcils devant ce phénomène bizarre et un garçon dans le fond laisse échapper un rire mal à l'aise en secouant la laisse de son chien comme pour le sortir de sa torpeur.

Une vieille femme: Eh bien mademoiselle, vous nous les avez ensorcelés ou quoi?

D'autres rigolent comme si la vieille venait de sortir la blague la plus drôle de l'année mais moi je reste figée, incapable de déterminer quoi faire.

Deaton: Mélissandre!

Le docteur Deaton m'arrache à mes tourments intérieurs. Passant la tête par la porte mitoyenne, il me fait signe de le rejoindre.

Deaton: Je me doutais que tu finirais par revenir! Viens, entre et rejoins moi. Je suis en pleine opération et comme Scott n'est pas là aujourd'hui, je ne dirais pas non pour un coup de main!

Je passe derrière le comptoir en prenant bien soin de ne pas toucher le bois de sorbier et je vais dans l'autre pièce. Derrière moi, les animaux se remettent à faire du bruit comme si rien ne s'était passé.

Dans la petite salle d'opération que je connais déjà, Deaton essaye de retirer des bouts de verre de la patte d'un chien blanc mais ce dernier refuse de se laisser faire. Le vétérinaire a du mal à immobiliser l'animal sans lâcher la pince à épiler c'est pourquoi je le rejoins du côté opposé de la table pour tenir le chien par le collier. L'animal se calme instantanément.

Deaton: Aussi pratique qu'avec mon assistant habituel, merci!

Moi: Scott travaille ici?

Deaton: Bien sûr, tous les mercredi et les samedi. Il apsire à devenir vétérinaire plus tard.

Je hoche le menton et caresse la tête du chien. Plus ça va, et plus j'apprends des choses inédites sur McCall. Je trouve ses aspirations plus qu'honorables. Son ambition ajoutée aux responsabilités qu'il prend tous les jours et à sa tendance à vouloir prendre soin des autres jusqu'à s'en oublier lui même. Scott n'est vraiment pas quelqu'un d'ordinaire. Aucun de ses amis ne semble l'être d'ailleurs.

Moi: Appelez moi Mel s'il vous plaît. Il n'y a que mes parents qui m'appellent par mon nom complet.

Deaton: Seulement si tu m'appelle aussi par mon prénom.

Moi: D'accord...Alan.

Deaton: Alors Mel, qu'est-ce qui t'amène ici? Tu ne cherches pas Scott ni Stiles aujourd'hui et je ne crois pas que tu te sois faite courser dans la forêt ni tirée dessus depuis hier. Quand à tes points de suture, ils ne se sont pas ré-ouverts.

Moi: Comment vous le savez?

Deaton: C'est moi qui les ai fait.

Moi: Vous semblez déjà connaître la raison de ma venue.

Deaton: Je m'en doute oui. Même si honnêtement je ne pense pas être la personne la mieux placée pour t'aider.

Moi: Apprenez-moi.

Deaton finit d'enlever les derniers morceaux de verre sans répondre. Il se tourne pour chercher du désinfectant et des bandages et finit son travail tandis que je le fixe malgré moi avec intensité.

Deaton: Je ne suis pas un sorcier.

Moi: Mais vous en savez plus sur leurs pratiques que moi! Et je n'arrête pas de provoquer des catastrophes depuis que je suis ici! Vous l'avez dit vous même, les goules flairent la magie! Il faut absolument que vous m'appreniez à canaliser la mienne pour qu'elles laissent cette ville tranquille! J'ai pensé à m'en aller d'ici mais le problème sera le même ailleurs. Avec vous ici au moins, j'aurai une chance!

Deaton lève les yeux vers moi et soupire.

Deaton: Il va falloir que tu me laisses le temps de me préparer. Enseigner ce genre de chose ça ne s'improvise pas. Il faut trouver de bons manuscrits, prendre certaines précautions...

Je souris, je n'en crois pas mes oreilles. Serait-ce un oui? J'ai envie de lui sauter au cou mais à la place je me confonds en remerciements.

Moi: Merci monsieur Deaton! Je ne vous décevrai pas!

Deaton lève les yeux au ciel.

Deaton: Alan!

Moi: Oui pardon. Alan.

Deaton: Maintenant je te conseille d'aller te reposer. Nous commencerons cette semaine et l'apprentissage sera rude je pense, surtout pour une sorcière aussi inexpérimentée que toi!

Moi: D'accord! Merci encore ! Je vous laisse mon numéro ! Dite-moi quand vous serez prêt!

Je griffonne mon numéro sur un post-it qui traîne sur le bureau et je me dirige vers la porte quand il me rappelle.

Moi: Oui?

Deaton: Par contre pour contrôler la couleur de tes yeux je ne peux rien faire. Il va falloir t'adresser à plus expérimenté.

Moi: Qu'est-ce que vous voulez dire?

Deaton: Les yeux des loups-garous changent de couleur en fonction de leurs émotions et de leurs actes. Ceux d'une sorcière fonctionnent pareil. Les tiens viennent de devenir violets!

Je me prends le visage avec stupéfaction. Ce genre de détail va être embêtant...

Mélissandre Heartwood T1 : L'apprentie de Deaton Où les histoires vivent. Découvrez maintenant