28. Au fond

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Il était allongé sur son lit, le visage couvert de bandages, le bras emplâtré.

Un jour d'automne 2000

Il s'avança vers son ami, submergé par les émotions, il ne put retenir ses larmes.

Marra se trouvait auprès de Jérémy, elle tourna sa tête dans sa direction et le foudroya du regard.

« Je te demande pardon, Marra.

- Sors d'ici ! »

Rémy déglutie et s'essuya les yeux nerveusement.

« Marra laisse-moi t'expliquer.

- Il n'y a rien à expliquer, c'est fini toi et moi.

- Marra...

- Qu'est-ce que tu n'as pas compris ? tu as vu ce que tu as fait ?

- Essaie de comprendre...

- Comprendre quoi ? Que tu as préféré croire les types qui m'ont tabassé, que tes propres amis ? Tu as pensé à moi ? Tu ne me fais si peu confiance pour croire que je serais capable d'un chose pareil ? Jamais je ne t'aurais trompé Rémy ! »

Ces mots sonnèrent comme un coup de massue.

Il prit la direction de la sortie et claqua la porte en partant.

Il se mit à courir. Il voulait fuir, disparaître. Il avait honte. Honte d'avoir commis l'irréparable, honte d'avoir cédé à la jalousie, à la violence. Il avait trahi la seule personne qui n'aurait jamais ne serait-ce que l'idée de lui faire le quart de ce qu'il s'était permis de lui faire subir.

Ses jambes lui firent mal, et un point de côté se dessina à l'intérieur de son ventre. Il s'arrêta sur le côté, près d'un banc, pour reprendre son souffle. Il s'assit sur le banc, et se prit la tête dans les mains. Il ne pouvait plus rien faire pour réparer son erreur. Jérémy ne lui pardonnerait jamais, Marra non plus, elle le détesté à présent. Il était seul.

Il se releva et continua à marcher pour se rendre dans son quartier. Dans un dernier moment de désespoir, il se dirigea vers l'immeuble où se trouvait les deux autres agresseurs de son ami.

« Yo ! Qu'est-ce que tu fou là mec ? lui demanda un afro qui visiblement était nouveau dans le quartier et qui servait de vigile pour le petit clan délinquant pour se faire accepter dans le groupe.

- Ferme ta gueule merdeux j'dois parler à Ramzi et Lakhdar.

- T'es qui d'abord toi ?

- C'est bon mec, il est avec nous ce p'tit. » Fit Lakhdar, en se remettant la casquette sur la tête.

Le nouveau se recula et laissa Rémy se diriger vers son chef.

« Viens, ça tombe bien, faut que je te parle. »

Rémy se tendit, que pouvait-il lui dire ?

Ils se dirigèrent vers les sous-sols du bâtiment, et s'assirent autour d'une table, après que Lakhdar ait demandé aux autres personnes présent dans la salle de partir.

« Ramzi n'est pas là ?

- Il est chez les keufs. Il s'est fait prendre en train de voler le bureau de tabac dans la nuit, à mon avis, il en a encore pour quelques heures. Asies-toi j't'en prie. »

Rémy s'installa pas très confiant de ce qui pouvait se passer dans cette pièce.

« Bon, je ne vais pas passer par quatre chemins, il faut que te dénoncer.

- Pardon ?

- Comment t'expliquer ? les flics sont sur l'affaire là et ils ne vont pas tarder à faire le rapprochement avec nous, et s'il s'en sort pas, on va aller en tôle...

- Mais c'est de votre faute s'il est dans cette état...

- Tututututu... ne commence pas à retourner la situation. Je voulais te le demandé gentiment, mais tu m'oblige à passer directement au plan B.

- C'est quoi ça ? »

Lakhdar sortie son téléphone portable et lui montra directement la photo. On pouvait voir distinctement Rémy, batte à la main, assommer Jérémy de coups.

« Enculer tu m'as pris en photo ! s'emporta-t-il.

- Au cas où cette preuve ne soit pas recevable, j'ai fini par garder la batte, avec tes empreintes, et le sang de Jérémy dessus, je pense qu'ils sont assez malins pour faire le rapprochement.

- Tu m'as dit que tu allais la détruire !

- J'ai mentis ! »

Rémy n'en croyait pas ses oreilles, tout dans sa tête venait de s'écrouler. Sa vie était fichu. Il avait détruit les vies de ses parents, de Jérémy, et de Marra.

Il était au pied du mur, il avait franchi toutes les limites.

Il se leva et se dirigea vers son immeuble. La tête baissée, les mains dans les poches, le moral dans les chaussettes. 



Chapitre 28, écrit sur ordi, donc présentation bizarre.

De nouveau éléments sur le passé, mais ce n'est pas fini. 

La suite bientôt. 

Un homme de coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant