Chapitre un ✔️

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I

Je caressai le voilage qui couvrait la vue que donnait ma fenêtre de chambre de l'extérieur en me mordillant la lèvre inférieure. Le ciel était gris comme tous les jours depuis une semaine, est-ce vraiment un temps de début septembre ? J'ai peut-être été trop habituée à la chaleur de l'Amérique... Il devait être huit heures et demies du matin et je déniais toujours à descendre l'escalier.

« Tu vas devoir supporter toutes ses filles plus superficielles les unes que les autres. Et ses gars qui se prennent pour des rois... » pensais-je

Je soupirai et m'assis sur mon lit en contemplant ma chambre. Elle n'a rien d'une chambre d'ado, les murs sont presque tous recouverts d'un papier peint à fleurs et les autres d'une peinture, qui, je suppose, était blanche à l'époque, et est devenue grisâtre avec le temps.

Le sol quant à lui est simplement habillé d'un parquet vieilli, j'en viens à me demander comment je fais pour ne pas passer au travers...

Le seul meuble qui paraissait du vingt et unième siècle est le piano -des anciens propriétaires qui faisait face à mon lit.

Je sursautai en entendant le bruit d'un marteau frappé un objet en métal. Mon père doit s'être décidé à rénover l'intérieur.

Je pris, à contrecœur, mon sac et le balançai sur mon épaule. Je claquai la porte de ma chambre et descendis l'escalier grinçant. Après avoir posé mon pied sur la moquette, je surpris mon père sur un escabeau à accrocher un vieux tableau. Je levai les yeux au ciel et passai derrière lui pour atteindre la cuisine.

-Oh, souffla l'homme. Bonjour Grace, j'ai besoin de ton avis, qu'en penses-tu ? me demanda-t-il

-Sincèrement ?

-Oui, répondit mon géniteur en posant ses pieds sur la moquette.

-C'est vraiment hideux... dis-je en grimaçant en signe de dégoût. Où est maman ?

-Au travail

-C'est vrai... On ne change pas les bonnes habitudes...

Il regarda son tableau ignorant ma remarque et soupira.

-Je vais au lycée, bonne journée, dis-je en ricanant en voyant son visage désespéré

-Et tu oublies ton petit-déjeuner ?

-J'ai pris une pomme, hurlai-je à travers la maison en levant mon bras pour lui montrer le fruit

Je fermai la porte passant une main sur mon visage et respirai profondément. L'air glacé me frappa le visage, je frissonnai, mais continuai mon chemin.

Les feuilles commençaient déjà à tomber, et les nuages ne laissaient paraître aucune éclaircie. Je rabattis le côté gauche de mon manteau sur le côté droit et regardai le ciel d'un air inquiet. Je commence à croire que l'orage ainsi que la pluie vont me tomber dessus. Je soupirai et commençai à courir vers le lycée.

Je m'arrêtai brusquement essoufflé par mes efforts. Je levai la tête vers le grand bâtiment positionné devant moi et soupirai de soulagement. Des centaines d'adolescents rigolaient en bande, ils s'enlaçaient, se sautaient dessus et souriaient. Je me mordis la lèvre inférieure en voyant que la grille de l'établissement commençait à ouvrir.

J'avançais lentement vers le lycée et y entrai. Tous les élèves étaient regroupés vers un grand tableau tentant de voir leur nom sur l'une des affiches.

Certains juraient en soupirant et d'autres sautaient sur place. Sûrement, car ils étaient tombés dans la même classe que leurs acolytes... Peu importe la classe où je tomberais, j'espère juste ne pas être dans celle des sous-intellectuels, autrement dit, ceux qui ne viennent que pour se la raconter.

Désillusion II h.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant