Chapitre deux ✔️

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II

J'entrai dans mon habitation et jetai son sac au sol ainsi que mes chaussures. Je hurlai mon arrivée et m'avachis sur l'une des chaises de la cuisine, mon cahier en main. J'attrapai une pomme et la croquai en relisant mon cours.

Je soupirai en jetant mon livre sur la table. Je croquais un autre bout de mon fruit ayant toujours l'image de son visage en tête, ses prunelles vertes et de ses cheveux en bataille qui tombaient légèrement sur son visage.

-Ta mère a appelé, elle t'embrasse et elle pense fort à toi, mais elle rentrera tard.

-C'est une première, maman pense à moi maintenant ?

-Grace s'il te plaît... souffla mon père

-C'était juste une question parmi tant d'autres.

Je me levai de la chaise et sortis de la cuisine. Je montai les escaliers et claquai la porte de ma chambre avant de m'écrouler sur mon lit parfaitement bien fait.

Je regardai l'horloge qui affichait l'heure du dîner et soupirai en tournant ma tête vers le plafond grisâtre fraichement recouvert de vielles photos. Je me levai de mon lit et pris mon sac de sport avant de descendre les escaliers à toute vitesse et de quitter l'habitation sans adresser un mot à mes parents. Je mis mon sac sur mon épaule et marchai jusqu'à l'amphithéâtre.

J'entrais dans le bâtiment et allumai les lumières. Peu à peu, la scène et les sièges des spectateurs s'illuminaient. Je respirai profondément et montai sur l'estrade. Je posai mon sac sur le côté avant de regarder les sièges vides.

Je fermai doucement les yeux en imaginant la salle remplie et la musique à fond. Je me laissai porter par la musique comme une feuille par le vent. Tous mes pas étaient si légers et si parfaits que l'on s'en demanderait si je touchais réellement le sol.

La musique s'arrêta en même temps que j'arrêtai mes pas. J'étais à bout de souffle, j'imaginais ma mère au premier rang m'applaudissant à en avoir mal aux mains. Je l'imaginais fière, mais évidemment tout cela n'était qu'une simple et pure imagination, qu'un malheureux rêve.

Je rangeai mes affaires dans mon sac et descendis de la scène en la regardant une dernière fois.

...

J'entrai dans la classe en bayant et m'assis à ma place. Je posai mon sac à mes pieds et sorts mes affaires sans parler.

Je regardai dans la salle, cherchant la chevelure brune de ma camarade, mais elle ne semblait pas vouloir se manifester ce matin. Je soupirai et regardai le tableau noir.

Quelqu'un frappa à la porte de la classe. Le professeur de philosophie se leva et appuya sur la poignée.

-Monsieur Styles est encore et toujours en retard à ce que je vois, mais comme on dit, on ne change pas les bonnes habitudes. Asseyez-vous à côté de Grace

-Grace ? demanda-t-il en regardant la classe

Je levai la main et fis un faible sourire. Il jeta son sac à mes côtés et s'avachit sur la chaise.

Le jeune homme enleva son manteau dévoilant ses bras tatoués, il sortit ses affaires et m'ignora. Je fixais ses tatouages en fronçant des sourcils. Le bouclé frissonna en sentant mon regard posé sur sa peau, il fixa mon visage impressionné et ria.

-Tu n'as jamais vu de tatouages ?

-Non jamais, rougis-je

-Sérieusement ? demanda-t-il interloquer

-Oui, je suis très sérieuse

-Tu viens d'où ?

-D'Amérique

-Julian ? Ce n'est pas Américain

-Ma mère a des origines Hispaniques

Il n'eut pas le temps de dire quelque chose que le professeur fit son apparition.

-Sortez vos dissertations, ordonna-t-il

J'écarquillai les yeux et recouvrai mon visage de mes mains.

-Oh non, soupirai-je

-Je pensais que tu faisais partit des gens qui ne venaient pas aux fêtes du campus, juste à cause de cette dissertation et tu ne l'as pas faite ? dit le brun en riant

-Je n'aime pas ce genre de fête, vous buvez, vous fumez, vous dansez, je hais tout ça

-Parce qu'on s'amuse ?

-Parce que vous vous amusez beaucoup trop à mon goût

Il arqua un sourcil en ricanant et plongea son regard dans son cahier.

...

Je claquai la porte et annonçai mon arrivée en hurlant. Je fronçai des sourcils et soupirai. Je montai les escaliers rapidement et arrivai dans ma modeste chambre. Il faudrait vraiment que je la repeigne...

Je déposai mon sac au bord de mon lit et m'écroulai dessus. L'air était étouffant.

Je me levai et ouvris ma fenêtre. Le ciel commençait à être sombre. J'avais l'impression que le temps passait à une vitesse folle et pourtant, je m'ennuyais à mourir...

Mon regard se dirigea automatiquement vers la maison blanche au coin de la rue.

C'était une grande maison, bien plus que la mienne. Elle avait l'air en bon état, quasiment comme si elle venait d'être rénovée. Ce qui n'est pas le cas de la nôtre.

J'aperçus un jeune homme passer le portail. Il ressemble étrangement à mon voisin de philosophie...

Je fus surprise de voir ma mère sortir de cette habitation en saluant une jeune dame. Que fait-elle là-bas ? Elle doit connaître la personne qui - je suppose - est la mère du bouclé. Je me reculai et soupirai.

Je sortis de mes pensées quand le bruit de la porte d'entrée qui claquait résonna dans toute la maison.

-Grace, ma chérie ! Les voisins d'en face sont invités à manger ce soir !

Désillusion II h.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant