Chapitre 11

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Ce matin-là, le calme du lieu m'enveloppait doucement après une seconde nuit de sommeil réparateur. 

Les gazouillements des oiseaux devant ma fenêtre me semblaient comme une mélodie apaisante. 

L'humeur joyeuse m'accompagnait alors que je me levais de mon lit. 

Une douche revigorante plus tard, je descendais au rez-de-chaussée, quand une voix familière m'interpella soudainement. 

Intriguée, je me dirigeai lentement vers le salon, où une scène m'étonna : assise en face de ma grand-mère, la jeune psychologue qui avait assisté à mon audition à la gendarmerie de Marseille.

Sa présence, ici, était à la fois surprenante et rassurante. 

Elle était venue pour discuter et prendre de mes nouvelles. 

J'appréciais sa gentillesse. 

Ma grand-mère, toujours aussi attentionnée, lui proposa de partager le petit déjeuner avec nous, invitation qu'elle accepta avec plaisir. 

Virginie, c'était le nom de la psychologue, avait fait le déplacement un jour de repos, preuve de l'intérêt qu'elle portait à une discussion importante qui me concernait : ma grossesse, découverte il y a quelques jours par les médecins de l'hôpital de la Timone.

Avec une délicatesse palpable, elle aborda le sujet pour éviter de me brusquer. 

À mon âge, il y avait tellement de choses que je ne comprenais pas. 

Entourée de ma grand-mère et de Virginie, elles me questionnèrent sur mes sentiments par rapport à cette grossesse et sur ce que je souhaitais faire. 

Bien que leurs paroles m'atteignaient, je luttais pour saisir toute la portée de leurs questions. 

Cependant, une chose était claire : je ne porterai pas, ni ne garderai, l'enfant issu de cet homme, ce monstre qui avait été mon bourreau.

À douze ans et demi, on devrait être préoccupée par les jeux de poupées, pas par les bébés. 

Leurs regards empreints de tendresse m'enveloppaient alors que Virginie prit la parole : _Tu sais, Cloé, peu importe la décision que tu prendras, c'est toi qui décides.

Ma réponse était empreinte d'une colère et d'un dégoût profonds : _Je sais, mais je ne veux pas de cette chose en moi. 

Je suis trop jeune, et cela me répugne profondément. 

Cela me rappelle trop tout ce que j'ai enduré au cours de ces huit dernières années.

Leurs yeux empreints de compréhension ne me quittaient pas. 

Virginie, la voix douce, m'assura : _Ne t'inquiète pas, je vais superviser tes séances de thérapie, et il y a des méthodes pour t'aider à te sentir mieux.

Ma réponse, emplie d'une sincérité brutale, était simple : _Je ne veux pas me sentir mieux. Je veux juste oublier cette souffrance.

Virginie me fit alors une confidence franche : _Je vais être honnête avec toi, tu devras vivre avec cette douleur toute ta vie. 

Malgré ton jeune âge, je sais que tu vas t'en sortir, crois-moi.

La main de ma grand-mère se posa doucement sur la mienne, et son regard pénétra le mien : _Quoi que tu décides, ma petite chérie, nous serons à tes côtés. 

_Tu n'oublieras pas ce que ce monstre t'a fait endurer, mais ton papa et moi ferons tout pour que cette nouvelle vie soit la plus belle possible.

Les mots de ma grand-mère m'émurent profondément, et je savais, au fond de moi, qu'ils seraient là pour me soutenir. 

Une gratitude intense me submergea.

Enfance briséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant