Chapitre 12

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Le lendemain, le poids d'un mal de tête lancinant m'accueillit au réveil, accompagné d'une étreinte douloureuse dans ma poitrine.

Tout en moi était empreint d'une angoisse oppressante, nouant mon ventre et enserrant ma gorge, sans explication.

Un pressentiment funeste s'insinuait en moi, obscurcissant mon esprit.

Une tristesse profonde m'envahissait, me laissant m'effondrer sur le lit, enfouissant ma tête dans l'oreiller pour étouffer le son de mes larmes.

Peu à peu, mes sanglots se transformaient en hoquets, témoins silencieux de ma douleur.

Rejoignant ma grand-mère au rez-de-chaussée, elle évoqua la possibilité de se rendre à Marseille pour voir ma mère à l'Hôpital de la Timone.

Les stigmates de sa trahison étaient encore trop frais en moi, et ainsi, je refusai son offre.

Je savais que le pardon nécessiterait du temps, pour digérer son silence dévastateur.

_Je ne t'obligerai pas à venir si c'est ton choix, dit-elle d'un ton empreint de tristesse.

_Comment peux-tu pardonner si aisément les blessures qu'elle nous a infligées... m'échappai-je, le ton étonné.

_Ma chérie, elle reste et restera ma fille, ma seule et unique fille, répondit-elle, une lueur de mélancolie dans le regard.

_Je le sais, grand-mère, mais malgré tout, elle m'a laissé souffrir.

_Je pense qu'en dépit de la souffrance qu'elle a causée, qu'elle nous a causée, je me dois de lui pardonner. 

_Au vu de l'état de ta maman, elle paiera déjà un prix très lourd. 

_Je veux être à ses côtés avant qu'il ne soit trop tard, dit-elle, ses yeux s'embuant de larmes.

Ses pleurs transperçaient mon cœur.

_Es-tu vraiment certaine de ne pas vouloir venir ?

Son expression suffit à me convaincre finalement.

Elle m'enlaça tendrement.

Alors que nous nous préparions à partir, le bruit d'une voiture se faisant entendre dans l'allée.

Ce que ma grand-mère ne m'avait pas dit, c'est que mon père nous accompagnerait à l'Hôpital de la Timone pour voir ma mère.

Pendant le trajet, les voix de Christophe et de ma grand-mère se mêlaient dans une mélodie.

Un rire sincère s'échappait de moi, apaisant quelque peu ma peine intérieure.

_Chante, ma chérie, me dit ma grand-mère.

_Non, je ne sais pas chanter, lui répondis-je.

_Pourtant, je suis presque sûre que tu connais cette chanson, insista-t-elle.

_Non, grand-mère, je ne la connais pas. 

En vérité, j'ai rarement eu l'occasion d'écouter de la musique ou de regarder la télévision.

Mon père se tut, ses mains crispées sur le volant.

Le reste du trajet se déroula dans le silence.

Après avoir garé la voiture, nous achevâmes le chemin à pied.

En franchissant le seuil de l'hôpital, mon cœur s'emballa.

Même si la colère brûlait en moi, je priais pour que sa condition s'améliore.

Les médecins nous autorisèrent à la voir un par un, car elle était en soins intensifs.

Je laissai d'abord ma grand-mère entrer, laissant mère et fille seules.

Quand elle ressortit de la chambre, son visage baigné de larmes.

Puis ce fut au tour de Christophe, qui resta lui aussi un long moment à son chevet. 

À cet instant, j'aurais donné cher pour être une souris et savoir ce qui se passait derrière cette porte.

Lorsqu'il sortit, marqué par l'expérience, tout comme ma grand-mère, j'étais intriguée et touchée.

Enfin, mon tour vint. 

Pénétrant dans la pièce, mon cœur reprit sa course effrénée. 

Une crise d'angoisse me saisit violemment.

Une infirmière sortant de la chambre alerta un médecin qui me conduisit dans une pièce où je pouvais me reposer un instant.

Le diagnostic fut catégorique : il ne fallait en aucun cas me forcer à la voir, car c'était cela qui provoquait sans doute mes crises d'angoisse.

Il confia une ordonnance à ma grand-mère et lui demanda de me laisser me reposer une demi-heure avant de rentrer à la maison.

Une heure et demie plus tard, nous étions de retour chez nous, et je m'empressai de me réfugier dans mon lit pour panser les blessures de mes émotions.

Enfance briséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant