Chapitre 7 Yoni 2007

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Mais que veut cette fille ?

Je ne comprends plus rien. Elle a bien dit à son copain, ce connard dont je ne connais même pas le prénom, que je n'étais « que » Yoni. Autrement dit, je ne suis rien pour elle. Mais alors, pourquoi me rattraper alors que je fuyais le monde pour me laisser aller à la peine ? A quoi joue-t-elle ?

Mais malgré toutes ces questions qui demeurent sans réponse, je ne peux détacher mes lèvres de celles de Kayla. Elle me tient fermement par le col de mon manteau et c'est instinctivement que je viens l'entourer de mes bras comme pour m'assurer que je ne rêve pas pour une seconde fois.

Waouh...

Ce baiser est encore mieux que le premier. Je n'ai pas beaucoup de qualités mais j'en ai bien une, c'est que j'apprends très vite. Cette fois, je sais à peu près comment procéder. Lorsque nos lèvres se rencontrent, je m'empresse d'entrouvrir les miennes pour venir trouver de ma langue celle de Kayla. Et maintenant, je la caresse. Si doucement que je parviens à en deviner chaque parcelle. La langue de Kayla est douce, humide, sensuelle : elle me rend dingue. Et celle qui, il n'y a pas 24 heures, chantait « Petit Papa Noel » alors que je la bordais, semble vraiment apprécier ce que je lui fais. Elle se presse un peu plus contre moi, je perçois même les battements de son cœur affolé. Mes satanées lunettes n'arrêtent pas de monter et descendre et semblent géner ma...euh...

Amie ?

Petite amie ?

Bref, mes lunettes sont en train de me soûler, c'est pourquoi, je m'écarte doucement de ma douce pour lui chuchoter :

-Attends, je vais les retirer...

Et c'est ce que je fais. Une fois rangées dans la poche de mon manteau, tout devient trouble autour de moi. Je tente de plonger mon regard dans celui de Kayla mais elle n'est désormais plus qu'une forme assemblée de plusieurs couleurs : le rose de son survêtement, le noir de ses cheveux, le brun léger de sa peau. Pour le coup, j'ai réellement l'impression de rêver quand je l'entends me murmurer :

-Tu es tellement beau sans...

Moi ?

Beau ?

Avant même que je ne parvienne à lui baragouiner quelque chose que je sens à nouveau ses lèvres se poser sur les miennes et mon col se serrer.

Mais pourquoi elle fait ça ?

C'est elle qui reprend les commandes, et là où j'y mettais de la lenteur et de la douceur, Kayla passe à la vitesse supérieure. Ses dents viennent mordiller mes lèvres, m'arrachant un râle ridicule. Je tente de me contenir mais sa langue ne me donne cette fois aucun répit. Elle me lâche le col pour venir glisser ses mains dans mes cheveux, massant au passage mon cuir chevelu. Elle gémit contre mes lèvres.

Je m'électrise.

Ce baiser et les caresses de ma douce me font d'un seul coup perdre pied alors que jusqu'à présent, je savais à peu près ce que je faisais. Dans ma tête, c'est le bordel et dans mon pantalon, c'est l'explosion. Je n'ai jamais embrassé de fille, je n'ai jamais connu d'émoi aussi fort. J'ai l'impression d'être dans un de ces satanés rêves érotiques dans lesquels je ne porte plus de lunettes et que les filles m'admirent. Je me recule pour empêcher Kayla de percevoir la bosse qui est en train d'enfler dans mon jean. Je m'assieds sur le banc, à tâtons et remets mes lunettes. La réalité me saute en plein visage. Tout ça n'est pas normal. Je ne suis « que » Yoni, un mec qui n'a jamais touché de fille, un mec dont tout le monde se fout.

Un mec nul.

Lorsque Kayla s'assoit doucement à mes côtés, je me tourne brusquement vers elle. Cette fois, elle doit me répondre et je ne me laisserai pas détourner par son charme.

-Pourquoi tu fais ça ?

Elle tente de s'approcher encore mais cette fois, je me lève pour lui faire face. Ainsi, j'ai l'impression d'être encore plus grand et je gagne un peu en assurance.

-Fais quoi ? fait-elle en tentant de me sourire.

Kayla est mal à l'aise.

-M'embrasser pour ensuite dire...dire que je ne suis rien auprès de ton ami, dans le RU...

Quand je repense à la façon dont il m'a parlé, la rage fait trembler ma voix.

-C'est sérieux toi et moi ? continué-je.

Elle se lève et un coup de vent vient dénouer ses cheveux. Kayla est belle. Trop belle pour moi...

-Ecoute, Yoni. J'ai adoré t'embrasser...vraiment...mais moi...j'aime mon indépendance...tu es sympa mais...

-Allez, laisse tomber ! A la base, je voulais juste apprendre à te connaitre plus et...tu m'as embrassé...j'ai cru que...bref, je dois y aller...Bonne soirée...

Je lui souhaite encore une bonne nuit mais alors que je m'éloigne d'elle, je perçois des pas derrière moi. Je me retourne pour la découvrir encore à ma suite.

-Ce n'est pas la peine de me suivre cette fois...

Et je m'en vais, me retenant de revenir pour aller me perdre dans les méandres du désir et peut-être même de l'amour...

***

En passant la porte de la maison de ma grand-mère, une voix familière qui n'est pas celle de mon aïeule me parvient. Je retire mes Converses, la gorge subitement sèche et m'avance à pas lents dans le séjour. Pourvu que ce ne soit pas...

-Bonsoir, Yoni ! Ta grand-mère m'a dit que tu étais sorti. Je suis venue pour te parler.

Non pas elle.

Pas tante Marta...

Jelly boy (trop mou...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant