Jelly boy (trop mou...)

Chapitre 20 Yoni 2007

-Mais la prochaine fois, pense à fermer la porte à clé, mon chéri.

Je stoppe le mouvement circulaire de l'éponge pleine de mousse sous laquelle ma main disparait. Une chaleur coutumière envahit mon visage et me fait cligner des yeux. La scène affreusement gênante de tout l'heure me revient violemment en mémoire et mon cœur bat si fort dans ma poitrine que je ne trouve rien à répondre à mamie qui termine de ranger les restes du repas dans le frigo. Je perçois le bruit de ses pas sur le carrelage et je n'ose plus lever les yeux de l'assiette que je suis en train d'astiquer depuis au moins cinq bonnes minutes.

-Yoni, je t'assure, je ne suis pas choquée ! Si tu m'avais connue avec ton grand-père...

-Mamie !

Je ne pensais pas qu'un jour, j'aurai ce type de conversation avec ma grand-mère de presque 80 ans. Je réalise en levant enfin les yeux sur elle que j'ai de la chance d'avoir quelqu'un d'aussi ouvert qui veille sur moi. Mamie se pince les lèvres ce qui est un signe d'une joie profonde que je ne lui ai pas connu depuis un sacré moment.

-En tout cas, je suis heureuse que tu aies une fille dans ta vie ! Pour une fois, je ne me demanderai pas comment se passera ton anniversaire ! Je pense que cette demoiselle s'occupera de te faire passer un agréable moment !

Cette fois, sa remarque me fait glousser mais ce n'est pas pour cela que la chaleur a arrêté d'irradier ma figure. Je n'ajoute rien à sa plaisanterie grivoise et range dans le placard l'assiette après l'avoir essuyée. Mamie retire son tablier et se tourne vers moi alors qu'elle le suspend à la patère.

-Samedi prochain, nous sommes le 22, fait-elle en passant sa main dans ses cheveux courts.

-Oui, mamie, je sais, c'est mon anniversaire, je lui souris en imaginant déjà l'immense gateau qu'elle voudra me préparer pour cette occasion spéciale.

-Oui, ça je le sais mon chéri, mais j'ai une chose à te proposer, continue-t-elle toujours en me dévisageant d'un air malicieux.

-Oui, je lui réponds en fronçant les sourcils.

C'est bien la première fois qu'elle me propose autre chose que le choix entre un glaçage vanille ou chocolat sur mon gâteau.

-Je te laisse la maison pour organiser toi-même ta fête d'anniversaire, propose-t-elle en plongeant son regard dans le mien.

Comment-a-t-elle deviné que c'est ce que je souhaitais par-dessus tout ? Mamie est une femme surprenante. Au fond de moi, je rêve de pouvoir fêter mon anniversaire avec Kayla. Rien qu'avec Kayla. Malgré la joie qui élargit démesurément mon sourire, je ne peux m'empêcher de penser au sort de mamie ainsi qu'à celui de Clara durant ce fameux soir.

-Mais vous irez où Clara et toi ? m'inquiété-je en posant le chiffon que j'avais balancé sur mon épaule.

-Ne t'en fait pas, on ira dormir chez Sophia, mon amie d'enfance ! Tu sais comme elle insiste à chaque fois pour que je reste avec elle sur Arcachon et bien ce sera un bon prétexte pour te laisser tranquille, cette fois. Et puis Clara adore la mer !

Nous restons un moment à nous dévisager en souriant. Encore une fois, c'est ma mère que je crois reconnaitre à travers les traits vieillis de mon aïeule. Je sais qu'elle serait contente que je sorte enfin de ma timidité et que je parvienne à être le petit ami d'une fille aussi belle que Kayla.

-C'est super Mamie, merci, infiniment.

Ma grand-mère ouvre ses bras en guise de réponse et comme lorsque j'avais dix ans et qu'elle me faisait mes pâtisseries préférées, je me jette dans ses bras pour la remercier. Mamie est bien plus petite que moi mais je m'en moque. Dans mes bras, elle sera toujours la plus grande.