Chapitre 23 Yoni 2007

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-Et voilà, il ne vous reste plus qu'à signer là.

J'ai 18 ans aujourd'hui. Mamie et tante Marta m'ont accompagné chez le banquier afin de toucher le montant de l'assurance vie qui se débloque aujourd'hui. Ce n'est qu'une maigre formalité et je ne comprends pas pourquoi on a tant insisté pour que je règle ça tout de suite. La plus intéressée semble être ma tante Marta qui me dévisage en souriant tandis que je signe en bas de la page du contrat.

-Très bien Mr Williams. Cette somme a été versé sur votre compte il y a quelques jours en prévisions. Vous pourrez en disposer d'ici deux jours ouvrés, m'indique le banquier en me serrant la main.

Il se retire un instant afin de faire une photocopie. Je me dandine sur le siège du fauteuil. 10000 euros, c'est bien trop pour moi. Dire que je dois gérer ça en attendant que Clara ait sa part. Mamie, s'apercevant de mon malaise, me caresse affectueusement le dos. J'adore quand elle fait ça.

-Que se passe-t-il mon chéri ? Quelque chose ne va pas ?

Si tante Marta ne se trouvait pas avec nous, je sais que je livrerais à ma grand-mère sans détour ce qui me trouble mais je n'y arrive pas. Je me contente donc de rester allusif :

-ça me fait bizarre...d'être là, en fait !

Tante Marta ricane. Visiblement, elle aussi me prend pour un nul. Et quand elle prend la parole, le ton qu'elle emploie confirme mes premières impressions.

-10000 euros, ce n'est rien du tout ! Arrête tes simagrées, Yoni ! Tu verras, on s'habitue très vite à avoir de l'argent dans les mains. En Californie, tous les jeunes ont...

-On n'est pas en Californie !

Sans le vouloir, j'ai hurlé. Plusieurs employés de la banque ont d'ailleurs stoppé leur activité pour regarder dans notre direction. Je n'arrive pas à comprendre comment cette femme abjecte et moi pouvons avoir des liens de parentés. Ses yeux verts semblent lancer des éclairs tandis qu'elle tripote nerveusement son collier de fausses perles. Je sais ce qu'elle cherche à faire.

-Ce n'est pas la peine de vouloir me parler de la Californie, je n'irai pas là-bas !

-Calme-toi, mon chéri, tente Mamie en reprenant ses caresses apaisantes

Mais tante Clara surenchérit sans noter la colère qui fait battre mes tempes.

-Tu sais, comme je te le disais, 10000 euros, ce n'est rien. Si tu crois que ta grand-mère sera toujours là pour te faire des câlins, tu te trompes. Un jour, tu verras que ta chance est par-

delà les mers.

Elle inspecte sa montre en rejetant ses longs cheveux bruns en arrière.

-Je dois y aller. Je dois appeler les Etats-Unis pour allonger mon congé. A plus tard Yoni. Réfléchis bien à ce que je t'ai dit.

Nous l'observons sortir du bureau de banque en sonorisant ses pas sur le bitume. Je me lève à mon tour, partagé entre colère et crainte.

-Je ne te laisserai pas Mamie, fais-je la voix tremblante.

Ma grand-mère se relève en soupirant et ouvre grand ses bras. Je m'y réfugie sans tarder.

-Yoni, tu es adulte maintenant. Personne ne plus pourra te manipuler...

***

Je pousse l'énorme canapé contre le mur. Je ne le voyais pas aussi lourd. Des gouttes de sueur viennent me prouver l'effort qu'à représenté ce mini déménagement. Le séjour, ainsi installé, parait immense.

-Waouh ! fait Kayla en posant ses deux mains devant sa bouche. C'est hyper grand en fait !

J'observe la façon dont l'excitation anime ses beaux traits. De plus, sa queue de cheval ainsi que sa salopette beige lui donnent un air espiègle que j'adore. Je n'arrive toujours pas à croire qu'après une semaine, elle soit toujours là. Sa présence à elle seule suffit à me combler de joie.

Jelly boy (trop mou...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant