Jelly boy (trop mou...)

Chapitre 17 Kayla 2017

Lorsque je me contemple dans le miroir de la salle de bain, je me dis que ma vie n'est vraiment pas celle que j'avais imaginé. En rentrant hier, je me suis dit que la tempête était passée, que Dan s'était calmé et que la présence de Pete à mes côtés ne l'avait pas tant chamboulé que ça.

Je me plantais.

Le trajet en voiture fut silencieux et j'ai tout de suite senti qu'il était annonciateur d'une tempête qui se déchainerait une fois qu'on serait à l'appartement. Et c'est exactement ce qui s'est passé. Dès que nous avons posé le pied dans notre domicile, j'ai essuyé tous ses reproches, toutes ses craintes.

Sa jalousie.

Et moi je me suis recroquevillée sur moi-même, je n'ai pas osé répliquer que c'était moi qui faisait bouillir la marmite, que c'était chez moi qui le logeait et qu'il n'avait pas le droit de me parler sur ce ton. Mais je n'ai rien dit du tout, je me suis contentée de laisser passer la tempête. Ce n'est que lorsque nous sommes allés nous coucher et que j'ai éteint la lampe de chevet, j'ai fondu en larmes et ça ne s'est arrêté que lorsque je me suis réveillée. Je n'ai donc pas dormi de la nuit et j'ai maintenant les yeux bouffis de sommeil et de larmes. Et je sais que cela n'arrange pas mes affaires car je dois être dans 20 minutes au studio pour le petit déjeuner avec toute l'équipe de tournage.

Et Pete Drew à ma table.

Je relève mes cheveux en queue de cheval et me glisse dans ma robe blanche à fine bretelle. Il va faire chaud aujourd'hui et malgré cela, je n'arrive pas à ressortir mes tenues légères. Il faut dire que je ne me sens plus aussi à l'aise qu'autrefois. Je me trouve maigrichonne et plate comme une limande. Les silhouettes de Claire et Dorine ont, elles,  bien évolué avec le temps : des seins ronds, des fesses bombées, des hanches larges. Elles sont le symbole de la féminité tandis que moi, j'ai l'impression d'être en stand-by entre deux âges. Je me passe un coup de Labello, me tartine de monoï comme d'habitude et sors de la salle de bain. Dan est affalé dans le canapé, devant la télé. Son tee-shirt dévoile une partie de son ventre et ses cheveux sont ébouriffés. Ses mâchoires sont crispées. Quand il regarde fixement comme il le fait, je sais qu'il est encore énervé. Et je sais surtout pourquoi. Pour détendre l'atmosphère, je pivote sur moi-même ce qui le fait brièvement lever les yeux sur ma personne.

-Je suis jolie ?

Mais alors que je lui souris le plus largement possible, je n'obtiens de sa part qu'une mine froide :

-T'es trop maquillée, marmonne-t-il en reportant son attention sur son programme télé.

-Mais je n'ai rien mis ! je me défends maladroitement.

Il ignore mes protestations et se lève.

-Je vais me doucher, je dois t'emmener, j'te rappelle. Et j'ai rendez-vous à Pôle emploi à 9h30.

Dan se lève et fonce vers la salle de bain, quand il arrive à ma hauteur, il me chuchote ces mots qui broient un peu plus ma fierté :

-Pense à mettre les points sur les i avec ton acteur de merde. Il n'a pas intérêt de t'approcher ! Et puis parfume-toi moins, ça cocote !

***

Dan a donc encore tenu à m'accompagner au studio. Son agacement ne s'est pas évanoui et l'atmosphère est encore tendu entre nous. C'est donc sans un mot que je descends de l'Audi pour venir à la rencontre de Marina qui m'attend devant l'entrée. Dès que j'arrive à sa hauteur, elle me tire vivement par la main et c'est presqu'en courant que nous dirigeons vers le réfectoire installé dans un préfabriqué en face du plateau de tournage.

-Dépêche ! Ils sont déjà tous installés ! Le tournage commence dans 30 mn et il faut encore qu'on discute avec Pascal et les acteurs ! Aujourd'hui, c'est le premier rapprochement physique entre Joshua et Emma. C'est ton livre, ma vieille ! Tu vas devoir l'ouvrir cette fois !