Je n'en reviens pas. C'était quoi cette vieille ?
Alors que Yoni se rhabille, je perçois une ombre de panique qui est en train de crisper légèrement ses traits. Il évite précisément mon regard ce qui me fait pressentir que quelque chose cloche dans les explications qu'il m'avait fourni tout à l'heure. On ne me la fait pas à moi ! J'ai toujours détesté les menteurs. Mentir, ça fait trop de mal. J'ai déjà vu trop de larmes dans les yeux de ma mère à cause du mensonge pour ne plus supporter ce défaut.
-Attends, il se passe quoi là ? tenté-je.
Mais Yoni reste muré dans un silence pesant. Ce qu'il peut me souler quand il fait ça !
-C'était qui ?
Je suis en train de perdre patience et l'excitation ressentie il y a cinq minutes s'évapore d'un seul coup. Je me lève et ramasse mon soutif que je remets en un temps record.
-Tu...tu vas où ?
Il en a de bonnes, lui ! Je déteste le silence, je hais les non-dits. J'ai horreur du mensonge ! Ce n'est tellement pas moi, ça ! Je passe la tête dans mon tee-shirt et en sort mes cheveux quand je lui lâche :
-Ecoute, je n'aime pas les mensonges. Alors soit tu me dis qui était cette dame, soit je me tire !
J'ai peur d'avoir crié un peu fort mais je m'en tape, en fait. Yoni est trop doux, il a intérêt à se réveiller s'il veut être avec moi. La tranche de la jaquette d'un DVD accroche un instant mon regard mais très vite. « Les quatre cents coups » de Truffaut, c'est quoi ça ? Je me reconcentre rapidement sur celui qui est aujourd'hui « mon petit ami » : j'ai encore droit à un spectacle navrant de rougeurs et de clignements d'œil aussi compulsifs que navrants. Après un temps fou, Yoni parvient enfin à me répondre :
-C'est ma grand-mère.
Je fronce les sourcils. Attends, je pensais qu'il vivait seul. Je comprends maintenant les nombreux « switch » utilisés tout à l'heure.
-Mais alors, tu ne vis pas seul ?
Il hoche négativement la tête, incapable à nouveau d'en dire plus.
-Tu m'as menti donc ? Ok j'ai compris...
Un putain de menteur encore ! Maman avait raison...
Je ramasse en vitesse mon sac et tente de sortir de sa chambre mais c'est à ce moment là qu'il me retient pour me plaquer contre son torse, me faisant perdre momentanément les barrières que je me suis fixée. Je suis pourtant de dos mais son odeur mi-amande douce, mi-lavande me plonge dans un univers dans lequel je n'avais jamais mis les pieds. Comment est-ce possible qu'en moins d'une semaine, ce petit binoclard parvienne à me faire ressentir ça ? Ce n'est pas de l'amour. Impossible.
Ça ne peut pas être ça...
Le bruit sourd de mon sac qui atterrit sur mes escarpins sonne le glas de toutes mes certitudes. Etre avec quelqu'un qui fait tout pour me garder, ce serait si facile. Mais Yoni et moi, ça n'ira jamais loin. C'est sûr. On est trop différents. Profitons donc de ces doux instants au lieu d'imaginer Dan dans les bras de sa Jana.
-Pardonne-moi, je t'ai menti pour que tu restes, souffle Yoni à mon oreille.
Le métal de ses lunettes caresse délicieusement mes tempes. Malgré cet aveu grave qui devrait me mettre en colère, je me surprends à sourire comme une conne. Et c'est encore pire quand ses mains quittent mes épaules pour se nicher sous mon tee-shirt alors que sa langue titille mon lobe. Je me mords la lèvre et me frotte instinctivement le cul contre sa queue que je sens durcir contre moi. N'y tenant plus, je me retourne et plonge sur ses lèvres toujours aussi fraiches que tout à l'heure en me hissant sur la pointe des pieds. Je serais bien prête à recommencer la même scène que tout à l'heure si de légers coups sur la porte n'interrompaient pas notre étreinte de plus en plus endiablée.
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Jelly boy (trop mou...)
RomantizmC'était certain. Lui et moi, ça ne pouvait pas coller. Je suis la fanfaronne de la bande, celle qui enchaine les mijotos tout comme les conquêtes, celle qui s'amuse, quoi ! Lui, c'est tout le contraire. Et c'est là le problème. Moi, j'ai besoin d'un...