Chapitre 16 Yoni 2017

50 9 2
                                    

-Nous pouvons y aller, monsieur ?

Je fais signe à Alfy que non. Ce dernier ne montre pas le moindre signe d'agacement. De toute façon, je fais ce que je veux. Je n'aurai pas pu partir comme ça sans me délecter du spectacle de la scène de ménage que je me suis évertué à provoquer délibérément. J'ai donc exigé qu'on attende leur sortie du studio. C'est pourquoi durant cette planque improvisée, je ris en repensant à la tronche que ce connard de Dan a tiré quand je draguouillais Kayla. Dire que ces deux là sont encore ensemble. Malgré le fait que je devrais m'en foutre, quelque chose se serre en moi et même, cette chose m'énerve. Comment se fait-il que Dan et Kayla soit encore ensemble après toutes ces années ? Et surtout, est-ce possible qu'elle ait changé au point de s'aplatir devant lui ainsi ? Je n'ai jamais aimé Dan et surtout sa suffisance et son arrogance quand ses yeux se posaient sur moi. Ni sur elle d'ailleurs. J'ai toujours eu l'impression qu'elle ne se rendait pas compte qu'il se foutait de sa gueule ouvertement.

Des bruits de pas se font entendre dans la nuit. Deux silhouettes s'approchent d'une Audi. Je me redresse afin d'obtenir une meilleure vue. Ce sont bien eux. La jupe longue de Kayla flotte dans les airs et face aux réverbères du parking, je m'aperçois avec délice qu'elle est transparente. J'ai donc, durant environ 30 secondes, une vue presque parfaite sur son corps qui n'a pas bougé d'un poil. J'ai quelques vapeurs quand je la revois me chevaucher de ses longues jambes fines. Mais ses pas sont trop rapides et très vite, elle et Dan montent dans le véhicule. J'ai la satisfaction de m'apercevoir que la voiture ne démarre pas immédiatement. Je suis certain que ça chauffe là-dedans.

Parfait...

-Vous pouvez y aller, lancé-je à mes molosses.

Tandis que le 4x4 s'engouffre dans les rues bordelaises, je laisse un sourire étirer plus qu'il ne le faudrait mes lèvres. Ramener Kayla dans mon lit sera une vraie partie de plaisir.

D'une facilité déconcertante, en plus...

***

En pénétrant dans ma villa sur les hauteurs de Bouliac, j'ai immédiatement la sensation que quelque chose cloche encore. Aujourd'hui, c'était mon premier jour de tournage mais aussi le premier jour de classe de Clara. La maison me semble bien vide ce qui commence à me faire peur. Même si je suis en France, la publicité autour du film est telle qu'il serait possible que quelqu'un veuille s'en prendre à elle uniquement pour me nuire. Je dégaine mon iPhone et contacte Eryn. Ouais, je sais, il est 1 heure du mat' mais cette petite cruche doit m'obéir au doigt et à l'œil. Je la paie assez cher pour.

-Allo ?

Sa voix est lourde de sommeil. Je vais la réveiller vite fait !

-Eryn ? C'est Pete. Où est Clara ? La maison est vide ! craché-je en ouvrant à la hâte toutes les portes de la maison.

-Euh...oui ! Euh, elle est chez vous, normalement. Le chauffeur l'a déposée à 18h41 précises.

Je me pince les arrêtes du nez. Bordel ! Tout le monde s'est donné le mot pour me faire chier, ce soir ?

-Mais, je vous assure que...qu'elle est là, murmure-t-elle.

Je perçois les mouvements désordonnés d'Eryn. Je l'imagine en train de farfouiller dans ses papiers quand la porte d'entrée s'ouvre. Alfy salue Clara qui entre enfin à la maison. Cette petite va me rendre dingue comme un peu tout le monde aujourd'hui et en particulier les femmes. Je raccroche au nez d'Eryn qui commençait à me lister heure par heure l'emploi du temps de ma satanée petite sœur qui retire ses Louboutin en me toisant sans vergogne.

-Bordel ! Tu as vu l'heure ? Tu étais où encore ?

Clara hausse les sourcils et entreprend de me contourner pour monter à l'étage mais je l'attrape par le bras. Pas question qu'elle se foute de ma gueule, elle aussi !

-Hé ! Je te parle ! hurlé-je.

Mais Clara ne tremble pas comme tous les cons qui me servent. Depuis longtemps, elle sait que je me planque derrière mes cris et ma hargne pour masquer l'immense manque de confiance en moi qui me ronge toujours. En particulier face à elle qui sait exactement tout ce qui m'est arrivé et tout ce que j'ai fait pour qu'on m'aime.

-J'étais sorti prendre un pot avec mes nouveaux potes de classe ! Il faut bien que je m'amuse puisque tu n'es jamais là !

Clara parvient à se défaire de ma poigne et monte à grands pas dans sa chambre. Je ne m'arrête pas là et la suis immédiatement.

-Quels copains ?

-Tu connais pas ! crache-t-elle sans se retourner.

Je soupire. Ce séjour en France risque d'être chiant à mort.

-Clara, ne sois pas stupide ! Je vois bien le tableau ! Ils t'ont flairé à 100 m avec tes pompes hors de pris et ton brushing impeccable !

Je sais que les gens ne peuvent pas être gentils s'ils n'y trouvent pas d'intérêt. J'ai déjà connu ça...

-Tu veux dire quoi, là ? Tu veux dire que je suis trop nulle pour qu'on m'apprécie, c'est ça ?

Ses grands yeux bleus deviennent brillants. L'espace d'un instant, je m'en veux d'être trop brutal mais Pete Drew n'est pas un homme qui s'excuse !

-Je veux dire que je suis sûr que tu as tout payé ! Tu te fais à chaque fois avoir ! Ne sois pas conne, s'il te plait !

Mais là, c'est Clara qui se met à rire, si fort que cette fois j'en suis certain : elle se fout de ma gueule.

-Attends, Pete ! Te faire avoir, ça c'est TA spécialité !

Mon cœur manque un battement. Cette fois, Clara va trop loin mais je n'ai pas le temps de lui dire de la fermer quand elle s'approche de moi pour me chuchoter :

-Mamie m'a expliqué ce qu'on t'avait fait dans ta jeunesse. Alors s'il y en a bien un des deux qui est con,c'est toi. Maintenant, tire-toi de ma chambre ! J'ai cours demain.

C'est comme si j'avais reçu un coup de poing dans le ventre. Il est vrai que question connerie, je n'ai rien à lui apprendre. Hébété, je m'exécute sans un mot de plus : Yoni n'arrive jamais à répliquer.

Jelly boy (trop mou...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant