City of Stars • jikook

XI

Je me suis à nouveau détesté en me réveillant le lendemain matin.
Les souvenirs et la nausée sont venus me percuter à la seconde où j'ai ouvert les yeux.
Je me suis tourné dans le sens opposé en grognant, le bras lourd autour de mon oreiller,
bien décidé à me rendormir pour oublier.
Mais, sans surprise, Jungkook s'est infiltré dans mes pensées.
J'ai rouvert les yeux, le regard posé sur mon armoire, et après de longues secondes, j'ai soupiré.
J'ai attrapé mon téléphone sans m'en empêcher,
sachant que j'aurais été incapable de me rendormir sans regarder si j'avais le moindre message.

J'ai défilé les notifications qui s'y trouvaient,
l'œil fatigué, mais rien.
Ni de lui, ni du groupe Messenger.

En voyant qu'il n'était que neuf heures,
j'ai compris que j'étais le seul abruti réveillé.

J'ai fini par me lever pour avaler une aspirine,
la tête lourde, pleine de regrets.
Et je me suis retrouvé à parler seul en titubant dans mon appartement, déversant ma haine sur moi même.

«  " J'boirai plus jamais ",
fous toi de ma gueule, ouais. »
Ai-je lâché en balançant une chaussure qui traînait.

Je me suis appuyé sur le chambranle de la salle de bain, l'œil mauvais tourné vers mon téléphone trop muet encore entre mes draps.
J'ai rapidement décidé de le laisser où il était en m'engouffrant dans ma salle de bain.

Une dizaine de minutes après, je m'effondrais dans la mousse et l'eau chaude en soupirant bruyamment.

J'ai posé ma nuque sur le bord de la baignoire,
les yeux posés sur le plafond.

Jungkook et moi ne nous étions pas adressés la parole de la fin de soirée.
Chacun assis à table, l'un sociable à souhait,
l'autre encore un peu plus réservé.
L'alcool s'était un peu dissipé, j'avais réussi à avoir les idées un peu plus claires après avoir mangé.
Whee In avait fini étalée dans le canapé, comme si son âme était à deux doigts de s'échapper.
Hwasa était restée Hwasa, droite et ordonnée, juste assez éméchée.
Hoseok avait tenu sa réputation de buveur et n'avait montré aucun signe de faiblesse, nous servant de cuisto toute la fin de soirée.
C'est lui qui m'a raccompagné, vers quatre heures du matin, puisque j'avais insisté pour rentrer.
Whee In était dans son lit, lorsque nous sommes partis. Hwasa rangeait,
Jungkook l'aidait.
Je suis parti sans le saluer,
parce que je n'avais pas trouvé le courage,
et que je n'en pouvais plus d'angoisser.

Dans mon bain, je me suis redressé.
J'ai passé mes mains sur mon visage, épuisé de l'alcool et des flashs qui me revenaient.
Puis, mon regard s'est posé sur mon bras gauche, abîmé de vieilles cicatrices blanches que je ne comptais plus.

Un vestige de mon passé.
De mon adolescence que j'avais pitoyablement passée à m'étouffer avec mes propres larmes au fin fond de mon lit.
Mon histoire ne différait en rien des vieux clichés.
Au début, je m'en voulais.
Je me promettais d'arrêter avant de recommencer.
Et puis, j'en étais arrivé à souhaiter avoir un problème,
peu importe lequel,
pour avoir une raison de me trancher la peau chaque soir, avec de moins en moins de pitié.

C'est par là que j'évacuais ce stress et ces émotions que je ne pouvais pas exprimer.

Ça fatigue les menaces, les moqueries, les humiliations à longueur de journée.
Ça épuise d'être le dernier choisi en cours de sport, d'entendre les rires dans ton dos avec une craie à la main, face au tableau,
et ça détruit de voir le regard désolé de tes quelques pauvres amis qui se retrouvent aussi incapables que toi de te défendre.