M. Chapitre 24

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Chapitre 24
- Matthew -

Nous sommes prisonniers de ce que nous refusons.

🙏🏻Sa tête a l'air de me dire oui mais sa bouche ne s'ouvre pas pour me libérer de son silence. Au bout de quelques secondes, je me sens con à la regarder comme ça, à la toucher comme je le fais, à la supplier comme mon corps me l'a ordonné.

On est scotché, immobile, il nous est impossible de bouger. Pourtant je sens son esprit revenir à la réalité et je sens encore plus la sueur de nos deux mains se mélanger.

Elle se libère de mon emprise, regarde mon poignet, derrière moi puis mes yeux.

-Je peux pas.

Elle part, me laissant encore plus con que je me sentais déjà. Comme si, elle avait pu oublier qu'on est ennemi, comme si elle avait pu oublier que je lui ai balancé un pot de peinture à la gueule.

J'ai été naïf alors que je m'étais promis de ne plus jamais l'être. Pourquoi est ce que je baisse autant mes gardes avec elle ?

Je peste en insultant tout le monde alors que les passants me regardent. Leur avis m'importent peu à ce moment. J'ai juste été con. Je pensais sûrement qu'on pouvait tout oublier. Mais non. J'avais tort. On oublie pas. Angèle t'a tout faux.

Je vais perdre ma place dans l'équipe.
Ma mère va me défoncer.
En une minute, en trois mots, elle a détruit ce qui me restait pour vivre.

Les gens ne se rendent pas bien compte mais je n'ai plus de père, je n'ai pratiquement plus de mère, mes potes ne sont que des connaissances, je n'ai pas de copines, je ne m'attache à personne. La seule chose qui me restait, avant, c'était le basket...

Je shoot une dernière fois sur les graviers avant de me diriger vers chez moi avec cette envie de tout casser.

🙏🏻Je marche, j'erre, je ne sais même pas vers où je vais.

Je m'arrête devant une porte, d'une grande maison. Je sonne, sans trop savoir pourquoi. Quelqu'un m'ouvre. Mon regard monte de ses petits pieds à ses yeux d'un vert émeraude en passant par sa chevelure blonde tombant dans le creux de ses hanches.

-Matthew ? T'es bien la dernière personne que je pensais voir ici..., rétorque-t-elle.

Mon silence lui fait lever les sourcils. Elle m'invite donc à rentrer d'un geste du bras et je ne me fais pas prier.

-Ta cheville va bien ?, j'essaye de demander en remarquant qu'elle ne porte plus son attelle.

-Hum, ouais à peu près, répond elle gênée. Je n'ai plus mal en tout cas.

Je fais un pas à l'intérieur de sa demeure et son expression change instantanément, de surprise à mécontente.

-Qu'est ce que tu fous ici sérieux ?

-Hum... bah disons que c'est délicat à dire...

En gros ma mère m'a foutu dehors parce qu'elle baisait un autre... Voilà ma vie. Tu me laisses dormir ici ?

-Je peux rester ?, j'ose demander.

Elle m'observe, c'est vrai que je suis dans un sale état : mes cheveux, plaqués sur mon crâne, sont trempés d'un mélange de sueur et d'eau, du coup ils me retombent dans la tronche, mes vêtements sont tachés de boue gluante qui colle, je dois puer la sueur, mon visage a quelques égratignures et est lui aussi tout sale. Bref, c'est pas la grande forme. Physiquement et mentalement.

Si on ne tente rien, on a rien.

NUMBER 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant