M. Chapitre 14

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Chapitre 14
- Matthew -

Même les plus grands ennemis peuvent faire la paix. Seulement cela ne dure jamais.

🏥Ça fait une heure qu'on attend comme des cons. Ethan qui n'arrête pas de pleurer n'arrange rien. Et la tête de la française que j'ai envie d'exterminer non plus. Je sers les poings et me lève pour faire les cents pas. Pas que je sois inquiet, juste que je commence à en avoir marre de ne pas bouger sous prétexte que nous sommes dans un hôpital.

Toutes ces personnes qui pleurent ou qui regardent dans le vide me donnent la nausée. Et puis ces bips constants qui résonnent dans mes oreilles. Argh tout ça me serre le cœur.

Je regarde autour de moi, tout ce blanc à perte de vue, tous ces médecins qui courent pour sauver une vie de plus, tous ces patients qui s'impatientent après leur trois heures d'attente.

Je ne respire plus là-dedans, je dois me défouler sur quelque chose à défaut de pouvoir le faire sur quelqu'un.

-Je vais dehors, préviens-je mon meilleur ami.

Il ne me répond même pas et ne daigne pas à lever sa tête. C'est comme si je n'existais plus. Je prends sur moi et sors.

Dès que l'air frais arrive sur ma face, je me reprends en main. Ma peau frissonne et mes cheveux volent ce qui me fait le plus grand bien.

Il n'y a presque personne autour de moi, si ce n'est pour dire personne. J'observe une abeille qui butine une fleur rose très belle mais qui ne va pas tarder à mourir. L'herbe est taillée à bonne taille toujours au même niveau, le jardin est extrêmement bien entretenu, les fleurs arrangées en bouquets, les buissons taillés, comme si leur seule occupation était de rendre ce lieu joli et plaisant.

En tout cas je comprends que ce soit agréable pour les blessés de venir ici. Un petit patio fleuri rassemble deux, trois personnes âgées au loin.

Je m'assois sur un banc et allume une clope que je place entre mes lèvres.

-Tu ne devrais pas fumer ici, me dit une voix que j'assimile à celle de la française.

-Pourquoi ? Ça dérange personne.

Je continue de faire comme si elle n'avait rien dit et de l'énerver même si elle semble être venu en paix puisque sa voix est plus douce que d'habitude. Mais j'ai besoin de me défouler. Et elle est là.

-Justement tu fais erreur, imagine des gens viennent voir leurs proches atteints d'un cancer des poumons...

Je la démonte du regard et écrase ma cigarette par terre. Elle souffle bruyamment mais ne s'en va pas. Elle semble vouloir rester à mes côtés et pourtant elle ne s'assoit pas.

Elle ne fait que regarder les voitures sur le parking, accostée contre un poteau.

Les voitures sont toutes garées sur la droite, alignée, pas une ne dépassent. D'ailleurs pas une ne semble vieille et usée. Que des riches trainent ici. Je ne me sens soudainement plus à ma place.

Je la regarde très discrètement avant de revenir sur un arbre très haut qui vacille de droite à gauche. Se percher là haut doit être génial.

Personne ne parle donc je me décide à retourner à l'intérieur. Avant de rentrer complètement je lui jette un dernier regard mais elle n'a pas bougé et ne semble pas décider à bouger.

🏥 On nous a viré de l'hôpital parce que les visites ne sont plus acceptées et que ça ne servait à rien de continuer à rester. Des heures qu'on attendait pour être chassé. Heureusement que j'apprécie Ethan parce que sinon je lui aurai déjà cassé la gueule. Mais du coup je me retrouve chez moi à devoir consoler Ethan.

Je lui tapote la dos, manifestement pas très bon pour ce genre de ... choses. Je lui rapporte ensuite un verre d'eau mais il n'y touche pas alors je le bois d'une traite. Bon, ben s'il ne veut pas faire d'effort, on ne va pas y passer toute la nuit.

-Je vais dormir, tu peux rester sur le canap' si tu veux. Mais arrête de chialer comme une mauviette, elle est pas morte.

Waouh, si je me voulais rassurant, ça ne l'était pas du tout. Je peux dire adieu à une potentielle carrière de psychologue. Conseiller les gens sur leurs problèmes relous comme s'ils étaient les seuls à en avoir, me saoulerait plus qu'autre chose.

Heureusement que ma mère n'est pas là, sinon on serait déjà enterré six pieds sous terre. Recevoir des gens sans la prévenir la met dans une colère sombre. Parce qu'elle préfère garder ses activités secrètes.

J'enfile mon pyjama puis me couche dans mon lit. J'attrape ensuite mon portable et lis mes messages. Ma sonnerie retentit pile quand la porte de l'appartement claque, signe qu'Ethan est parti.

-Allô, fis-je ennuyé.

-Mec, Logan s'est fait viré de son poste de capitaine parce qu'il a raté son exam. Le coach n'a pas encore décidé qui prendrait sa place donc il va falloir se battre pour y accéder.

Je raccroche avant même qu'il est pu finir. Je me mets un bras derrière la tête sans réaliser les mots qu'il vient de porter à mon oreille. Je regarde fixement mon plafond qui se voudrait blanc mais qui ne l'est plus vraiment et que, par faute de moyen, on ne repeint pas. J'essaye de me concentrer pour réfléchir mais mon cerveau s'est éteint et se permet de compter le nombre de trous que j'avais fait étant enfant.

La guerre va être terrible dans l'équipe. Je m'imagine deja les cris de ceux qui veulent prouver qu'ils peuvent gérer une équipe. Je souffle en remarquant comme nous pouvons être stupide.

Je baisse les armes, c'en est trop.

Ce n'est peut être qu'un
évanouissement pour certain mais
pour d'autres ce sera l'achèvement d'une vie.

NUMBER 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant