M. Chapitre 46

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Chapitre 46
- Matthew -

You say you love me, I say you crazy
We're nothing more than friends
-Friends by Anne-Marie

🤲🏻 Jamais on aurait du parler de ça. C'est un sujet à dispute. Logan, toujours dans vos pattes pour foutre la merde. J'y crois pas qu'on se soit encore engueulé. Toutes les dix minutes, on se dispute. On n'est décidément vraiment pas fait pour être amis.

Mais là, ce n'est pas ma faute, elle refuse d'avouer qu'elle l'aime. C'est pénible de supporter ses mensonges. Si elle ment sur ça, sur quoi d'autre cacherait elle des choses ? Si c'est ça le concept de l'amitié pour elle, il est erroné. Je préfère partir.

Nous nous dirigeons silencieusement vers la soirée organisée par Ethan. Je marche un tout petit peu devant elle, plus pour la guider qu'autre chose. Elle traîne des pieds et ça m'agace, personne ne l'oblige à venir si elle ne veut pas. J'ai envie de mettre mes écouteurs mais je les ai oubliés.

En plus de son comportement exécrable, j'ai mal au dos à cause de ce sac de cours beaucoup trop chargé.

La route est éclairée par les rayons du soleil qui tape ma peau. De part et d'autre, des maisons se font face. Certaines plus belles que d'autres. Nous passons devant une immense grille noire où on ne voit seulement qu'un petit bout de l'habitat en haut. Une toiture neuve, flamboyante posée sur 4 murs d'une blancheur irréaliste. Des fenêtres au contour blanc aux volets bleus, tout fait penser à une maison grecque typique.

Une autre la succède, beaucoup plus banale. Plus vieille également. Sa porte d'entrée doit être refaite, les murs tombent pratiquement en ruine : de simples pierres posées les unes sur les autres. Aucune peinture, aucune fortification. Comme s'il suffisait d'un coup de pied pour casser cette baraque.

Je tourne à gauche et l'environnement urbain devient plus rural, côté notamment du à la présence d'herbe haute rongeant les terrains, d'arbres gigantesques, et de ronces. Un permis de construire est posé contre un poteau indiquant que la place va être occupée par un immeuble. Raser la végétation pour l'humain.

-Faut que je passe chez moi.

Sa voix aiguë me fait légèrement sursauté. J'avais presque oublié qu'elle me suivait. Je me retourne d'un coup, l'air toujours contrarié.

Ses traits sont tirés, sa bouche détendue, ses sourcils froncés. Elle a croisé ses bras contre sa poitrine pour renforcer son côté mécontent. Ses cheveux, habituellement toujours lâchés ont été remontés en queue de cheval. Pas une seule mèche ne dépasse, tout est tiré vers un élastique noir.

Alors que je la reluque, l'air impatient, son téléphone se met à sonner lâchant les premières notes d'une chanson inconnue à mes oreilles. Elle fouille dans son sac pour finalement attraper son portable qui a fini de vibrer. Appel raté. Elle tape des choses puis plaque son cellulaire contre son oreille.

-Allô, t'as essayé de m'appeler ?

-Oui, bah tu attendras.

-Roh mais non je devais passer chez moi.

Ses sourcils froncés montent pour lui donner une mine exaspérée. Elle lache un soupir en capitulant.

-Ok, ok c'est bon. J'y suis bientôt.

Sûrement Rachel. Elle raccroche en rigolant légèrement. Elle me regarde mais je tourne les talons pour continuer ma marche, lassé.

Nous continuons de passer par pleins de rue pour finalement arriver devant l'immeuble d'Ethan. Un bruit sauvage nous atteint déjà les oreilles cassant le silence habituelle de son hall d'entrée.

Je tape son code que je connais à force par cœur et sonne à l'interphone. Je viens tellement ici que c'est limite si j'ai pas les clés.

Une voix joyeuse me signale l'étage et m'ouvre la porte. je suis prêt à parier qu'Ethan est déjà torché. Faut dire le pauvre ne tient pas beaucoup l'alcool pourtant il se met des races à chaque soirée. Son nombre de cuite ne se compte même plus, il ne rentre pas sur les doigts des mains.

Nous rentrons dans l'ascenseur qui comme à son habitude me donne chaud. Il est tout petit et peu lumineux. C'est la seule chose que je n'aime pas chez Ethan. Je prends les escaliers normalement mais là flemme.

Je ne toque même pas et entre directement dans l'appart. C'est déjà le bordel. Je constate que son frère n'est pas là. Il est habituellement posé sur un pouf guettant l'entrée et le salon mais là, le fauteuil est vide. Il est sympa son frère même si les soirées avec lui sont moins drôles. En fait, elles sont juste moins arrosées. Mais j'aime bien discuter avec lui, il a un côté élevé modèle dissipé que j'admire. Il arrive à retenir tous les cours et avoir de superbes notes alors qu'il n'arrête pas de bavarder. Du coup les profs ne savent pas quoi en penser. Ils sont partager entre l'aimer pour ses capacités et le détester pour son comportement.

Il s'appelle Mike et a 19 ans. Un grand brun qui ressemble étrangement à Ethan. Comme s'ils étaient jumeaux. Pourtant ils ne sont nés ni le même jour, ni la même année.

En temps normal il surveille les soirées -pas de drogue, peu d'alcool, telle est sa devise - puisque c'est pratiquement que son appartement. Mike et Ethan vivent ensemble, quittant le cocon familial pour s'adoucir au bonheur de liberté. Mon ami n'étant pas majeur et n'ayant pas de travail c'est son frère qui paye leur logement. Et il faut dire qu'ils ont assurés pour le choix. Ils ont trouvé un logement 2 chambres, 1 salon pour pas cher dans un immeuble pas degueu.

A peine je pose mon pied dans l'enceinte de l'habitat qu'on me complimente déjà. Je souris faussement à chacun en serrant et en tapant les mains de mes connaissances.

La française me suit de près pour passer à travers le chemin que je fraye. Je sens son corps proche du mien. Elle traîne toujours des pieds : toute mon excitation montée, redescend.

Rachel nous regarde un par un, remarquant qu'il se passe quelque chose. Elle prend son amie à part en la tirant vers la cuisine.

La musique est forte, je n'arrive pas à entendre les gens me parler. Je me demande comment les voisins peuvent ne pas se manifester avec un tel bruit. Sont ils sourds ?

Je vais chercher un verre dans la kitchenette. La française est en train d'en remplir quelques uns avec de d'alcool. Étant donné que je ne peux même plus la voir en peinture, je me tourne pour regagner le centre du salon.

🤲🏻Je quitte la piste de dance pour aller m'assoir sur un banc sur le balcon. J'ouvre la porte vitrée pour découvrir qu'il n'y a pas grand monde dehors. Quelqu'un pleure. Je me dirige vers le bruit pour constater que c'est Rachel.

Elle se jette sur moi en criant « elle est morte » comme une folle implorant et révélant ses plus sombres secrets.

De quoi parle t-elle ?

Elle est morte

NUMBER 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant