M. Chapitre 70

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Chapitre 68
- Matthew -

I was thinking I could fly to your hotel tonight
'Cause I can't get you off my mind
-Lost in Japan by Shawn Mendes

⚰️Comment c'est possible ? Je ferme les yeux en continuant de marcher sans but. Mes pieds bougent tout seul même si mon corps est dénué de force et ne demande qu'à s'effondrer.

Elle n'est plus là...

Elle, qui m'a appris tant de chose.
Elle, qui est si gentille.
Elle, qui me soutenait tout le temps.
Elle, qui me conseillait.

Disparue.

Je ne peux pas le croire, il doit forcément lui rester une chance de survivre.

Pourquoi elle ? Elle ne faisait de mal à personne, elle vivait sa vie paisible dans l'ombre mais jamais ça n'a eu l'air de l'impacter.

On s'est rencontré en maternelle quand on avait 5 ans. Elle était si belle. Je la revois encore toute fine dans son corps d'enfant avec ses bouclettes en train de répondre parfaitement à une question. Elle avait ce caractère sage en classe, démon à l'extérieur.

On faisait que des bêtises tous les deux. Je me rappelle un jour, on s'était caché sous des tables pour ne pas aller dans la cour pendant la récré parce qu'il faisait trop froid dehors. On avait réussi à rester à l'intérieur, au chaud, à manger des bonbons.

Et puis à 13 ans elle est partie, ça a été dur de quitter ma plus grande acolyte. On s'était promis de se contacter. Mais bon, j'étais jeune, je ne me rendais pas compte que, quand on allait se revoir, tout allait avoir changé.

Son physique n'était plus pareil. Plus de magnifiques bouclettes, plus de corps d'enfant aux tailles parfaitement proportionnées. Elle n'était plus la jolie fille qui faisait tomber tous les garçons amoureux d'elle. Au lieu de ça, elle avait de grosses cernes, des yeux bouffis qui hurlaient une détresse que je n'ai pas su voir, des cheveux emmêlés toujours attachés, des joues rouges marquées par des cicatrices.

Elle était toujours aussi gentille mais beaucoup plus timide. Ce caractère mi-sage, mi-méchant, que j'adorais a disparu pour ne laisser qu'une personne dépourvue de tous sentiments. Une âme vide errante. Elle ne riait plus, ne venait plus me voir.

On s'est éloigné. Énormément. Mais je n'ai pas fait plus d'effort pour la récupérer, mettant ceci sur le dos de l'adolescence. J'avais mes amis. Elle était solitaire.

Mes pieds se stoppent d'un coup et j'ai l'impression d'enfin respirer quand j'arrive sur la falaise en haut de laquelle elle a perdue la vie. J'observe le ciel, pensant qu'elle doit y être.

Je l'aimais tellement. On n'avait pas l'habitude de se le dire mais maintenant qu'elle n'est plus là...

Je regrette tellement de choses.

Elle me manque déjà.

-Comment je vais faire sans toi ?

Une larme coule le long de ma joue lentement. Elle descend dans mon cou puis tombe et s'écrase au sol.

Je m'approche pas à pas de l'endroit où elle s'est tenue avant de s'en aller.

D'autres larmes roulent, dévalant mon visage à plus grande vitesse.

Mes pieds viennent toucher le bord du précipice. J'admire pendant un moment, une dernière fois, la ville en pensant à tout ceux qu'elle a laissé.

Je tends la main, comme si je pouvais la toucher. Son visage apparaît d'un coup puis disparaît la seconde suivante. Je ferme les yeux en laissant tomber mon bras le long de mon corps.

Mes pieds avancent d'un millimètre. Je les regarde ; mes chaussures sont à moitié dans le vide. Puis je baisse la tête pour observer où elle s'est donné la mort.

Ma main essuie quelques gouttes sur mon visage mais d'autres apparaissent aussitôt.

Une main m'agrippe soudainement le poignet. Une peau douce agréable à toucher, sans brutalité celle-ci me retient.

Je lève la tête et tombe nez à nez avec Justine.

-Je savais que je te trouverais là. J'ai appris ce qu'il s'est passé, tu veux en parler ?

Sa voix est si tendre, ses mots alignés dans un ordre réfléchi préalablement, son visage si innocent.

Sans lui répondre, je plonge dans ses bras. Sa main quitte mon poignet et vient se loger dans mon dos. Elle me fait quelques bisous dans le cou alors que mes larmes continuent de couler.

-Ne m'abandonne pas, soufflé-je a son oreille une fois calmé.

-Jamais, chuchote-t-elle en me caressant les cheveux.

⚰️ -Suis moi.

Elle m'attrape le poignet pour me faire traverser tout le lycée. Je la suis sans broncher. Dire qu'hier elle était avec moi et qu'aujourd'hui elle a disparu...

On arrive devant le casier de Kate habituellement bleu. Il a été recouvert de photos, de cœurs, de cartes postales.

Mon sang boue, je sers les poings pour éviter de leur massacrer la tête. Leur terre d'élèves heureux d'avoir fait joujou avec une colle et une paire de ciseaux me tué intérieurement.

-Vous être tous des hypocrites, vous n'avez que faire de sa mort, vous l'avez tous voulu et voilà le résultat. C'est vous qui auriez du mourir plutôt qu'elle.

Je pars furieusement vers un endroit beaucoup plus calme, énervé comme jamais.

Tu te maquilles, effaces tes cernes, pour paraître bien,
Tu mets la dose de produit pour couvrir ton chagrin,
Et face à la glace tu t'entraînes à faire ton plus beau sourire,
Pour que personne ne se doute que t'as juste envie de mourir.
-Ta meilleure amie by Ornella Tempesta

NUMBER 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant