Impossible

Chapitre 13 : Une petite mise en garde

Une dizaine de minutes plus tard, Carlos arriva enfin au pied du dortoir des filles, son sac sur l'épaule et deux boissons à paille dans les mains.

Il monta gaiement les escaliers en fredonnant la fameuse chanson qu'on avait attribué à sa mère, dodelinant de la tête sur les côtés et s'appuyant sur les marches au rythme de sa mélodie très sympa. Puis ses fredonnements se transformèrent en sifflotements, permettant de mieux reconnaître l'air et de reprendre un peu de souffle dans sa monte d'escaliers bien rythmée, même s'il prenait son temps. Mais alors qu'il s'apprêtait à entrer dans la cage d'escalier, ses chantonnements se glacèrent sur ses lèvres lorsque son regard croisa celui d'Audrey et de sa bande, qui discutaient en descendant. Elle était accompagnée de Ruby, Lonnie et Ally. Le petit groupe de filles était regroupé sur deux ou trois marches, et lui bloquait totalement le passage en s'étant de même arrêté. La fille d'Aurore croisa les bras sur son uniforme de pom-pom girl en le regardant.

« Tiens tiens tiens ! Qu'est-ce que tu fais là, le sac à puces ?

Un petit silence s'abattit dans la cage d'escalier. Carlos ne pouvait pas dire qu'il partait voir Anna, ni mentir en avouant qu'il aimait trainer seul dans le bâtiment des filles avec deux smoothies pour lui seul.

- Je viens prendre des nouvelles d'Evie. dit-il en restant calme. Et vous ?

- On allait redescendre faire la chasse au cavalier. répondit froidement la jeune princesse.

- Au fait, si tu trouves Evie, tu pourras lui passer la commande de ma robe ? s'enquit Ally. J'en veux une originale de couleur bleue et blanche, avec du tulle pour la jupe et du satin incrusté de pierres précieuses pour le buste. Mais surtout, qu'elle ajoute le plus de détails farfelus possible !

- Et pourquoi pas des extensions de cheveux de couleur turquoise et orange pour aller avec, pendant que tu y es ? se moqua la descendante de Raiponce.

- Je lui en parlerai. répondit Carlos sur le même ton qu'avant.

Puis, ne saluant que Lonnie, il passa devant le groupe et repris son chemin, tandis que les filles descendaient les marches. Quand soudain, Audrey leva la tête et le vit entrer dans le couloir du premier étage.

- Dis donc, Carlos ! La chambre d'Evie, ce ne serait pas plus haut, par hasard ? lui cria-t-elle avec un regard plissé, les poings sur les hanches.

Le garçon de dos s'immobilisa un moment.

- Si.

Son regard doubla de noirceur.

- Alors pourquoi tu passes par le premier ?

- Parce que... j'aime bien... longer les étages... avant de prendre un autre escalier.

Audrey sentait que quelque chose n'allait pas. Cela se sentait comme du poison sur la quenouille d'un rouet, et elle n'aimait pas ça. Bien qu'elle le qualifiait sans cesse d'étrange, il y avait tout de même des limites qui arrivaient au mensonge, qu'il entrait au premier étage pour une tout autre raison. Mais pressée de partir à la recherche d'un cavalier pour le bal, elle n'insista pas dans ses soupçons et se contenta de pouffer :

- D'Enfer, tu seras toujours aussi bizarre et répulsif qu'une auradonnaise qui porte une jupe sur un legging.

Et c'est ainsi qu'elle se remit à dévaler les marches, suivie par les autres descendantes avec un mouvement de tête. Mais Lonnie, elle, n'avait pas quitté Carlos des yeux et semblait aller dans le sens inverse de ses camarades.

- Lonnie ! l'interpella sa chef de bande.

- Une minute, j'ai oublié quelque chose dans la chambre. mentit la chinoise. Descendez, je vous rejoins tout de suite.