Chapitre 24 : Concessions amoureuses

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De son côté, Carlos était sorti du dortoir masculin avec Camarade au bout de la laisse, histoire de se changer une énième fois les idées, après la journée à laquelle il avait eu droit aujourd'hui.

Savourant le lent coucher de soleil seul avec son meilleur ami à quatre pattes, le garçon avait ainsi parcouru le terrain de Tournoi et longé les limites de la forêt qui s'y étendait autour, avant de revenir sur son chemin et repasser vers la clairière qui servait de cantine extérieure.

C'est alors non loin de celle-ci, qu'il aperçut, grâce aux jappements de Camarade, une jeune blonde de dos isolée sur le terrain d'herbe verdoyante, semblant répéter difficilement les pas du Broken Tango Auradonnais, ses pieds paraissant s'empêtrer de plus belle dans ses souvenirs confus.

De là où il se trouvait, il pouvait l'entendre murmurer les temps de rythme pour tenter de se retrouver dans les mouvements de la danse. Il ne semblait y avoir plus personne à part eux sur les lieux extérieurs, le reste des étudiants ayant regagné leurs chambres respectives pour se préparer au dîner collectif.

La remarquant bientôt en détresse totale dans ses répétitions improvisées, le jeune D'Enfer entreprit alors de lâcher Camarade – afin qu'il se dépense un peu dans le périmètre – et ainsi s'approcher tranquillement de la jeune fille avec amusement :

« Tu veux un peu d'aide pour réviser ? » s'enquit-il alors qu'il était à présent tout proche de sa silhouette de dos.

Mais lorsque l'adolescente en robe vert pâle se retourna pour lui faire face, le petit sourire amusé de Carlos s'estompa en mine stupéfaite, découvrant à sa grande surprise que cette fille au look si soigné et princier, c'était Mal.

« M-M-Mal ? blêmit-il. Mais... Mais qu'est-il arrivé à tes... (il fit tourner sa main au-dessus de sa propre tignasse pour désigner les cheveux de son amie, qui à cette heure n'étaient plus mauves et mi-longs, mais blonds et dont les extrémités lilas descendaient jusque dans son dos) Et puis ton... (il bougea ensuite son index de haut en bas devant lui pour désigner cette fois-ci son accoutrement, qui ne ressemblait certainement pas au look pointu qu'elle avait l'habitude de porter depuis sa naissance) Mais... Je... Tu... Tu peux m'expliquer ?!

Carlos était perdu. Présentement, la fille de Maléfique ressemblait beaucoup plus à l'ennemie de cette dernière, Aurore, plutôt qu'à la Maîtresse du Mal elle-même ! En effet, elle avait troqué son blouson en cuir prune ainsi que son jean troué pour une robe vert pâle évasée à doublure en mousseline, et changé ses sombres bottines à clous pour des compensées beige à brides.

- Je... je ne comprends pas ! reprit le garçon. Tu ressembles comme deux gouttes d'eau à-

- Ne le dis pas ! le coupa Mal en le pointant du doigt avec défi, sa voix autoritaire tranchant totalement avec son nouvel aspect physique.

En scrutant le visage toujours inquisiteur de Carlos, elle soupira quelques secondes plus tard en baissant son index.

- J'en avais assez que Ben se fasse critiquer par tout le royaume comme quoi il sortait avec une fille, qui, si elle venait à devenir sa reine, était très loin d'y ressembler, alors j'ai profité de mon grimoire pour me relooker.

Camarade revint vers eux en aboyant et se mit à tourner autour de la jeune fille pour lui renifler les chevilles. C'était dire si lui aussi avait du mal à la reconnaître malgré son odeur familière.

- Donc tu as changé pour Ben ? reprit Carlos. Ce look que tu repoussais avec dégoût depuis toujours, tu finis par l'adopter, là, maintenant, juste pour lui faire plaisir ? Mais... pourquoi ?

Mal haussa alors les épaules, comme si c'était une évidence.

- Parce que je l'aime, tout simplement. répliqua-t-elle tristement, malgré une part de fierté qui germait en elle alors qu'elle repensait à son amoureux. C'est un superbe roi alors il mérite une princesse tout aussi parfaite ! Et pas... une fille de l'île qui rappelle rien que par son look la méchante fée pourrisseuse de vies qui lui sert de mère...

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