Impossible

Chapitre 10 : Un secret à garder (partie deux)

Carlos venait de pénétrer dans la chambre et restait maintenant immobile, s'étant subitement arrêté dans ses paroles, la bouche encore entrouverte. Un silence s'abattit dans la pièce, les trois adolescents se figeant dans leurs actions pour se fixer, leur expression faciale diffusant un sentiment de surprise. Carlos doutait de sa vue : Était-ce Anna ? Était-ce Riley ? Ou était-ce une imposture tout court ?

Devant lui se trouvait une jeune fille avec des cheveux couleur miel, un œil bleu, l'autre vert, en haut une robe beige, en bas un jean grisâtre troué et taché, des pieds nus aux ongles à moitié vernis (tout comme pour les mains), une perruque brune devant ces derniers et une lentille de couleur émeraude entre les doigts. Sans compter un étrange bidule en arrière-plan, entouré d'outils et de câbles entremêlés.

Après quelques secondes de silence, brisées par les irrésistibles petits aboiements de Jewel envers la doggy-sitter, cette dernière se mit enfin à parler :

- Tu... tu aurais pu frapper ! lança-t-elle au jeune homme, essayant de masquer sa peur par une colère hésitante.

- En réalité, j'ai frappé trois fois. répondit doucement celui-ci. Mais personne n'a ouvert, alors...

Lonnie savait très bien que Carlos aurait aimé commencer toute conversation par "Quelle est donc cette mascarade ?", mais le gardait pour lui par politesse.

- Ben, c'était pas très malin ! fit remarquer la jeune fille.

Si seulement ma machine marchait pour avoir la gentillesse d'effacer "comme par magie" ce moment... se disait-elle, angoissée.

- J'étais simplement venu pour te ramener Jewel, étant donné qu'elle se baladait seule dans les couloirs... mais maintenant que je fais face à cette situation embarrassante, ai-je la permission de demander ce qui se passe ?

Les deux descendantes s'échangèrent un regard.

- Eh bien... commença la fille de Mulan, c'est assez compliqué et étrange à expliquer mais...

- Lonnie ! Anna ! s'exclama soudain une voix féminine venant des couloirs, les coupant net une seconde fois.

- Audrey ! s'affola la fille aux cheveux châtains, tirant le garçon dans la chambre pour refermer la porte.

- Il ne faut pas qu'elle entre ! dit Lonnie en se tournant vers elle, Sinon on devra expliquer trois choses inexplicables : pourquoi tu es habillée comme ça, pourquoi y a-t-il tout ce bazar ainsi que Carlos dans la chambre, et le pire, que fait cette machine et ces outils de bricolage près de ton lit !

Ils se mirent tous à chercher un endroit où cacher tout ça.

Encore indécise alors qu'Audrey était sur le point de frapper à leur porte, la jeune fille cessa de réfléchir, poussa Carlos dans le placard et s'y cacha également. Quant à Lonnie, elle essaya tant bien que mal de camoufler l'œuvre inachevée de sa colocataire avec une couverture et balança la perruque dans le tiroir de la table de nuit.

« Les filles, c'est moi ! Ouvrez ! » entendait-on à travers la porte, entre plusieurs frappes.

Dans l'armoire, entre les cintres vides ou portant des robes, les deux descendants étaient collés l'un contre l'autre involontairement, l'index de la jeune fille posé sur ses lèvres pour implorer le silence du jeune homme.

Après quelques secondes, suite à avoir tout arrangé dans la chambre, Lonnie fut obligée d'ouvrir la porte à sa chef de bande, évitant ainsi une de ses grosses colères (qui arrivaient si rarement mais étaient très puissantes).