Chapitre 21 : La famille d'Anna (partie une)

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Au final, Carlos arriva en trombe dans le dortoir des filles avec trente-cinq minutes de retard.

En effet, il avait eu besoin d'une bonne heure pour digérer les faits et se laisser habiter alternativement par différentes émotions, une fois que ses trois amis de l'île l'eurent laissé seul dans sa chambre, sous sa demande.

En tout, le descendant était passé par quatre phases : la phase de la colère, qui lui avait fait balancer ses oreillers contre le mur depuis son lit en étouffant des jurons de toute sorte, puis la phase de la tristesse, durant laquelle il caressait son chien pour se calmer tout en priant le ciel pour que ce soit une blague et que rien de tout cela n'était vrai, suivie de la phase du stress, où il avait commencé à se préparer pour son rendez-vous avec Anna, mais paniquait tant qu'il avait dû changer de chemise à plusieurs reprises à cause de la nervosité qui le faisait transpirer abondement, et enfin, la phase du désespoir, qu'il avait consacrée à l'attente d'une miraculeuse apparition du Chapelier Fou, espérant de tout cœur que ses paroles philosophiques bien que tordues lui vinssent en aide - pour une fois qu'il était consentant de les écouter -, mais malheureusement, ce dernier semblait aujourd'hui le laisser se débrouiller seul - ce qui était étrange et bien embêtant, ce coup-ci...

En déambulant dans le couloir du premier étage, Carlos hésita beaucoup à se retrouver devant la porte de sa colocataire. Il gesticulait comme si deux personnes débattaient en lui : dès que l'un le poussait à avancer, l'autre le tirait en arrière avec une raison de plus de se montrer lâche. L'espace d'un instant, on l'aurait imaginé en train de peser le pour et le contre de la situation avec un mini Carlos ange ainsi qu'un mini Carlos diable de part et d'autre de ses épaules, tout comme c'était auparavant le cas pour Kronk, le sbire simplet d'Yzma !

Puis arrivé devant la bonne porte, il décida de se reprendre, et alla même jusqu'à se donner une baffe... ce qui au final ne lui apporta pas beaucoup, hormis un long « Aow... » murmuré, tandis qu'il portait sa main à sa joue pour faire passer la douleur qu'il s'était infligée.

Cette dernière s'estompant doucement sous les frottements de ses doigts, le garçon se rendit ensuite compte que la porte de la chambre de sa co-équipière demeurait entrebâillée, et que, de là, il pouvait en percevoir sa voix ainsi que quelques couinements animaux. Curieux de savoir ce dont elle pouvait bien parler, il tendit alors l'oreille en fixant le filet de lumière qui s'échappait de la légère entrouverture.

La jeune fille semblait dialoguer avec une femme, mais la voix de cette dernière se faisait très peu entendre, ce qui permit à Carlos de déduire qu'Anna était (une seconde fois) en correspondance avec sa mère : Anita.

En réalisant cela, ses yeux s'écarquillèrent.

Derrière cette porte, c'était bien la voix de LA Anita Radcliffe qui résonnait depuis un téléphone mis en haut-parleur ! Décidément, cette histoire de Radcliffe ne le quitterait pas de la journée...

Terrorisé, Carlos eut soudain l'envie d'opter pour l'option "fuite à toute vitesse" ! ...Mais resta étrangement devant la porte, lorsque la voix d'Anna reprit doucement. Elle semblait le retenir, et ses petits rires le calmaient étonnamment. Alors sans tenir compte de son impolitesse à écouter aux portes, il se laissa apaiser au fur et à mesure par les nouvelles qu'elle donnait à sa maman :

« Ben écoute, moi ça va... » entendait-il à travers la porte. « Oui, oui, Jewel va bien ! Elle mange bien, elle dort bien, elle s'amuse bien avec les autres chiens... Tiens attends, je vais te la montrer. Jewel ! (Il l'entendit taper des mains puis émettre un son avec les lèvres pincées, comme pour attirer son attention) Jewel, viens là ! ... »

On entendait de petits bruits manifestés par la dalmatienne en question. Carlos sourit doucement alors que son rythme cardiaque redescendait petit à petit, déduisant, par ce qu'il entendait, qu'Anna était en appel vidéo.

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