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Lise

La respiration saccadée fait son apparition lors des premières secondes après la claque psychologique. Viennent ensuite les vertiges et la sensation que je peux m'évanouir à tout moment. Cela donne une Lise au bord du lit avec une grande difficulté à respirer. J'imagine que c'est une réaction assez adéquate au vu de ce que je suis en train de vivre. Comment auriez-vous réagi en apprenant que vos parents... Eh bien, qu'ils ne sont pas vos parents ? Qu'ils vous ont menti pendant dix-sept ans ? Et que la seule raison pour laquelle vous ayez appris la vérité c'est parce qu'une garde royale a débarqué chez vous pour balancer l'étonnante nouvelle ?

Je n'ai pas voulu le croire, qui l'aurait voulu. Mais cette envie, aussi forte soit-elle, est battu par k. o à cause de l'honnêteté qui se lit sur le visage de ce type. Il respire la franchise à plein nez et je sais, au fond de moi, qu'il n'y a aucune raison pour que je puisse nier l'évidence, surtout après les événements s'étant déroulés dans le salon.

— Lewis ! s'écrie-t-il. Apporte de l'eau et un sac en papier !

Et c'est là que je me mets à pleurer, ce qui rend la respiration encore un peu plus compliquée, voire impossible. J'essaie de trouver le moment pour inspirer, mais les larmes sont si abondantes que je manque d'oxygène au bout d'une dizaine de secondes. Je vais mourir de tristesse. Littéralement. Mais aussi de colère et de choc. Mourir d'un trop-plein d'émotion, ça existe ?

Les pas du dénommé Lewis se font entendre très rapidement. J'ai la vue si brouillée par les larmes qu'il m'est impossible de discerner autre chose que le vinyle gris à mes pieds et l'angoisse obstrue mes autres sens peu à peu. Je sais où je suis, mais je ne suis pourtant plus là. Je ne suis plus là, je ne suis plus moi. Je ne sais plus rien. Rien n'est vérité. Tout est obscurité.

Un contact physique me fait un peu sortir de mon état déplorable et je comprends ce qui est en train de se passer. Aiden Sutton agite fébrilement le sac en papier au plus près de mon regard.

— Respirez là-dedans, m'ordonne-t-il.

Il est alarmé par ce qui est en train de m'arriver. C'est du moins ce que j'arrive à apercevoir lorsque des larmes s'écrasent sur mes joues et m'offrent une seconde de répit.

Le chef de la sécurité attrape mes mains et m'oblige à tenir l'objet avec les miennes, il les approche ensuite de ma bouche, me contraignant à lui obéir. Je me force donc à respirer dans le sac à papier, sans trop savoir comment ce processus pourrait m'aider à aller mieux.

Cependant, au bout de quelques minutes, je suis forcée de constater que mes sanglots se sont atténués et que j'arrive à insuffler de l'air dans mes poumons plus calmement. Ce n'est pas encore parfait, mais je peux enfin voir le visage de cet homme qui a tout détruit.

— Ce n'est pas possible, marmonné-je, encore déboussolée. Vous racontez n'importe quoi. Vous ne pouvez pas débarquer chez moi et... et dire des choses pareilles ! Je ne peux pas croire ce que vous dites. C'est beaucoup trop... délirant. Vous êtes fou ! Voilà ce que vous êtes.

— Je regrette de vous l'avoir dit de cette manière, m'avoue-t-il abattu. Malheureusement, cette tâche me revenait et je suis conscient de ne pas m'être pris de la meilleure façon. Cependant, je crains qu'au vu la révélation, elle aurait été accompagnée de choc, qu'importe les mots que j'aurais pu employer.

— Vous n'êtes pas doué pour les excuses, laissé-je échapper entre deux gémissements.

— Je sais...

Je laisse quelques minutes s'écouler, me laissant le temps de sécher mes joues humides et de les mouiller à nouveau, par une seconde vague de larmes. Ce moment de silence me permet de reprendre mes esprits et d'attraper, au vol, toutes ces incertitudes que je ressentais au fond de moi. C'est encore trop tôt pour les partager, trop tôt pour réfléchir. Mais m'en souvenir m'aide un peu.

Nos Années Volées ▬ Tome ✯ ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant