Lise
Je dois me contenter que d'une quinzaine de chansons, ayant dû changer d'ordinateur après que l'autre ait été infestée par un bon nombre d'antivirus. Cela ne fait que quinze jours que j'ai celui-là et, entre les devoirs et la flemme, je n'ai pas trouvé urgent de refaire ma playlist. Si j'avais su !
Oh si j'avais su, j'aurais téléchargé un bon nombre d'albums des groupes de rock des années 70-80, mais aussi un best of d'Abba qui aurait réussi, sans conteste, à me faire danser et chanter à tue-tête. Il n'y a rien de mieux que « Dancing Queen » pour m'emmener dans un autre univers et m'anesthésier de tout ce sentiment.
J'insère mes écouteurs, active le son à fond et lance la première musique. Durant les quarante-cinq prochaines minutes, il faut qu'il m'oublie. Il faut me laisser tranquille. Un moment de répit, sans garde, sans eux, sans d'autres nouvelles, c'est tout ce que je demande.
Installée confortablement dans le lit - dont je commence à apprécier la qualité -, je laisse les mélodies envahir chaque cellule de mon corps. Les yeux fermés, je pourrai presque penser que je suis ailleurs, par exemple dans la chambre que j'ai occupée pendant plus de seize ans. Presque, car la réalité reste ancrée dans un coin de ma tête, que je le veuille ou non. Une réalité qui me rattrape d'autant plus vite lorsque, une vingtaine de minutes après le début de mon aventure musicale, une petite voix me pousse à ouvrir les yeux et à « contempler » la pièce ». Je sursaute, arrache ma paire d'écouteurs et, la main sur le cœur, je me retrouve debout, à côté du lit, surprise par cette intrusion et l'homme qui se tient devant moi.
- Non, mais vous êtes dingue ? je m'exclame encore sous le choc. Vous voulez que je fasse une crise cardiaque ? Vous auriez pu... Non, je n'ai rien dit. Vous avez sûrement frappé et je n'ai rien entendu.
- J'ai bien dû toquer une dizaine de fois, en effet, me confirme un Roi à la voix moins froide que toute à l'heure.
Nous nous regardons silencieusement. Je dirai même que nous nous toisons. On attend de savoir lequel va reprendre la parole. Ma logique patiente. C'est lui qui débarque, c'est à lui d'expliquer sa présence. Je n'ai rien à dire de plus que toute à l'heure ou je n'en ai en tout cas pas la force.
- Je venais savoir si tu étais bien installée, exprime-t-il avec une certaine distance.
- Si vous voulez savoir si le lit est confortable, j'imagine qu'il l'est. Je n'ai pas encore eu le temps de juger de sa qualité durant cette première nuit éprouvante.
- Es-tu toujours aussi directe ?
- Êtes-vous toujours aussi froid ? je rétorque aussitôt.
Je n'arrive pas à savoir pourquoi, mais il me fait sortir de mes gonds. Je n'ai jamais été comme ça, à répondre, à attaquer. J'ai toujours évité le plus possible les rivalités et les disputes. Cela ne me ressemble pas.
- Non, me répond-il.
Ses yeux sont devenus tristes en l'espace d'une seule seconde. Ou plutôt, à cause d'une seule question. Non, je dis n'importe quoi. C'est à cause de moi, tout simplement.
- J'ai conscience de ne pas avoir réagi de la meilleure façon lors de notre première entrevue et je m'en excuse. La situation est délicate. J'agis avec prudence et distance. Dans le même cas, c'est pour la colère que tu as opté.
- Je ne suis pas certaine d'avoir opté pour quoi que ce soit ces dernières vingt-quatre heures.
- Certainement pas consciencieusement, c'est évident. Tout comme moi, c'est ton mécanisme de défense.
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Nos Années Volées ▬ Tome ✯ ©
Teen FictionLa vie n'est pas toujours ce qu'elle paraît et, du jour au lendemain, elle peut changer du tout au tout. C'est ce qu'a compris Lise Devereux, lorsqu'en arrivant dans son salon, elle a vu ses parents entourés par près de huit gardes armés. Mais c'es...