Nos Années Volées ▬ Tome ✯ ©

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Adélaïde

Nous avons fini par nous installer dans un des canapés de sa chambre, le sol refroidissant mes jambes à vitesse grand V. Lilianna m'a attrapé la main sans attendre. Je crois qu'elle a peur que je disparaisse d'un coup de baguette magique.

— Tu vas donc rester au palais ? m'interroge-t-elle.

— C'est bien l'idée, acquiescé-je avec un sourire.

— Oh papa, pitié, est-ce qu'elle peut avoir la chambre à côté de la mienne ? se tourne-t-elle vers lui.

— Je refuse d'être celui qui répond à cette question. Tu devrais directement demander à la principale intéressée.

— Est-ce que tu veux bien occuper la chambre à côté ? me questionne-t-elle sans attendre.

— Je pense que c'était déjà prévu !

— Oh et j'ai tellement hâte de te présenter à madame Simmons, tu verras elle est...

— Lilianna, intervient le roi. Pour le moment, personne ne doit être au courant de l'existence d'Adélaïde. Pas tout de suite, nous l'annoncerons à tout le personnel dans les prochains jours. Nous devons régler certains détails avant de pouvoir en parler.

— Je serai muette, papa, je le promets. Pouvons-nous nous faire une soirée cinéma tous les cinq ?

— Désolée chérie, mais nous avons d'autres plans pour ce soir.

— Quels plans ?

— Un dîner familial. Pour annoncer la nouvelle à toute la famille.

— Alors, demain soir ?

— Nous en parlerons avec ta... votre mère.

— D'ailleurs, où est-elle ?

Nous échangeons un regard plein d'embarras lui et moi. Il ne lui faut pas longtemps pour que ça lui mette la pue à l'oreille.

— Elle est partie voir Philippe ? Est-ce que tu l'as déjà vu ?

— Non, je réponds. C'est justement pour ça qu'elle est partie le voir en premier.

— Oh...

Sa réaction ne me rassure pas. Si, du haut de ses douze ans, Lilianna apparaît aussi peu confiante en ce qui concerne son frère aîné, ça ne présage rien de bon pour moi. Mais pourquoi est-il réfractaire à ma présence ? J'aimerais bien savoir ce qui se passe dans sa tête. Du moins, pas tout de suite. Je préfère me concentrer sur elle pour le moment.

— Qui d'autre est au courant pour toi ? m'interroge-t-elle. Dans la famille ?

— Seulement Ernest. Enfin, je crois.

Je jette un regard à notre père, cherchant une quelconque approbation. Je n'y vois que du tourment et il ne fait aucun doute qu'il s'agit de mon jeune frère. Son regard se pose sur moi, le ramenant dans la conversation.

— Il n'y a qu'Ernest qui est au courant pour moi, c'est bien ça ? réitéré-je avec le regard soutenu.

— Oui, c'est exact. Enfin, j'espère qu'Eloïse ne lui a pas soutiré l'information. Elle peut être revêche lorsqu'elle est inquiète ou dans l'ignorance. Si elle est au courant, ce n'est pas bien grave. Si elle est douée pour trouver les informations, elle est encore plus douée pour les terrer et ne les ressortir qu'au bon moment.

— Les grands-parents n'en savent donc rien ? s'étonne Lilianna. Ni Tante Victoria ?

— Personne ne le sait Lili.