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Hello ! J'ai pas eu le temps de publier les arbres généalogiques, mais ce sera fait cette semaine. C'est promis. Ce sera également mis au début du tome 2 si vous en avez besoin. Des bisous, bonne lecture et bon début de semaine ♥



Adélaïde

On m'a proposé de trouver d'autres vêtements à ma taille pour passer l'après-midi en compagnie d'une partie de ma famille. J'ai voulu accepter, mais je me suis finalement ravisée. S'ils doivent m'accepter, c'est avec les seize dernières années qui se sont écoulées et ça comprend mon style vestimentaire bien loin du leur. Je suis donc restée en pull à l'effigie de super-héros et d'un jeans. Quand Élise m'aperçoit, elle ne peut s'empêcher d'avoir un rictus choqué, qu'elle tente de dissimuler grâce à un sourire : c'était trop tard, j'ai vu sa grimace. Charles, son époux, n'a pas l'air d'être d'en avoir vraiment quelque chose à faire. Toute son attention se tourne sur mon visage qu'il encercle de ses deux paumes chaudes. Je prends sur moi pour ne pas avoir un mouvement de rejet : j'ai encore du mal avec les contacts physiques, moi qui étais pourtant une adepte du câlin dans mon ancienne vie.

— Ma belle-petite-fille, me chuchote-t-il avec chaleur. Nous n'avons pas beaucoup pu parler hier soir. Je suis Charles, ton grand-père.

— Oui, je sais. Lilianna est ma professeure de généalogie, je blague.

J'adresse un sourire à la principale concernée, à quelques mètres de moi, prise dans les mailles de grand-mère Élise. Mon sourire disparaît d'ailleurs lorsque mes yeux se posent sur elle. Je n'ai pas eu droit à un bonjour aussi amical de sa part et j'en ai un pincement au cœur.

— Ma femme est un peu compliquée à cerner, m'apprend Charles. Voilà presque cinquante ans que nous sommes mariés et j'ai l'impression de la découvrir chaque jour.

— Ça doit être épuisant, non ?

— Oh non ! Ce qui serait épuisant, ce serait plutôt la routine.

Je hoche la tête, parfaitement en accord avec ses propos qui me ramènent inexorablement à ma vie si ennuyeuse d'il y a quelques semaines. En y réfléchissant, j'avais l'impression d'être un fantôme, d'être fatiguée d'une vie qui commençait pourtant à peine.

— Comment te sens-tu ?

Je ne m'attendais pas à cette question qui détonne de celles d'hier soir. La plupart étaient centrées sur ma façon de vivre, mes parents-kidnappeurs et les renseignements qui s'étaient montrés très loin d'être à la hauteur. À vrai dire, ce dernier sujet n'avait pas fait l'objet de beaucoup de questions, surtout de critiques. Assez véhémentes de la part de Victoria. Mais durant ces quelques heures, personne ne m'a demandé comment j'allais. J'étais un miracle, un événement extraordinaire, une kidnappée. Sa question me rappelle que je suis une humaine avant d'être toute autre chose et j'ai du mal à garder mes émotions pour moi. Je le vois dans ses yeux : il veut sincèrement savoir comment je me porte, alors je me lance, bien déterminée à ne pas démarrer la relation sur un mensonge. C'est le seul grand-père que je connaîtrais.

— C'est compliqué. Ces deux dernières semaines ont été très compliquées. Est-ce que j'ai le droit de dire horrible ?

— Eh bien, ma foi, tu as le droit d'utiliser tous les mots dont tu as besoin pour t'exprimer.

— Je ne veux pas que mes mots blessent quelqu'un. J'ai manqué de tact lors de mon arrivée ici, je ne veux pas recommencer.

— Je suis sûre que les personnes que tu as pu, hypothétiquement en tout cas, blesser t'ont pardonnée. Dans une telle situation, tout le monde aurait pu comprendre.

Nos Années Volées ▬ Tome ✯ ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant