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Lise

Quand je l'ai vu s'effondrer, mon cœur s'est brisé. Instinctivement, je me suis retrouvée agenouillée à ses côtés en refermant mes bras autour de lui du mieux que je le pouvais. Nous sommes restés un certain temps comme ça. J'ignore combien de minutes se sont écoulées jusqu'à ce que ses larmes se fassent moins abondantes. J'ai eu l'impression de me voir moi, dans cette chambre qui a était la mienne pendant seize ans, si paniquée par la situation que je n'arrivais plus à respirer. Je laisse le temps s'écouler alors qu'il se libère enfin de tant d'années d'une souffrance que je ne comprends pas encore totalement. Il se décharge de tout ce poids, m'en laissant un peu au passage.

Je finis par jeter un regard à mes parents. Ce mot, bien que je le prononce le plus souvent possible dans ma tête, a toujours une sonorité étrange. C'est comme lorsqu'on prononce plusieurs fois le même mot et qu'il en perd tout son sens. Parent. Maman. Papa. Il n'a plus de sens. Pourtant, lorsque je les vois juste devant moi, elle sanglotant d'émotion et lui l'enlaçant avec affection, mon cœur se remplit d'un amour que je ne peux expliquer. C'est comme s'il battait pour la première fois depuis... Toujours.

Elle m'adresse un sourire, touchée par la scène qui se déroule sous ses yeux. Une scène qu'elle pensait probablement ne jamais voir.

— Je suis désolé, répète une nouvelle fois l'homme qui est mon oncle.

— Pourquoi êtes-vous désolé ? le questionné-je.

Le Prince Ernest redresse la tête et fait disparaître le plus gros des larmes en passant une main sur son visage.

— Pour ce qui s'est passé.

— Vous avez organisé le kidnapping ? plaisanté-je avec un sourire en coin.

— Quoi ? Non ! Bien sûr que non ! se défend-il sans avoir saisi le ton de ma question.

— Alors, vous n'avez pas à vous excuser. Ce n'est pas votre faute. Les seuls responsables, c'est ceux qui m'ont enlevée lorsque je n'étais qu'un bébé. Vous ne pouviez pas savoir et rien n'y faire.

Il n'est pas d'accord avec moi, je le vois sur son visage. Il ne me contredit pas et je sais que ça ne servirait à rien de poursuivre cette conversation : je ne peux pas faire disparaître plus d'une quinzaine d'années de sentiments et regrets avec un câlin.

— Je pensais que ce jour n'arriverait jamais, me confie-t-il. Je te croyais perdu pour toujours.

Le Prince se redresse et, ayant repris ses esprits, se tourne vers sa sœur.

— Comment est-ce possible Helen ? Est-ce que je suis en train de rêver ? Est-ce que je suis mort ? imagine-t-il avec effroi.

Nous rions tous face à cette idée loufoque.

— Je peux t'affirmer que tu n'es ni mort ni endormi, le rassure-t-elle. Ou alors nous sommes tous morts ou endormis.

Ernest me regarde à nouveau et approche sa main hésitante vers mon visage.

— Le portrait craché de ma sœur. C'est... déstabilisant. Toute la situation l'est.

— Imaginez ma réaction lorsque monsieur Sutton a débarqué chez moi... Enfin, je reprends gênée, là où j'habitais avec... mes faux parents. J'ai du mal à trouver mes mots, pardon.

— Tu ne savais donc rien de tout ça ? s'exclame-t-il avec étonnement.

— Vous pensiez que j'étais séquestrée quelque part, enfermée à jamais dans une pièce ?

— Je dois avouer que c'est l'une des hypothèses qui me revenait souvent en tête...

— Ça n'a pas été le cas. Les personnes qui m'ont kidnappée... Ils m'ont fait croire que c'était eux mes parents. Et puis, Sutton est arrivé avec ses hommes et j'ai appris toute la vérité.

Nos Années Volées ▬ Tome ✯ ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant