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Adélaïde

Nous versons quelques larmes, rions nerveusement, nous admirons tous les uns les autres dans l'espoir d'imprégner ce moment-clé de notre vie. Je ne me sens pas encore totalement à l'aise en leur présence, mais le vide que j'ai toujours ressenti en moi commence à se remplir. Je suis à ma place et, bien que je sais que cela ne sera pas facile, je ne regrette pas d'avoir pris cette décision. C'est ma vie et lui tourner le dos aurait donné raison à mes kidnappeurs. Je l'ai fait pour moi, pour retrouver le chemin sur lequel j'aurais dû être toutes ces années durant.

— J'imagine qu'il y a tout un tas de choses à mettre en place maintenant ?

— C'est certain, approuve mon père. Il faut prévenir le Premier Ministre qui s'occupera de toutes les formalités administratives et liées à cette nouvelle vie qui t'attend. Nous allons devoir prévenir tout le monde également.

— Les faire venir serait plus juste, rectifie son épouse. Une telle nouvelle ne peut être annoncée au téléphone.

— Cela va sans dire.

— Pourquoi ne pas organiser un dîner ? proposé-je.

Je ne suis pas certaine de mon idée, mais qui ne tente rien n'a rien.

— Un dîner ? Avec qui ?

Maman est perplexe et je peux la comprendre : elle ne doit sans doute pas s'attendre à l'idée qui me trotte dans la tête.

— Avec vos familles... Qui sont les miennes désormais.

— Nous serons au moins une trentaine, ne souhaites-tu pas que cela se fasse en petit comité ? J'ai peur que cela soit trop pour toi, m'explique-t-elle avec inquiétude.

— Ce sera sûrement beaucoup à gérer, mais ce sera peut-être plus pratique aussi. Je n'aurais besoin de répondre qu'une fois aux questions qu'ils finiront tous par me poser. Ce serait un gain de temps et aussi une bonne occasion pour faire une fête de famille, non ?

J'ai toujours rêvé d'avoir une grande famille. D'avoir des grands-parents, des frères et des sœurs, des cousins. Je n'ai jamais rien eu de tout ça, même pas un poisson rouge. J'étais seule et isolée. Ici, cela semble être tout le contraire.

— Et tu aimerais faire cela quand ? me demande-t-il.

— Je crois que le plus tôt sera le mieux.

— Nous pouvons voir si tout le monde est libre ce soir ou demain, propose-t-il en jetant un regard à ma mère.

— C'est un peu juste, mais c'est faisable.

Ma mère se lève et se dirige vers la porte qui donne sur le couloir où attendent Toby et Thomas.

— Bonjour, messieurs. Pourriez-vous, s'il vous plaît, faire venir mon secrétaire particulier et monsieur Sutton, je vous prie ?

— Son secrétaire particulier ? répété-je à l'adresse de mon père.

— C'est un peu comme son bras droit. Il l'accompagne à chaque visite officielle, la conseille, se charge du planning et des événements importants. Il est également au courant de ton existence, bien évidemment.

— Tu avais oublié de le mentionner lorsque j'ai demandé qui était au courant pour moi.

— Toutes mes excuses. L'émotion des retrouvailles peut nous faire perdre la tête. D'autant que je n'ai jamais eu une très bonne mémoire, ça n'aide pas.

— Est-ce que ça fait longtemps qu'elle est Reine ?

— Bientôt dix-neuf ans, me répond la principale intéressée.

Nos Années Volées ▬ Tome ✯ ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant