The Hobbit - La Corneille du Roi

Chapitre 7

- Et voilà votre chambre !

Aingeal observa Dís écarter les bras pour lui présenter les lieux, avant de se précipiter sur les lourds rideaux qui cachaient une unique fenêtre et de les tirer pour éclairer la pièce. La lumière se propagea entièrement pour dévoiler une simple chambre, ni grande, ni petite. Bien évidemment, cela dépendait de votre taille ; or, pour l'étrangère, c'était tout à fait convenable. Elle comportait un lit baldaquin aux étoffes vertes qui s'étendaient jusqu'au sol, une magnifique armoire en bois de chêne ornée de sculpture lui faisait face, et une table, en coin, faisait office de bureau, accompagnée d'une chaise cannée. 

Tandis que la princesse était légèrement dérangée de la sobriété de la pièce, la femme masquée se sentait au contraire à son aise. Après de longs mois à n'avoir connu que le sol, les auberges austères et les abris de fortune, cet endroit était absolument parfait pour elle.

- Vous auriez été mieux accueillie à Erebor, dit tristement la naine en ajustant un oreiller. Là-bas, même les serviteurs vivaient comme des rois et des reines.

- Ma Dame, songez que, bientôt, ces temps fleuriront à nouveau lorsque votre frère aura repris la Montagne Solitaire, consola l'invitée en s'approchant doucement.

Une petite lueur d'espoir brilla dans les iris bleus de Dís, mais elle s'éteignit aussitôt. Aingeal fronça les sourcils.

- Vous semblez peu convaincue..., murmura-t-elle. 

- Je connais assez mes semblables pour savoir que mon frère aura du mal à réunir ne serait-ce... qu'une centaine de soldats. Toutes les grandes familles ont juré fidélité au Joyau du Roi, pas à un prince de réfugiés...

- Si Gandalf le Gris croit en Thorin, je ne peux que faire de même. Je suis sûre que de valeureux guerriers viendront à son appel et le serviront à juste titre.  

La princesse sourit faiblement. Elle ne voyait pas les choses comme son frère. Plus réaliste, elle était celle qui se préoccupait des affaires concernant leur petit royaume. Son frère, à l'inverse, même s'il ne les écartait pas, n'avait qu'à l'esprit la recherche de leur père ou Erebor. C'était, d'ailleurs, l'objet de nombreuses disputes. 
D'un geste de la main, Dís chassa ces pensées et commença à se diriger vers la porte. 

- Je vais demander à mes domestiques de vous faire couler un bain, déclara-t-elle.  J'enverrai quelqu'un vous chercher. 

L'étrangère inclina la tête en signe de remerciement. La naine partie, la femme masquée se retrouva enfin seule. Elle retira d'abord sa cape et ses armes, puis posa ses affaires au pied du lit. Ses yeux s'attardèrent sur le matelas. Aux allures moelleuses et confortables, il semblait l'appeler à venir s'endormir dans ses bras. Aingeal se contenta de s'asseoir dessus, préférant attendre la nuit pour se laisser porter par le sommeil. Elle soupira profondément en jouant nerveusement avec ses mains. Elle était fatiguée, très fatiguée. Cependant, il y avait encore beaucoup à faire avant que la journée ne se termine. Tel que prendre un bon bain... 

Thorin marchait à vive allure à travers de longs couloirs. À tous ceux qu'il croisait et qui le saluaient, il ne répondait rien, trop impatient de retrouver son conseiller. Ils avaient tant de choses à discuter et organiser. Il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps, ne serait-ce une fraction de seconde. Alors il fonçait comme un bélier, et gare au nain ou à la naine qui se trouverait sur son passage.