Notes de l'auteur : Joyeux Noël en retard et bonne année à toutes et à tous ! J'espère que vos fêtes furent sources de bonheur et de bons moments. Je vous apporte ce nouveau chapitre, plutôt très court, mais il sera suivi d'un bien plus long !
Je souhaitais aussi vous remercier de continuer à me lire et à suivre les aventures d'Aingeal, malgré de longues attentes. Je sèche beaucoup, même si je ne manque pas d'idées, mais je sais que cette fanfiction sera un jour terminée. Ne vous en faites pas !
Bonne lecture !
Dori renifla pour la centième fois ce matin. Ses habits dégorgeaient d'eau, ses cheveux et sa barbe dégoulinaient et sa capuche collait au visage. Il mourrait de froid, et ce qu'il y avait de pire, c'était qu'il ne pouvait pas fumer pour se détendre ; sa pipe était imbibée de pluie. « Maudite soit cette averse... » pensa-t-il en reniflant, encore. Maudite soit-elle, surtout quand elle s'abat sur leurs têtes depuis quelques jours. Ses yeux s'attardèrent sur le magicien au chapeau pointu. A cet instant, une idée lui effleura l'esprit.
- Dites, monsieur Gandalf ! Ne pouvez-vous rien faire contre ce déluge ?, demanda-t-il en espérant que l'Istar puisse mettre fin à ce supplice.
- Il pleut, maître Dori, et il continuera de pleuvoir, jusqu'à ce que la pluie cesse, répondit le Pèlerin Gris, quelque peu atterré par la question. Si vous souhaitez changer le temps, il vous faut trouver un autre magicien.
Le nain fut loin d'être satisfait de la réponse. Bilbon, a contrario, piqué de curiosité, porta son attention sur leur guide.
- Y en a d'autre ?, interrogea-t-il.
- Quoi ?
- Il parle des autres magiciens, s'éleva une voix.
Quelque chose remua dans l'encolure de l'écharpe de Gandalf, juste sous sa barbe. Une petite mésange, aux plumes noires et blanches, sortit sa tête du tissu argenté. L'Istar baissa les yeux sur l'oiseau, puis haussa les sourcils d'étonnement.
- Aingeal, chère amie, vous avez une drôle d'allure. Vous n'êtes pas bien installée dans mon foulard ?
- Au contraire, bâilla la mésange. Je n'ai pas pu résister à une sieste, et c'est sans doute pour cela que je semble « déplumée ».
L'étrangère, car c'était bien elle sous cette forme, vint se percher plus haut sur l'épaule du vieillard, veillant à se protéger au mieux sous le bord du chapeau. Elle pencha sa petite tête sur le côté, dévisageant ses compagnons avec pitié. Ils étaient trempé jusqu'aux os, et devaient tous crouler de fatigue et de froid. Elle croisa le regard épuisé du chef et se sentit désolée de ne rien pouvoir faire. Pourtant, c'est le hobbit qui, la dévisageant, lui offrit un léger sourire, lui apportant un délicat rayon de lumière.
- Pour répondre à votre question, Bilbon, nous sommes cinq, déclara Gandalf. Le plus grand de notre ordre est Saroumane, le Blanc. Ensuite, il y a les deux mages bleus..., il marqua une pause, le front plissé. Je ne sais plus du tout comment ils s'appellent*.
- Il faut dire qu'on ne les a plus vu depuis très longtemps, accorda Aingeal.
- Non, en effet. Ils sont partis dans l'Est et le Sud, et depuis, nous n'avons plus eu de nouvelles... oh, je ne pense pas qu'ils soient encore morts. Ils ont... une certaine mission à accomplir, là-bas.
- Et qui est le cinquième ?, s'empressa de savoir le cambrioleur.
- Ah le cinquième, c'est Radagast, le Brun !, s'exclama l'Istar.
- C'est un grand magicien ou est-il... plutôt comme vous ?
Face à l'expression indignée de Gandalf, Aingeal ne put s'empêcher de glousser. Elle cessa immédiatement lorsqu'elle sentit les éclairs foudroyants que lui lançaient les yeux de son "perchoir", et se fit aussi petite qu'elle ne l'était déjà, afin d'éviter la réprimande. Quand il le voulait, ce vieillard savait se montrer très effrayant...
- Je dirais que c'est un très grand magicien, finit par avouer le Pèlerin Gris. À sa manière. C'est un être doux, qui préfère la compagnie des animaux à toute autre ! Il surveille sans relâche les vastes étendues de forêts, très loin, à l'Est. Ce qui est une excellente chose ! Car le mal cherchera toujours à mettre un pied dans ce monde.
« Le mal cherchera toujours à mettre un pied dans ce monde.... » se répéta la protectrice. Profondément, elle soupira, emprunte à la réflexion suite aux paroles de son ami. Elle clôt ses paupières, se laissa aller dans ses pensées, s'isola dans de vieux souvenirs. Dans ses oreilles, ne parvinrent plus le bruit de la pluie, les clapotements de sabots dans la boue, ni le hennissement léger des poneys. Ce furent des cris, des plaintes, des cliquetis d'épées, d'armures et de boucliers qui sifflèrent dans ses tympans. À cette sombre mélodie s'ajoutèrent des images ; celles de cadavres, de sang, de soldats et d'affreuses créatures. Son cœur accéléra la cadence, sa respiration se fit tremblante.
Et soudain, tandis qu'elle se revoyait courir avec rage vers l'une de ces créatures, Bilbon prit la parole :
- Et vous, Aingeal, n'êtes-vous pas magicienne ?
La mésange ouvrit doucement les yeux, laissant ses esprits revenir à leur place. Elle observa que la question, posée par un seul individu, intéressait beaucoup d'autres personnes. Thorin, aussi bien que quelques autres nains, attendaient la réponse. La voyageuse piétina nerveusement sur l'épaule de Gandalf, le regard rivé sur ses pattes.
- Non, je n'en suis pas une, confessa-t-elle. Même si, par définition, je le suis, moi et le peuple d'où je viens.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Nous pratiquons la magie sur les îles des Tuatha Dé Danann.
Monsieur Sacquet écarquilla les yeux, très surpris d'apprendre ce détail. L'héritier de Durin, lui, haussa les sourcils, intrigué. Alors, les légendes étaient donc vraies. Là-bas, sur ces terres, les habitants possédaient bien des pouvoirs, comme ceux qu'il avait pu voir en voyageant aux côtés de l'étrangère. Qu'étaient ces êtres mystérieux ?
- Vous seriez peut-être capable d'arrêter la pluie, par le plus grand des hasards ?, plaisanta le cambrioleur.
- Peut-être...
Un sourire énigmatique se dessina sur le bec de l'oiseau, attisant la curiosité de tous. Qui sait ce qu'était capable cette femme au masque... probablement bien des choses. Sauf, comme elle le laissa entendre, arrêter la pluie. Au grand damne de Dori, qui crut pendant un court instant, que son supplice se finirait enfin.
*Christopher Tolkien a mis au jour deux textes de son père qui se contredisent : le premier dit que cinq Istari furent envoyés, mais que l'on ne connaissait que trois d'entre eux, Radagast, Gandalf et Saroumane. Le second, en revanche, dit qu'au court du Deuxième Âge, les deux Mages Bleus furent envoyer pour semer le trouble dans les troupes de Sauron, à l'Est, et que l'un portait le nom de Morinehtar, "Tueur de ténèbres", et l'autre le nom de Rómestámo, "Secours de l'Est".
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The Hobbit - La Corneille du Roi
FanfictionTout roi devrait avoir sa Corneille à l'épaule. Elle est un symbole guerrier, mais aussi de sagesse et de connaissance. Aingeal erre depuis longtemps à travers la Terre du Milieu et les Terres Sauvages, offrant ses services pour vivre. Jusqu'à ce...