Chapitre 19

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Les nains trouvèrent sans peine la caverne. Une odeur répugnante s'en dégageait, reconnaissable à travers les bois. Ils n'eurent besoin que de suivre la trace au nez et la bouche béante, large et puante de la caverne leur apparut.

Des grimaces passèrent sur tous les visages, y compris celui d'Aingeal qui arrivait à sentir l'odeur nauséabonde à travers son masque. Je ne saurais vous dire ce qui faisait le parfum des trolls si insupportable à respirer, mais si Bilbon affirme des années plus tard que son petit coffre -à peine rempli- sentait toujours le troll, je n'ose point imaginer ce que pouvait éprouver la Compagnie à cet instant précis. Et pourtant, ils prirent la décision d'entrer dans la caverne pestilentielle. Quelques-uns s'y risquèrent, le reste se mit à l'écart.

Thorin et Gandalf pénétrèrent en premiers. Bofur, Glóin, Nori et Dwalin, volontaires pour fouiller la grotte, suivirent en ligne, non sans pester contre les effluves. Un peu en retrait, la femme au masque hésitait à s'engager à son tour. À peine avait elle atteint l'entrée qu'elle observa des objets de toutes sortes éparpillés dans la terre et sur la pierre, parfois cassés et tordus. Des roues de calèche, des seaux, des cordes, des pieux et des poutres pourries en bois... tout cela recouvert de poussière, de terre et de feuilles mortes. Elle avança un peu plus, et des centaines de mouches s'envolèrent dans un bourdonnement désagréable.


- Pouah ! C'est quoi cette puanteur ?!, s'écria Bofur avec dégoût.

- C'est le butin des trolls, répondit Gandalf. Faites attention à ce que vous touchez.


Rien ne donnait envie d'être touché ; la saleté et la crasse ornaient tout ce qui était dans la grotte. L'odeur, bien plus épouvantable à respirer qu'à l'extérieur, faisait tousser les nains qui peinaient à s'en accoutumer. Il faisait légèrement sombre là-dedans, mais pour ces individus de petites tailles, ce fut loin d'être un problème.

Thorin allait pourtant torche à la main et épée dans l'autre, apportant une douce lumière à l'intérieur de ce chaos infect. Il éclaira un tas de pièces d'or et d'objets précieux éparpillés sur le sol. Tout de suite, Bofur s'en approcha avec une étincelle de plaisir dans les yeux. Derrière lui, Glóin ouvrit un coffre qui s'avéra être aussi rempli d'or et de bibelots en métal jaune.


- Ce s'rait dommage de laisser tout ça derrière nous..., fit remarquer le nain à la chapka en touchant l'or du bout de son pied. N'importe qui pourrait le prendre.

- C'est vrai, acquiesça son compagnon aux cheveux et la barbe roux. Nori, trouve une pelle.


Aingeal eut vite fait de les rejoindre, ils étaient déjà en train de creuser un trou dans la terre. Elle les dévisagea, un sourcil arqué et un demi sourire aux lèvres. La cupidité de ce peuple les précédait en tout point, et devant cette scène qui en faisait la preuve, la protectrice ne pouvait qu'être amusée.

Se sentant observé, Bofur leva la tête et vit l'étrangère qui les regardait. Il lui sourit, gêné, avant de s'appuyer sur sa pelle et de déployer une main en signe d'invitation.


- Peut-être que mademoiselle voudrait se joindre à nous ?, questionna-t-il avec un ton entre plaisanterie et courtoisie.


Des coups d'œil réprobateurs venants de ses camarades plurent dans son dos ; pour eux, il était impensable de partager leur or avec qui que ce soit d'autres qu'eux-mêmes.


- C'est généreux de votre part, maître Bofur, remercia la femme au masque qui n'avait pas manqué les regards assassins des deux autres nains. Mais ne vous en faites pas pour moi.

The Hobbit - La Corneille du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant