Chapitre 16

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La pluie, après de longues heures de route, avait fini par cesser. Le ciel n'était plus que recouvert de fins nuages pâles, et quelques rayons de soleil parvenaient à s'en dégager.

En contrebas d'éperons rocheux, juste à la lisière de la forêt qui garnissaient les pieds de ces derniers, se dressaient les ruines d'une maison, qui par un certain miracle, tenait encore debout. Son toit s'écroulait, dégarni de ses tuiles ; des plantes paraient les murs et la charpente, empreintes de la vieillesse des lieux. On ne saurait deviner depuis combien de temps ce foyer se battait contre le temps et ses intempéries. 

Thorin trouva l'endroit idéal pour y monter le camp. Arrivé face aux ruines, il arrêta sa monture en se tournant vers ses compagnons.


- On va passer la nuit ici, déclara-t-il. Kili, Fili, occupez-vous des poneys, et surtout, restez près d'eux !


Tout le monde s'exécuta pour préparer le terrain, chacun recevant des directives. Aingeal, redevenue humaine, scrutait les lieux avec attention et prudence. S'élevait dans l'air une bien étrange atmosphère... et Gandalf, lui aussi, le pressentait. 

Soucieux, il s'avança dans l'ancienne maison, rejoint aussitôt par la voyageuse. Ils observèrent les pierres une à une, examinèrent les poutres en bois et les tuiles restantes, à la recherche de certains indices. Le magicien sut déjà donner une réponse quant aux anciens habitants de ces ruines. Avec un ton quasi funeste, il dit :


- Un fermier et sa famille vivaient ici...

- Que pensez-vous qui leur soit arrivé ?, s'inquiéta la femme masquée.


Elle n'eut comme retour, qu'un silence lourd de sens. Il leur était arrivé quelque chose, et, à voir le comportement du Pèlerin Gris, il fallait s'en inquiéter. 

Ils s'échangèrent un regard entendu, avant que Gandalf ne se retourne vers le chef de la Compagnie qui s'approchait.


- Je crois qu'il serait plus sage de se remettre en route, soumit l'Istar. Nous pourrions aller jusqu'à la Vallée Cachée.

- Je vous l'ai déjà dit, commença à protester Thorin en s'introduisant dans ce qui restait de la ferme. Je ne m'approcherai pas de cet endroit !

- Pourquoi ? Les elfes nous aideraient !, prétexta le magicien. Nous aurions à manger, un lit, des conseils...

- Je n'ai que faire de leurs conseils, rétorqua hostilement le nain.

- Thorin, s'il vous plait, résonna Aingeal en venant se tenir aux côtés de son vieil ami. Gandalf n'a pas tort de se tourner vers le seigneur Elrond. Souvenez-vous que nous avons une carte que nous ne pouvons pas lire. Il est l'un des seuls qui saurait nous aider.

- Vraiment ?, se moqua l'héritier. Un dragon attaque Erebor. Quelle aide avons-nous reçue des elfes ?, le Pèlerin Gris mordit sa joue en soupirant, imité par la protectrice qui comprenait où allait en venir l'héritier. Des orques pillent la Moria, profanent nos salles sacrées. Les elfes regardent et ne font rien.


Le prince marqua une légère pause, un brin de colère traversant sa personne. La pensée d'aller voir ces êtres aux oreilles pointues lui parvenait à l'esprit comme une amère blague, inconcevable et inenvisageable.


- Et je devrais aller voir ceux-là même qui ont trahi mon grand-père ?, demanda-t-il en s'avançant vers l'étrangère et le magicien. Qui ont trahi mon père...

The Hobbit - La Corneille du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant