Chapitre 8

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Je n'avais jamais eu peur de la mort. Même après mon kidnapping, ce n'était pas la mort, dont j'avais peur. Mais le fait de les revoir, et de revivre le cauchemar que j'avais vécu pendant une semaine. Je savais qu'un jour, mon cœur s'arrêterait de battre, que ce soit à cause d'un accident, d'un meurtre, ou d'une mort naturelle. Mais je n'en avais pas peur, car je savais que chacun d'entre nous, sur cette planète, devrait passer par cette case-là. Mais pourquoi, alors que j'étais assis sur cette chaise, dans une pièce sombre et lugubre, j'avais peur ?

Pour beaucoup, un univers sombre est angoissant. Pour moi, avant, ça ne l'était pas. Je n'avais jamais eu peur du noir, et au contraire, j'aimais rester dans le noir, à regarder les ténèbres. Même à l'âge de quatre ans, je n'avais jamais demandé à mes parents une petite veilleuse, pour me protéger des monstres qui se cachaient sous mon lit. Non. Je leur demandai d'éteindre la lumière, et de fermer ma porte. L'obscurité me berçait, et me faisait du bien. Jusqu'à mon kidnapping. Rester enfermer dans une cave sombre m'avait créer une phobie. Une phobie du noir.

Un petit bruit me sortit de mes pensées, et la porte de la salle s'ouvrit, pour laisser place à une femme. Cette dernière avait ses cheveux blonds attachés, et sa couette de cheval se balançait de tous les côtés quand elle faisait un pas. Aucun sourire sur son visage, aucune expression. Seul un papier et un stylo entre ses mains, qu'elle déposa devant moi, sur la table à ma disposition.

- Avant d'entrer, vous devez signer cette feuille. Vous êtes déjà passé par l'accueil, mais je vais vous redemander de me montrer votre carte d'identité, s'il vous plaît.

Sur ses mots, je sortis ma carte, et la donnai à la femme. Elle la regarda pendant quelques instants, avant de me la rendre. Je lisais plus ou moins ce qui était écrit sur la feuille, avant de signer, en bas de page.

- Vous n'avez rien sur vous ? Téléphone ? Arme ? Ceinture ?

Je fis un signe négatif de la tête. Avant d'entrer dans la petite salle, on m'avait enlevé tout ce qui pouvait faire objet pouvant heurter quelqu'un, même si à ce moment-là, c'était moi qui risquais quelque chose.

- Bien. Vous n'aurez que cinq minutes. Il y aura deux gardes avec vous. Je viendrai vous chercher quand les cinq minutes seront terminées.

La femme ouvrit une autre porte, et me fit un signe de la main pour rentrer. Je me levai de ma chaise, et me dirigeai vers la policière, qui restait droite comme un i, devant la porte. J'entrai dans la pièce, tout aussi lugubre que la précédente, et m'assit sur la chaise qui m'était prévue. D'abord, je ne regardai pas la personne qui se tenait devant moi, trop effrayé de croiser son regard. La porte derrière se ferma. Il me restait cinq minutes à l'intérieur.

- Adam. Adam Pearson. Quel plaisir de te voir.

Je ne répondis pas, trop concentré à regarder mes lacets qui s'était dénoués. Sa voix me donna la chair de poule. Je ne l'avais pas entendu pendant plus d'un an, même s'il me restait quelques souvenirs de cette dernière.

- Tu dois sûrement te demander pourquoi, et comment, je t'ai appelé, pas vrai ?

Avec un courage extrême, j'arrivai à lever la tête, malgré mes yeux humides à cause de mes larmes. Cela faisait de nombreux que je n'avais pas vu ma psychiatre. La prison l'avait beaucoup changé. Elle avait désormais le teint pâle, mais aussi des cheveux courts. Très courts. Son visage s'était amaigri, mais son regard me faisait toujours aussi peur. J'étais devant un monstre.

- Car vous n'avez pas de famille, et qu'ils savent que vous êtes une folle ?

Elle se mit à rire, calmement, bougeant simplement ses épaules. Elle ne m'avait pas manqué, et même si deux gardes étaient avec nous, je ne me sentais pas du tout en sécurité.

- Non, non, non. Certes, personne ne vient me visiter, et d'un point de vue, je peux le comprendre. Mais si je t'ai appelé, ce n'est pas pour ça. Tout d'abord, j'ai eu la chance de pouvoir te voir, aujourd'hui, pour ma bonne conduite. Les premiers mois en prison n'ont pas été simples. Bataille, viol, vol. On m'a mise en isolement, pendant un mois. Un mois entier en isolement. Ça change quelqu'un, Adam.

Je pouvais voir la haine dans ses yeux, de la peine, de la tristesse, et de la douleur. Je ne savais pas pourquoi j'avais accepté de venir, et je regrettai beaucoup ce que j'avais fait. Mais elle continua, comme si de rien n'était.

- Puis, j'ai décidé de me calmer. Pour la simple et bonne raison que je voulais te revoir, Adam. Je voulais revoir le petit visage d'ange, que je n'avais pas pu abattre de mes propres mains. Alors pendant un an, j'ai gardé la tête haute. J'ai pensé à toi, j'ai pensé aux manières que j'aurais pu faire, pour te tuer. Mais surtout, j'ai pensé à mon mari. Il est mort, Adam.

Ses dernières paroles me firent quelque chose, à l'intérieur de moi. Son mari, qui m'avait violé, était mort. Son mari, qui m'avait fait vivre un réel cauchemar, ne faisait plus parti de ce monde. Et cela me faisait du bien. La vengeance avait donc frappé. La roue avait tourné. Elle n'avait plus qu'à le rejoindre, pour que je me sente en sécurité à cent pourcent.

- C'est de ma faute ? 

Reste Avec Moi. [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant