Chapitre 3

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Je fermai les yeux, et m'agrippai au siège bas de gamme sur lequel j'étais assis depuis maintenant plusieurs heures. L'atterrissage était la chose que je détestais le plus. En effet, ma mère avait eu la bonne idée de me rappeler que c'était à ce moment que beaucoup d'accidents se produisaient. De quoi me faire sentir bien.

- Mesdames et Messieurs, l'atterrissage s'est déroulé avec succès, vous êtes bien arrivé à Seattle, avec la compagnie Delta...

Je pouvais désormais siffler, l'avion n'avait pas eu d'accident. Je regardai par le hublot le ciel bleu qui s'offrait à moi. Ces vacances allaient beaucoup me faire du bien, et en même temps, une boule de stress se formait dans mon ventre. Je ne savais pas comment appréhender la chose, comme tout allait se passer.

- C'est parti.

XXX

- Mon chéri !

Ma mère fonça sur moi, une affiche entre les mains, marquée "Bienvenue Adam". J'avais l'impression d'être partis pendant des années loin de tout, alors que je les avais vus pour Noël. Malgré ça, leur présence me donnait le sourire, et les voir heureux me rendait encore plus heureux.

- Tu as fait bon voyage ?

Mon père se dirigea vers moi, et je le pris dans mes bras. Lui aussi, m'avait beaucoup manqué.

- C'était long... Mais ça va.

Mon géniteur m'aida à prendre une de mes deux valises, alors que nous nous dirigions vers le parking de l'aéroport. L'air légèrement pollué de Seattle, m'avait bizarrement manqué. J'avais hâte de retrouver mes amis, de profiter du soleil avec eux.

- Au fait !

Ma mère s'arrêta en plein milieu du parking, alors que j'avais une discussion avec mon père des prochains films qui sortaient au cinéma. Je me retournai, faisant face à ma mère qui fouillait quelque chose dans son sac.

- Tu ne peux pas le faire à la maison, ou dans la voiture maman ?

- Non, je vais oublier sinon.

Après quelques secondes, elle sortit une enveloppe de son sac. Elle s'approcha de moi, et me la donna. Elle me fit un câlin, avant de me murmurer dans les oreilles.

- Tu liras ça à la maison. J'allais oublier si je ne te la donnais pas maintenant.

Je levai un sourcil, curieux. Il s'agissait d'une enveloppe, toute blanche. Je levai les épaules, et me dirigeai vers notre voiture qui nous attendait au loin. L'air était vraiment suffoquant à l'intérieur de ce garage, et je me tâtais de retourner à la maison.

- En route pour la maison !

Mon père activa la climatisation, mit la musique très forte, et nous sortis de ce garage beaucoup trop chaud. J'étais de retour à la maison. 

XXX

- Bon, je vais te laisser défaire tes bagages alors.

Ma mère se trouvait devant ma porte, les bras repliés sur son ventre. J'avais dormi, le long du trajet, le décalage horaire commençait déjà à me taper le cerveau. À cet instant même, je voulais faire qu'une seule chose : lire cette lettre.

- Ouais, pas de soucis.

Elle secoua légèrement la tête, ne quittant pas la pièce. Quelque chose la retenait. Je levai mes deux sourcils, signe d'incompréhension.

- Oh, euh... Oui, à tout à l'heure.

Elle ferma délicatement ma porte, et je m'assis sur mon lit. Mes valises étaient entrouvertes, gisantes sur le sol. Je n'avais pas la force de tout ranger dans mon placard, étant beaucoup trop intrigué par cette mystérieuse lettre. J'ouvris délicatement le papier, et en sortis une feuille blanche. Je la retournai, et commençais à lire la lettre, dans ma tête.

" Cher Adam,

Je te fais parvenir cette lettre par le biais de ta maman, ne connaissant pas ton adresse où tu étudies désormais. J'ai essayé de t'appeler, de t'envoyer des messages, en vain. Je me suis rendu chez toi, et j'ai appris que tu étais à New-York, pour étudier dans le cinéma. Ton plus grand rêve.

Je t'écris cette lettre pour te féliciter, d'avoir été accepté l'année prochaine, pour une nouvelle année. Je t'ai toujours dit que tu avais un talent, et que tu ne devais pas abandonner. À ce que je vois, tu m'as écouté.

Si ça t'intéresse, je suis moi aussi en étude, de médecine, comme tu peux te douter. Même si c'est extrêmement dur, et long, ça m'intéresse beaucoup, et j'ai la chance d'étudier dans cette ville merveilleuse qu'est Seattle.

En espérant te revoir, bientôt. Tu me manques terriblement. Tu remercieras ta maman d'avoir accepté de te donner cette lettre. Elle est adorable. Si tu as besoin de moi, ou quoi que ce soit, appelle moi, je n'ai pas changé de numéro.

Cordialement,

James
"

J'avais envie de pleurer en lisant cette lettre, car beaucoup de souvenirs s'étaient bousculés dans ma tête. Je ne pouvais pas lui pardonner, et encore moi l'appeler. Il m'avait fait beaucoup trop de mal. Beaucoup trop. Sans même réfléchir, j'arrachai la feuille en petits morceaux, avant de la jeter dans la petite poubelle qui se trouvait sous mon bureau. Je devais passer à autre chose.

- J'ai appris qu'une star de New-York était rentrée ?

Je me retournai, et Anna se trouvait devant moi, ses lunettes de soleil sur le nez. J'ouvris grand la bouche, et fonçai sur elle, un sourire grand sur les lèvres. Elle m'avait aussi beaucoup manqué, et la revoir en pleine forme me faisait du bien au cœur.

- Comment tu vas ?

Je la pris dans mes bras, et la serrai fort. Durant mes vacances de Noël, je n'avais pu la voir que pour vingt minutes. Elle étudiait en Californie, dans le droit, et était aussi rentrée pendant les fêtes, mais était repartie pour voir sa famille. En outre, pour moi, cela faisait un an que je n'avais pas vu ma meilleure amie.

- Je vais super bien, et toi ?

Elle s'assit sur mon lit, et déposa son petit sac rose bonbon à côté d'elle. Je commençai à ranger mes affaires, sans trop faire attention, beaucoup trop content de la présence de mon amie.

- Ça va.

Elle se mit à rire, son téléphone entre les doigts. Sans même me retourner, trop concentré à plier une chemise tant bien que mal, je dis :

- Pourquoi tu rigoles ?

- Je te connais par cœur, Adam. Quand tu dis "ça va", je sais que ça ne va pas.

Je fis une grimace, elle m'avait démasqué. Je me retournai, et elle tapota mon lit, signe que je devais venir m'asseoir à côté d'elle. C'était la simple et bonne raison pour laquelle je ne pouvais rien cacher à Anna. Elle savait tout, quand je n'allais pas bien, quand j'allais bien, quand j'étais excité d'aller quelque part. Garder un secret était un enfer à côté d'elle. 

- J'ai... Ma mère m'a donné une lettre, que James m'a écrite.

Elle crispa sa mâchoire. Elle me regarda droit dans les yeux, et je continuai.

- Il me félicitait pour ce que j'avais fait à New-York, et que si je devais l'appeler, j'avais toujours son numéro.

- Elle est où la lettre ?

Je montrai du doigt la poubelle, sans dire un mot.

- Ça se comprend. Il te manque ?

- Terriblement.

Je me couchai sur mon lit, et Anna me suivit quelques secondes après. Ce lit où tellement de choses se sont passées. Ma première fois avec James était dans une chambre d'hôtel minable, et ma dernière fois était dans mon lit. À vrai dire, nous n'avons pas beaucoup de fois couchés ensemble. Mais les seules fois où j'ai pu sentir son corps contre le mien, étaient les meilleurs souvenirs de ma vie.

- Ce qu'il a fait est... Nul. Vraiment nul, et ça craint. Tu devrais vraiment essayer de tourner la page, et de passer à autre chose, tu sais.

- J'essaye. Et j'y arrive presque, vraiment. Mais à chaque fois, je foire tout, car je pense à James, et quand je vois un garçon, je ne vois que ses défauts. Je vois tous les points que James avait, et que les autres n'ont pas.

Elle se releva délicatement de mon lit, et attrapa son petit sac à main.

- Tu sais quoi, on va aller boire un verre en ville, pour te changer les idées. Et tu ne peux pas dire non, c'est moi qui te conduis, donc tu pourras dormir dans la voiture si tu es trop fatigué.

Boire un verre en ville pourrait vraiment me changer les idées, et je voulais absolument profiter d'Anna. Les vacances allaient être courtes, comme à chaque fois, et je devais profiter de chaque seconde passés avec elle, avec mes proches. Je me relevai à mon tour de mon lit, qui était devenu agréablement confortable.

- T'as de la chance que se sois toi.

XXX

Seattle était une ville qui me plaisait, de par ses buildings, mais aussi de par sa proximité avec l'eau. Même si nous ne pouvions pas nous baigner, l'air était plus rafraîchissant. Les buildings qui se tenaient devant moi me fascinaient toujours autant, alors que nous étions assis sur une petite terrasse d'un café, en plein centre ville. L'un des seuls café où l'on peut boire dehors.

- Mes parents veulent m'emmener encore une fois au Texas, pour voir de la famille.

Tous les étés, Anna avait l'habitude de descendre au Texas, pour voir sa famille. Malheureusement pour elle, ses derniers étaient fortement homophobes, racistes, et bien plus. Elle détestait si rendre, voir ses cousins, ses oncles et tantes. Elle avait aussi de la famille à Seattle, mais majoritairement, dans le Texas.

- Tu ne m'as pas l'air ravie, je ne comprends pas pourquoi.

Elle me fit une tape sur l'épaule, avant de siroter son coca. Il faisait chaud, et le soleil tapait fort nos peaux. Mais la sensation restait fort agréable. Je pouvais remarquer qu'Anna regardait tous les mecs qui passaient devant nous, sans se gêner. Tout à coup, elle posa son verre, et posa une de ses mains sur ma cuisse.

- Ne bouge surtout pas, Adam.

Je levai un sourcil, et me mis à rire. Je ne pouvais pas voir ses yeux, à cause des lunettes de soleil, mais elle fixait quelque chose, au loin.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Ne bouge pas.

Bien sûr, je bougeai la tête, pour essayer de voir ce qu'elle regardait, au loin. Au bout de quelques secondes, ma tête se figea, alors que j'étais à moitié avachis sur mon amie.

- Je te l'avais dit de ne pas bouger, espèce de con.

Au loin, seul, se tenait Jordan. Cela faisait un peu plus d'un an que je ne l'avais pas vu, et il n'avait pas changé. Il avait juste un peu plus de barbe que d'habitude, et un tatouage sur son avant-bras. Il ne bougeait pas, et me regardait à présent.

- Il ne peut pas se casser au lieu de nous regarder.

Mon visage était crispé, et de la rancœur se nouait dans ma gorge. Si j'en avais eu le courage, je serais allé vers lui, et je lui aurais hurlé dessus. Je l'aurais insulté, j'aurais fait sortir toute la haine que j'avais pour lui. Mais à la place, je me levai, et partis dans la direction opposé de Jordan.

- Adam !

Anna accourut vers moi, et sans m'en rendre compte, je bousculai quelqu'un, qui fit tomber son verre de café. Je me retournai, afin de lui faire face, et de m'excuser, puis j'eu l'impression que mon cœur s'arrêta de battre. Anna arriva à ma hauteur, et quand elle vit la personne qui se tenait devant moi, elle s'arrêta net aussi. Je pouvais sentir mes lèvres tremblées, et des larmes montées. Qu'est-ce qu'il faisait là, à cet instant précis ?

- Oh... Bonjour Adam. Bonjour Anna.

Je ne lui adressais même pas un mot, et repartis de plus belle, cette fois-ci, des larmes coulant le long de mes joues. En une seule journée, j'avais vu Jordan, mais aussi James. Quelle journée de merde. 

Reste Avec Moi. [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant