PDV de James
Je n'arrivai pas à contrôler ma jambe, qui n'arrêtait pas de bouger toute seule. J'essayai de contrôler tant bien que mal ma respiration, qui était de plus en plus rapide : en vain. Les parents d'Adam étaient à côté de moi, tous les deux dans un état pitoyable. Sa mère avait les yeux gonflés, à force de pleurer, et son père allait se casser la mâchoire tellement il la serrait. Anna n'avait pas pu nous accompagner.
Nous étions arrivés à l'hôpital, peu de temps après la crise d'Adam. C'est moi, qui avais conduit. Sa mère n'était pas du tout dans l'état de prendre le volant, comme son père. Moi non plus, d'ailleurs. J'avais roulé vite. Très vite. À tel point que son père m'avait demandé de ralentir, à certains moments. Il ne fallait pas avoir d'accident. Mais c'était plus fort que moi. Au lieu de vingt minutes de route, nous étions arrivés en moins de dix minutes.
À notre arrivée à l'hôpital, je me suis fait interpeller par deux policiers. Les parents, ainsi qu'Adam, sont rentrés en vitesse à l'hôpital. Ils allaient me coller une amende, et même m'enlever le permis, mais je leur ai expliqué la situation. Je tremblais, je pleurais. On aurait dit que j'avais pris de la drogue, avant de conduire. Des médecins sont venus m'aider, pour leur faire comprendre que la situation était grave, et que je n'avais pas le choix. Je m'en étais simplement tiré avec une amende de cent cinquante dollars. J'avais encore mon permis.
Mon protégé était dans une chambre, et toutes les cinq minutes, de nouveau médecins rentraient et sortaient de cette dernière. Le père d'Adam essayait tant bien que mal de les interpeller, pour avoir des nouvelles de son fils. Mais ils ne pouvaient pas nous répondre. Sa mère s'étant calmée, je m'approchai de ces derniers, et me mis à murmurer, comme si nous étions dans une librairie.
- Je vais me chercher un café. Vous voulez quelque chose ?
- Ça ira, James. Merci beaucoup.
George me regarda droit dans les yeux, ces derniers étant humides à cause des larmes qu'il retenait. Je hochai de la tête, avant de me diriger vers la salle d'attente. Là-bas, se trouvait Anna, ainsi que Jordan, assis sur un banc, dans la salle d'attente. Lorsque les deux me virent, ils se levèrent, et accourent vers moi, en attente de réponse.
- Dis-moi qu'il va bien, je t'en supplie James.
Anna était effondrée, et n'arrivait pas à retenir ses sanglots. Jordan la tenait par la taille, et lui aussi était mal en point. Je pris une grande inspiration, avant de répondre.
- Aucune nouvelle pour l'instant. Il est encore dans le bloc.
La meilleure amie d'Adam se jeta dans mes bras, en pleure. Jordan arrivait difficilement à garder ses larmes, et je l'invitai à nous rejoindre. Moi aussi, j'avais du mal à cacher mes émotions. Pourquoi lui ? La nouvelle chimio avait commencé, et semblait fonctionné. Alors pourquoi il était encore dans cet état ?
- C'est un guerrier. Il va s'en sortir, c'est sûr. Je le connais depuis longtemps. Il ne peut pas abandonner.
- Il n'abandonnera pas, Anna. Je te le promets.
Cette dernière se détacha de moi, son mascara ayant coulé de partout sur son visage. Son copain la prit par la main, avant de l'emmener là où ils étaient assis. Je me dirigeai vers la petite cafétéria, et commandai un café serré. En quelques secondes, le petit gobelet se trouvait déjà entre mes mains, alors que je m'approchai de Jordan et Anna.
- Vous voulez quelque chose ?
- Je n'ai vraiment pas faim. Je n'arrive même pas à boire quelque chose.
Je m'assis auprès du pompier, qui caressait légèrement le dos de sa petite amie. En si peu de temps, Jordan s'était beaucoup rapproché d'Adam. À tel point qu'il le considérait comme son petit frère. Ça me faisait chaud au cœur, car je savais qu'Adam avait besoin d'une amitié comme celle-ci. Même si j'étais son petit ami, et que je serais toujours là pour lui, il avait aussi besoin d'avoir une autre protection que moi. Une autre épaule sur qui se reposer.
- Comment il va faire, pour New-York ?
Anna émergea légèrement, et dirigea son regard perdu vers moi. Je bus une gorgée de mon café, avant de répondre.
- Je ne sais pas. Mais il ne partira pas demain, même si tout va bien.
Je savais qu'au fond, les choses n'allaient pas bien. Il aurait pu tomber dans les pommes, à cause de trop de fatigues. Mais là, c'était pire. Il avait du sang qui coulait de ses yeux... De son nez. Il n'arrivait plus à bouger, à parler. Ces images me hantaient la tête, et j'avais besoin de me changer les idées. Mais je ne pouvais pas quitter l'hôpital. Il avait besoin de moi.
- Je vais passer un appel. Si vous avez du nouveau, appelez moi.
- Très bien.
Jordan me tapa l'épaule, et je me dirigeai à l'extérieur. Je sortis mon téléphone de ma poche, et composais un numéro que je connaissais par cœur. J'approchai mon téléphone de mon oreille, et au bout de quelques secondes, la voix qui retentit me réchauffa directement le cœur.
- Allô ?
- Maman ? C'est James.
- Mon chéri ! Comment vas-tu ?
Ma mère. La seule femme que j'aimais le plus au monde. Même si je n'avais jamais été proche de cette dernière, quand je n'allais pas bien, je me tournais toujours vers elle. Elle savait toujours adoptés les mots justes, pour me réconforter, et pour ne pas me faire de mal. Cela faisait près d'un an que je ne l'avais pas vu, et elle me manquait énormément. Rien que d'entendre sa voix me redonnait du courage.
- Je... Pas très bien, maman.
- Que ce passe t'il, chéri ?
- C'est Adam. Il ne va pas bien. Pas bien du tout.
Je n'eus pu retenir mes larmes, bien plus longtemps. Bien sûr que je lui avais parlé d'Adam. Déjà, quand on m'avait assigné à ce dernier, j'avais dû expliquer à ma mère que je devais quitter l'état, pour me rendre à Seattle. Après tous les événements, je lui avais dit que nous étions ensemble, tous les deux. Elle l'avait très bien pris, et voulait même le rencontrer. Elle savait donc de qui je parlais.
- Comment ça ?
- Il est atteint d'une leucémie, maman... Et ces derniers temps, la situation c'était un peu améliorée, mais là... Ça ne va pas.
- Atteint d'une leucémie ? À son âge... Mon dieu. Tu dois tout m'expliquer, James. Je suis là. Parle moi.Pendant plus de trente minutes, j'essayai d'expliquer à ma mère, qui se trouvait à des centaines de kilomètres, la situation. Le début, comment nous nous étions retrouvés avec Adam. Comment il avait appris la maladie, la première chimiothérapie, puis la seconde. Elle ne m'avait pas interrompu une seule fois, me laissant vider mon sac, pour me sentir un petit peu mieux. Puis, quand j'avais fini, elle m'avait donné son avis.
Dans mes mots, elle avait ressenti tout l'amour que je portais pour lui. Depuis longtemps, elle savait que j'aimais les hommes, mais aussi les femmes, d'un côté. C'était ma mère, elle savait tout. Mais elle ne m'avait jamais entendu parler de cette façon. Comme elle avait pu dire "Tu parles de lui comme ton propre dieu". Elle avait raison. Il était la lumière qui égailla ma vie. Elle avait senti que je pleurais, aussi. Pour me donner encore plus de courage, et de chance, ma génitrice m'avait promis que dès la fin de cette discussion, elle irait brûler un cierge, pour mon papa, et pour Adam.
- Ne le laisse pas t'échapper. Il faut que tu sois près de sa famille, de ses amis, pour qu'il ressente le lien qui vous unissent. Comme tu m'en parles, c'est quelqu'un de spécial. Il n'est pas comme les autres, James.
Ma mâchoire crispée, j'essayais de garder mon calme, pour ne pas re pleurer. Si je continuai, j'allais perdre toutes les larmes de mon corps. Elle reprit.
- Dieu sait qu'il est spécial, et il ne peut pas te l'enlever. Pas maintenant. Je prierais tous les soirs pour lui, mon amour. Il en vaut la peine, j'en suis sûr.
- Merci... Merci beaucoup maman.
Un silence s'abbatut entre nous deux. Quand je vis au loin Anna, qui fumait une cigarette dehors, je me rappelai qu'elle était en attente d'une réponse, tout comme moi.
- Je... Je dois te laisser maman.
- Pas de soucis mon chéri. Si ça ne va pas, appelle moi. Je suis là pour toi, tu le sais. Je t'aime, James.
- Moi aussi.
Je ne pus lui répondre par un "je t'aime", car même si je le pensais, j'en étais incapable de lui dire. Adam était la première personne à qui j'avais dit ces quelques mots, ce qui prouvait beaucoup. Il comptait plus que tout. Je déverrouillai mon téléphone, tout en m'approchant d'Anna, les yeux rougis, à la moitié de sa cigarette.
- Tu fumes depuis quand toi ?
- Depuis maintenant. Ça me tue la gorge, mais ça me fait du bien.
Je pris sa cigarette, sans lui demander son autorisation, et tira deux fois dessus, avant de lui redonner. Je toussai, du fait du goût mentholé de cette dernière. Tout ce que je détestais. Ça me donnait encore plus une mauvaise haleine.
- Ça se voit que tu n'as jamais fumé avant. Les mentholés, ce sont les pires.
- C'est vrai que ce n'est pas bon. Mais bon, au point où j'en suis.
Elle jeta le peu de ce qui lui restait par terre, avant de se retourner vers moi. Ses yeux étaient fortement gonflés, et elle avait continué à pleurer. La voir comme ça me faisait mal au cœur, et ça me prouvait vraiment qu'elle tenait beaucoup à Adam. Il m'en avait déjà parlé. Tous les deux se disaient "frère et sœur". Ça se voyait.
- Tu appelais qui ?
- Ma mère.
Elle hocha légèrement la tête. Elle ne me regardait pas dans les yeux. Elle se concentrait sur quelque chose derrière moi, ce qui ne me gênait pas. De temps en temps, je jetai un coup d'œil derrière son épaule, pour voir comment allait Jordan. Il avait sa tête entre ses mains, et je pouvais voir qu'il pleurait. Lui aussi, me faisait mal au cœur.
- Tu n'as jamais parlé de ta mère, avant. Ni de ton père.
- Mon père est mort alors que j'avais huit ans.
- Comment ? Sans indiscrétion.
- Cancer des poumons.
Elle ferma les yeux. Voilà pourquoi je ne parlais pas de mes parents. Cet incident m'avait beaucoup affecté, et ma mère n'était pas passé par quatre-chemins. Elle ne m'avait pas fait croire qu'il était parti loin, pour le travail, mais qu'il reviendrait un jour. Elle m'avait dit qu'il était allé rejoindre les anges, plus tôt que prévus. Ça me faisait toujours aussi mal d'en parler, même si j'avais appris à vivre avec.
- Je... Je suis désolé.
- Tu ne savais pas. Même Adam ne le sait...
- James ! Les docteurs sont là !
J'abandonnai sans attendre la discussion avec Anna, alors que George venait de m'appeler. Il était essoufflé, et avait dut courir comme un fou pour me prévenir. Je fis un signe d'excuse à Anna, avant de courir en direction de l'accueil, pour m'enfoncer un peu plus dans l'hôpital, près du père d'Adam.
- Ils vous ont dit quoi que ce soit ?
- Non. On tenait à ce que tu sois là.
Ses paroles me faisaient comme un électrochoc. Tous les deux savaient que j'étais important pour Adam, et qu'il était extrêmement important pour moi. Au loin, je vis les docteurs, ainsi que la mère d'Adam, toujours assise. Pour vu que ce soit une bonne nouvelle.
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Reste Avec Moi. [BXB]
عاطفيةCe livre correspond à la suite de "Garde du Corps". Je vous conseille donc de le lire en premier, pour connaître toute l'histoire, et ne pas être perdu ! Un an et demie. Cela fait un an et demie que tout est terminé pour Adam, qui a maintenant 19 an...