Il fait nuit, c'est la pleine lune. Mon père, Tim Parz, roule calmement en direction de notre maison. Je suis à l'arrière et j'observe le paysage de sa beauté nocturne. Je reste silencieuse, une musique traversant mes tympans. Nous rentrons d'un dîner de famille traditionnel. J'y ai vu mes grands-parents ainsi que mes cousins. Ma mère, Solia Parz, est assise sur le siège passager et discute simplement avec son mari. Le refrain de la chanson débute et je ferme les yeux pour savourer la mélodie. En musique tout est simple, tout est vivant.
Dans mon lycée je suis assez timide avec les autres de mon âge. Je préfère les écouter parler de leur vie incroyable, parfois inventée au lieu de leur montrer mon point de vue. Ma manière de voir les choses intriguent certains mais en dégoûte plus d'un. Je n'aime pas m'étaler sur ma vie alors j'ai pris l'habitude de la garder au fond de moi, tel un secret.
Les virages s'accentuent, la pente paraît plus raide. Nous habitons en montagne, dans un petit village tandis que le reste de ma famille habite en centre-ville, en bas. Mes oreilles bourdonnent légèrement, monter en altitude n'atteint plus mon organisme et le froid est ancré dans mon sang. Il nous reste quelques minutes avant de pouvoir apercevoir notre milieu de vie. Une mèche de mes cheveux bruns tombe sur ma joue gauche. Je l'écarte délicatement et pose ma main sur la vitre gelée par l'hiver. Mes doigts se collent à la glace et j'arrive à distinguer mon reflet lors de notre passage sous les rares lampadaires. Mes yeux sont ternes, ma peau est blanche malgré mes joues rosies par la fraîcheur de l'habitat. J'inspire une coulée d'air pur avant d'entendre mon père m'interpeller.
- Tu es bien silencieuse ce soir.
- Je suis fatiguée. Répondis-je simplement.
- Ah bon ? Habituellement tu es excitée comme une puce et tu refuses d'aller te coucher. Ajouta ma mère surprise.
Je ne dis rien d'autre et replonge dans ma bulle. Ma mère a raison, d'habitude à chaque retour, je ne tiens pas en place. J'ai toujours été joyeuse quelques soit les circonstances et ce depuis toute petite. Pourtant ce soir, j'ai un mauvais pressentiment.
La route continue et cette fois ci personne ne parle. Je n'y fais pas attention et me laisse emporter la musique qui résonne dans mes écouteurs. Soudain, mon père se mit à ralentir. Nous sommes à quelques mètres du village. Mes parents restent silencieux alors je leur demande.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- La route est bloquée par un arbre. Répondit rapidement mon père avant de sortir de la voiture.
Je regarde dans le pare-brise et cela confirme les paroles de mon paternel. Je décide de sortir aussi du véhicule. La neige recouvre le sol et crisse sous mes pas. Je m'approche de mon père pour faire face aux dégâts. Ce genre d'incident est un risque en cas de forte tempête. Pourtant cela fait des jours qu'il n'y a pas eu de vent ou de tempête de neige. Mon père sort son téléphone et contacte les personnes en charge du dégagement des routes. Il les connaît bien puisqu'il travaille en tant que secouriste de montagne. Je l'entends prononcer quelques salutations à ses collègues puis il leur explique la situation.
Je décide de marcher un peu en longeant le tronc. Mes bras se croisent contre ma poitrine, la température en cette nuit de décembre est assez basse et je ne porte qu'un pull. Arrivée au bout du tronc, où sont censé se trouver les racines, je découvre un élément intriguant.
- Papa le tronc a été sectionné par des humains ! Informais-je mon père toujours au téléphone.
Ma mère l'a rejoint pour lui apporter son manteau et prend part à la conversation téléphonique. Je décide de les rejoindre quand j'entends un bruit derrière moi. Je me fige sur place. Après quelques secondes d'hésitation, je me retourne. Le ciel est comblé par la lune, ce qui produit une lumière naturelle dans l'obscurité. Mes yeux se plissent pour essayer d'apercevoir le propriétaire du craquement. Pourtant personne ne semble présent au cœur de cette forêt sinistre. Je conclu qu'il devait s'agir d'un animal en chasse et qui avait dû être effrayé par notre présence.
Je continue alors mon chemin vers mes parents. Mon père a raccroché et ma mère est retournée dans la voiture pour se réchauffer. Soudain, un deuxième craquement se fait entendre au cœur de la nuit. J'en suis sûr cette fois, un animal ne ferait pas autant de bruit.
Un frisson traverse ma peau et j'avale difficilement ma salive. Je sens une présence derrière moi qui se rapproche et je n'ose pas bouger. Mon père se tourne dans ma direction et m'indique de rentrer à l'intérieur du véhicule. Il n'a pas vu l'individu derrière moi.
Mes muscles sont pétrifiés et il m'est impossible de lui répondre. Tout à coup une main vint se placer sur ma bouche et autour de mes hanches. La personne me tire en arrière alors que je pousse un cri d'horreur. Celui-ci est étouffé par les doigts crasseux sur mes lèvres mais j'arrive à voir mon père réagir avant de perdre de vue la voiture. Je me débats malgré la force de mon adversaire. Il m'entraine au sein de la forêt. Ses pas se creusent dans la neige et j'arrive à entendre les hurlements de mes parents.
Mon agresseur s'arrête soudainement, essoufflé par sa course. Repérant sa faiblesse je m'agite d'avantage et arrive à me détacher de lui. J'essaie de rejoindre mes parents grâce à leurs voix mais je suis rattrapée par l'inconnu. Je veux crier l'air de mes poumons pour que ma famille me rejoigne mais il replace sa main sur ma bouche tout en plaçant devant moi un objet.
Un couteau, avec une lame de plusieurs centimètres me menace durement. Mes yeux se stupéfient d'effroi mais je continue de me débattre. L'homme m'attire avec lui sur quelques mètres puis il me balance au sol.
La neige traverse mes vêtements et sa fraîcheur paralyse mes membres. J'essaie de voir le visage de mon agresseur, en vain. La nuit est trop sombre, la lumière de la lune cachée par la végétation est maintenant trop faible. Il se rapproche de moi et je me recule vivement. Soudain un éclair de lumière m'éblouit. Son bras est levé en l'air au-dessus de moi avec au bout sa lame tranchante qui scintille grâce aux quelques rayons lunaires. Mon souffle se coupe quand j'entends pour la première fois sa voix. Une voix triste, détruite.
- Tu aurais dû mourir avec elle.
Son bras fend l'air et le couteau me transperce au même moment. Mes yeux s'ouvrent en grand et l'air n'atteint pas mes poumons. L'homme soulève mon corps inerte et nous nous déplaçons de quelques mètres. Je vois ma vie défiler, mes souvenirs avec ma famille et l'avenir que j'aurai pu construire. Quelques secondes passent avant que je comprenne les intentions de mon meurtrier. La falaise. Après les quelques arbres qui bordent la route se trouve une pente de plusieurs mètres. Je distingue faiblement les pupilles de mon agresseur qui me fixent.
- Je n'ai pas le choix ma puce. Fut ses derniers mots avant que ses bras me lâchent dans le vide.
Mon corps dévale la descente abrupte sur des dizaines de mètres. La neige m'enveloppe dans son écharpe blanche. Ma course s'arrête sur un espace plat et je vis au-dessus de moi les milliards d'étoiles qui peuplent le ciel. Un souffle d'air s'échappe de mes lèvres tel une fumée blanche et mes pupilles bleue se figent sur cette vue incroyable. Mon esprit s'embrume et je ne sus si cela était à cause du froid ou de la lame plantée dans mon cœur.
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CŒUR MORTEL
RomanceCette nuit était belle et calme. On revenait d'un repas familial sans drame. La neige reposait sur le bitume. La lune était présente sans amertume. Mes parents étaient à mes côtés. Personne ne prévoyait un danger. Cette nuit, ma joie s'est évaporée...