CŒUR MORTEL

Chapitre 15 : un Instant possible où un Baiser sera accessible

Je connais la vérité, son secret. Rowen ne dit plus rien, ses yeux sont fixés dans le vide. Je prends petit à petit conscience de son annonce. Des milliers de questions tournent dans ma tête alors avec une voix rassurante je lui demande.

- Quand est-ce que tu l'as su ?

- Il y a deux jours, pendant une séance de kiné. Répond sans réfléchir le jeune homme.

- Avant que j'arrive, c'est ça ?

Le garçon hoche de la tête et la raison de son abandon se confirme. J'ajoute avec hésitation.

- Pourquoi voulais-tu me le cacher ?

A cette question, Rowen tourne ses pupilles dans ma direction et répond sincèrement.

- J'avais honte.

- Mais honte de quoi ? Tu as vu dans l'état que j'étais la semaine dernière ! Répliquais-je.

- C'est différent, toi tu progresses, tu t'améliores. Moi je suis toujours sur la ligne du départ et cela ne changera pas. Prononce avec une voix brisée par ses émotions.

- Tu dis n'importe quoi, toi aussi tu vas sortir d'ici !

Rowen me fixe sans être d'accord avec mes paroles. Il s'est mis en tête que sa vie était finie mais il se trompe. Elle vient de commencer.

- Je ne voulais pas te faire du mal Elma. Je pensais que t'éloigner de moi était la meilleure solution. Avoue le garçon en fuyant mon regard.

J'attends quelques secondes avant de lui répondre avec sincérité.

- Je crois en toi Rowen et même si tu me fais souffrir, je ne t'en voudrais jamais.

- Je ne mérite pas ton pardon. Annonce le concerné, en colère contre lui-même.

- Tu n'as pas besoin de recevoir mon pardon.

Je pose ma main sur sa joue et une fois nos iris scellées, je confirme mes dires.

- Tu m'as sauvé la vie Rowen, sans toi je ne serais jamais arrivée jusque-là. Laisse-moi t'aider.

Le jeune homme est surpris de ma confession pourtant celle-ci est réel. Nous restons fixés l'un vers l'autre sans bouger. 

On entend une personne frapper à la porte de la chambre. On se sépare pour voir qui vient d'entrer. On découvre sans surprise l'homme que je considère comme un ami, Axel.

- Tout va bien ? Demande l'homme de l'hôpital.

On hoche tous les deux de la tête, synchronisés. Je dévisage le kiné et remarque rapidement des marques rouges sur la joue où Rowen l'a frappé. L'homme s'approche du lit où nous sommes assis et le jeune homme qui tient ma main dans la sienne, s'exprime.

- Je suis désolé Axel, je ne sais pas ce qui m'a pris.

- C'est vrai que tu n'y es pas allé de main morte. Mais ne t'en fait pas je suis plus robuste que j'en ai l'air. Plaisante l'homme amoché.

On parle quelques instants avec le kinésithérapeute puis il nous ordonne de nous reposer pour reprendre des forces. Je retourne donc dans mon fauteuil et m'apprête à partir dans ma chambre. 

Au dernier moment, j'entends la voix du jeune homme unijambiste m'appeler. Je me tourne pour lui faire face et il poursuit.

- Je viendrais te voir dès que je pourrais.

Je souris à l'entente de sa phrase, heureuse qu'il veille me revoir.

- Je t'attendrais. Répondis-je avant que Axel pousse mon fauteuil vers la sortie.