Au même moment dans la chambre de Rowen
Je suis allongé sur mon lit, les mains croisées derrière ma tête. Je m'ennuie. Le temps passe doucement et ma journée est rythmé par les repas et ma séance quotidienne de kiné. Je ne sais pas combien de temps je suis dans cette position, les yeux braqués sur le plafond.
Je pense à ma vie avant mon accident, à mon parcours dans l'hôpital, à ma rencontre avec Elma. Mes souvenirs m'obsèdent, son visage me hante. Je n'arrête pas de penser à elle.
Je voudrais savoir si elle va bien, si sa rééducation évolue, si elle m'en veut.
A présent je regrette les mots que je lui ai dit mais le mal est fait et je ne peux pas le réparer.
Je l'ai détruite.
On frappe à ma porte puis plusieurs personnes entrent dans ma chambre. Il y a Axel ainsi que le médecin qui s'occupe de ma santé. Tous les deux s'approchent de mon lit puis le kiné débute.
- Salut Rowen, comment vas-tu aujourd'hui ?
Je sens de l'animosité dans sa voix et j'en connais la raison.
- Bien, on m'a appris que je ne remarcherais plus mais sinon ça va bien.
- Rowen, ce n'est pas définitif, ton cas peut s'améliorer. Répond le docteur présent dans la pièce.
- Ce n'est pas ce que vous m'avez dit hier. Ajoutais-je avec rancœur.
Les deux hommes me regardent et ne me contredisent pas. Je fusille du regard ceux qui m'ont arraché le peu d'espoir que j'avais. Ils sont les responsables de ma colère.
En effet, hier, pendant ma séance habituelle de rééducation, mon médecin est venu y assister pour voir mes progrès. Sauf qu'il a jugé insuffisant les gestes que je réalisais. Alors il m'a annoncé que je ne remarcherais plus.
- Je voulais te faire réagir et te faire comprendre que si tu ne faisais pas des efforts; tu ne sortirais jamais de cet hôpital. Prononce calmement l'homme en charge de ma santé.
- Des efforts ? Vous rigolez j'espère ! Répliquais-je à l'encontre du médecin.
- Row calme toi, ce que veux dire le docteur c'est... M'interrompt Axel avant que je le coupe.
- Que je me calme ! Je fais tout ce vous me demandez, je me tiens à carreaux et ce n'est pas assez !
- Je comprends ta colère Rowen mais elle ne résoudra rien. Ajoute le médecin avec patience.
- Non, il n'y avait qu'elle qui me comprenais et par votre faute elle me déteste !
Les derniers mots sortent d'un coup, sans que je le veuille. Pourtant je les ai criés.
J'ai hurlé ma peine.
Les deux personnes face à moi se taisent, abasourdi par ma confession. Axel me fixe et ses yeux semblent ressentir la douleur qui me traverse.
Je me suis relevé pour leur faire face mais maintenant que ma colère est descendue, mon corps se dépose contre le matelas. Mes yeux se baladent dans le vide, sans repère.
J'entends le médecin et le kiné sortirent mais avant de passer complètement la porte ce dernier s'exclame.
- Tu peux te voiler la face autant que tu veux mais tu vas vite te rendre compte que toi aussi tu as besoin d'elle. On peut réparer ses erreurs Rowen, il suffit juste de montrer à cette personne à quel point on tient à elle, à quel point on l'aime.
Cela va faire vingt-quatre heures que je rumine dans mon coin. Les paroles de mon ami kiné résonnent encore en moi et je réfléchis à ce qu'il voulait me dire. J'aimerais croire que je peux réparer ce que j'ai fait mais une part de moi me souffle le contraire.
J'ai tout gâché. Je l'ai abandonné.
Le visage de la jeune fille ne quitte pas mon esprit, je pense constamment à elle.
J'entends une personne entrer dans ma chambre mais je ne cherche pas à savoir qui s'est. Je laisse mes yeux fixé vers le plafond et m'apprête à repartir dans mes pensées.
Soudain une voix douce que je connais très bien résonne dans la pièce.
- Bonjour Rowen.
Je me tourne vers la femme posté à côté de mon lit. Elle a des cheveux noirs avec quelques mèches grises qui apparaissent. Je la dévisage, avec le faux sourire qui orne ses lèvres.
Je sais qu'elle n'est pas heureuse d'être là, qu'elle n'a que de la pitié à mon encontre.
- Tu ne devrais pas être là Maman.
Ma mère baisse les yeux vers le sol avant d'ajouter.
- J'ai bien le droit de voir mon fils.
- Qui te dit que je suis ton fils ? Après tout, Papa refuse de me voir c'est qu'il doit avoir une bonne raison. Commençais-je en la provoquant.
- Rowen, ne me parle pas comme ça ! Bien sûr que tu es notre fils. Ton père est très occupé en ce moment mais il viendra la prochaine fois, je te le promets.
- Ne fait pas de promesse que tu ne pourras pas tenir. Ajoutais-je avec froideur.
Nous restons dans le silence, comme toujours. Avec mes parents nous avons toujours eu une relation compliqué. Ayant reçu très peu d'affection dans mon enfance, je suis vite devenu sauvage au point de ne plus supporter ma famille.
Mon accident a été la bêtise de trop. Depuis, mon père refuse de venir me voir tandis que ma mère passe une fois par mois vérifier que je ne suis pas mort. Cette relation m'affecte beaucoup mais je ne le montre jamais. Je préfère ne plus être contact avec eux.
- L'université demande si tu vas revenir en cours cette année. Annonce ma mère avec une voix enjouée.
Abasourdi par sa question, je lui crache sans compassion.
- J'ai appris hier que je ne remarcherais peut-être plus et toi tu me parles d'école supérieure !
La femme semble surprise par ma révélation mais se reprend en me lançant avec remord.
- Nous t'avions interdit de prendre la route ce jour-là. Si tu ne peux pas remarcher, c'est de ta faute, pas besoin de t'en prendre à moi.
Les mots de la femme qui m'a élevé me mettent dans une telle colère que je lui dis.
- Sors de cette chambre et ne revient plus jamais.
Celle-ci comprend qu'elle est allée trop loin alors elle essaie de s'excuser. C'est trop tard.
- Sors et ne revient jamais ! Hurlais-je la faisant partir pour de bon.
La porte se referme, mon souffle est court pourtant à cet instant je prend conscience d'une chose. J'ai perdu ma famille.
J'ai abandonné Elma.
Je suis seul parmi les étoiles.
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CŒUR MORTEL
RomanceCette nuit était belle et calme. On revenait d'un repas familial sans drame. La neige reposait sur le bitume. La lune était présente sans amertume. Mes parents étaient à mes côtés. Personne ne prévoyait un danger. Cette nuit, ma joie s'est évaporée...