CŒUR MORTEL

Chapitre 12 : une Ame à réparer malgré un Cœur brisé

Je sors de la chambre de celui que je croyais être mon ami. J'erre dans les couloirs avant d'arriver à la salle de rééducation. Je vois Axel en sortir et se précipiter vers moi.

- Elma bon dieu, qu'est ce qui t'a pris de sortir toute seule de ta chambre ! Où es-tu allée ?

Je ne réponds rien et plonge mon regard désespéré dans celui de mon kiné. L'homme remarque rapidement mon état et s'agenouille pour me demander.

- Tu as mal quelque part ?

- Non.

Ma réponse brève semble le surprendre pourtant il ajoute calmement.

- Tu veux que je te raccompagne dans ta chambre ?

- Non.

- Elma tu n'es pas en état de travailler.

- J'en ai envie, j'en ai besoin. Lui répondis-je déterminé.

Axel fini par accepter et il me conduit dans la pièce. On revoit des mouvements simples et j'effectue chaque geste automatiquement. Le kiné remarque mon comportement anormal mais ne dit rien. La séance se passe bien, je récupère les bases que j'avais acquis avant ma crise. 

Quand on arrive à la fin de la séance, l'homme me propose de me raccompagner mais je refuse, préférant être seule. Il accepte mon choix et me laisse partir. Lorsque je franchis le seuil de la porte, il m'arrête en disant.

- Elma qu'est ce qui s'est passé ?

Je le regarde sans rien dire puis avec un ton morne je prononce la triste vérité.

- Il ne veut plus me voir.

Les pupilles du kiné s'illuminent. Il sait de qui je parle. Je ne lui laisse pas le temps de me poser d'autres questions, je sors de la pièce pour me diriger vers ma chambre. 

Cette journée devait être anodine, source de joie pourtant elle s'est transformée en un désert vide de sentiment.

Au même moment, dans la chambre de Rowen.

Je suis devant ma fenêtre, plongé dans mes pensées. Je reste immobile, vidé de tous sentiments. Soudain la porte de ma chambre s'ouvre sur un Axel énervé. Celui-ci s'approche de moi et me dit en me fusillant du regard.

- Pourquoi tu as fait cela ?! Ce n'était pas la bonne solution, tu le sais ça !

- C'est ma décision. Répondis-je sachant très bien de quoi il voulait parler.

- Rowen, je sais que c'est difficile pour toi en ce moment mais...

- Mais rien. Axel, j'ai fait mon choix, à toi de le respecter.

Celui-ci me dévisage, ses expressions parlant à sa place. Puis il ajoute encore sous le choc.

- Tu vas la détruire.

Je suis d'accord avec lui pourtant je sais que mon choix est le meilleur pour moi. Pour elle. 

Je fixe l'homme face à moi et lui avoue.

- Je suis toxique pour elle.

- Non c'est là que tu te trompes Row, tu es son remède. Regarde les progrès qu'elle a fait cette semaine, elle vient même de reprendre la rééducation ! Tu ne peux pas l'abandonner, elle a besoin de toi.

- Tu ne comprends pas. Je l'aurai blessé un moment ou un autre.

Axel fait une pause puis il me confie avec un ton sincère.

- Tu aurais dû voir ses yeux Rowen, je ne l'ai jamais vu aussi brisé.

Je ne le regarde plus et préfère ne pas entendre ce qu'il a à ma dire. Je sens le kiné s'éloigner mais arrivé à la hauteur de la porte il continue.

- En voulant la protéger, tu viens de la détruire.

Ma respiration se coupe sur ses mots. Axel s'en va en refermant la porte derrière lui. Il a raison. 

Je viens à nouveau de détruire la seule personne auquel je tiens. Tout ça parce que je suis un lâche, que je n'ai pas eu le courage de lui avouer que je ne pourrais plus jamais remarcher.

Le lendemain, dans la chambre de Elma.

Aujourd'hui, je ressens un vide en moi. Pour autant je ne me suis pas laissée abattre par mes émotions. Mes parents sont venus me voir et ont pu assister à ma séance de kiné. 

Je n'ai pas reparlé de la journée d'hier avec Axel et il n'a rien dit à mes parents. Ma rééducation s'est très bien déroulée et les douleurs dans ma poitrine diminuent sous l'effet des médicaments. Le médecin m'a annoncé ce matin que si tout allait bien, je pourrais envisager une sortie la semaine prochaine. Je suis heureuse de cette nouvelle. 

Je vais pouvoir continuer ma vie. 

Le docteur a tout même insisté sur le fait que mon acclimatation allait être longue et que j'allais devoir être patiente. Après tout, mon cœur est blessé pour toujours. 

Je fixe le paysage derrière la fenêtre, mes éternels écouteurs dans les oreilles. La musique a toujours fait parti de ma vie. Quand j'étais petite, j'écoutais en boucle des chansons tout en chantant dans ma chambre. J'adorais ça. 

Quand j'ai grandi, elle a continué à me suivre, reposant mon esprit quand celui-ci en avait besoin. Aujourd'hui, du haut de mes dix-sept ans, je connais des centaines de chansons de différents auteurs, de comédies musicales ou encore de films qui sont sortis pendant toutes ses années. 

Je suis dans ma bulle, oubliant mes problèmes de santé, qu'il m'a abandonné.

Quand nous étions sur ce toit, il m'avait juré qu'il allait m'aider, il m'a fait la promesse qu'on réussira ensemble. Une larme solitaire dévale sur ma peau lorsque ce souvenir refait surface. 

Aujourd'hui, après ce qu'il m'a dit, je n'ai plus confiance en le monde extérieur. J'avais fait des progrès, je me sentais mieux, tout allait bien mais tout s'est écroulé quand il a prononcé ces paroles blessantes. 

Je ne suis pas en colère contre lui car après tout, qui voudrait d'une fille avec un cœur transpercé. Seulement, je ne comprends pas pourquoi il a réagi comme ça et je me dis qu'il doit y avoir une explication.

Nous sommes en fin d'après-midi, le soleil plane dans le ciel et des nuages peuplent son royaume. Mes iris restent fixées sur ce mouvement et mes pensées me confortent à me dire que bientôt tout cela derrière moi. Pourtant une voix dans mon esprit me souffle que notre rencontre n'est pas anodine. 

Il est venu me voir alors qu'il n'avait pas le droit. Il ne me connaissait pas. 

J'étais endormie mais mon corps s'est réveillé à son toucher. 

Il est venu me calmer lorsque j'étais envahi par ma détresse. 

J'ai compris qu'il était important pour moi quand ses pupilles apaisaient ma douleur, quand j'ai parlé pour la première fois, quand il était près de moi. 

Notre rencontre n'était pas prévue. 

Notre relation a rencontré des difficultés. 

Nous sommes liés malgré mon cœur brisé.