Le lendemain.
Je suis prête à partir. Hier soir, Rowen et Axel sont resté le plus longtemps possible à mes côtés pour me soutenir tandis que mes parents sont rentrés chez nous. Ce matin, j'ai reçu mon petit déjeuner puis je me suis habillée. C'est Axel qui va me conduire au commissariat. Il m'a proposé cela hier et je n'ai pas pu refuser. Les garçons ont été bienveillant quand j'étais au plus bas la veille et même s'ils ont peur pour moi, ils ne m'empêcheront pas d'aller voir mon agresseur. J'ai besoin de connaitre l'histoire en entier et c'est grâce à lui que je pourrais tourner la page.
Je remercie une nouvelle fois mon médecin ainsi que le personnel médical avant de sortir de l'hôpital. Mon ami kiné est dans sa voiture et m'attend pour partir. Je monte dans le véhicule et j'embrasse sur la joue l'homme de vingt-huit ans.
- On y va ma belle ?
- Oui, merci de m'y amener Axel.
- C'est la moindre des choses pour sa patiente favorite. S'exclame le jeune homme.
- Je ne suis pas ta patiente ?
- Pas faux, tu fais partie du trio d'enfer !
Un léger sourire s'installe sur mes lèvres en souvenir de cette soirée. Celle-ci semble si lointaine, j'en ai tant appris sur moi depuis. Le chemin jusqu'au centre de la police se fait dans le calme. Arrivée face au bâtiment, le jeune kiné me demande.
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Non ça ira ne t'inquiète pas, encore merci Axel.
- Appelle-moi si tu veux que je te ramène.
Je plaque mes lèvres sur la joue rugueuse de mon ami en lui assurant que je le tiendrais au courant. Je sors du véhicule et me dirige à l'intérieur. Une policière me demande ce que je cherche et je lui réponds que je souhaite voir le commandant de la brigade. Elle prend en compte ma demande et me propose de patienter en attendant.
Au bout d'une dizaine de minutes, le commandant fait son apparition et semble surpris de me voir seule. Il m'invite dans son bureau et je lui indique ma requête.
- Je suis désolé mademoiselle mais je ne peux pas te faire voir un prisonnier comme ça, il faut...
- J'ai appris que ma meilleure amie est décédée il y a plus de sept ans, que mon cœur sera à jamais blesser, que ma famille m'a menti alors s'il vous plait, laissez-moi voir mon agresseur.
Le policier reste dubitatif alors pour le convaincre je lui assure.
- Je compte lui faire avouer son acte et je ne sortirais pas avant d'avoir eu toutes mes réponses.
Après une minute de silence, le commandant se lève et m'indique de le suivre. Il demande à un de ses collègues d'amener le prisonnier en salle d'interrogatoire. En attendant, il me répète qu'il sera dans la pièce à côté et qu'un policier sera derrière la porte pour intervenir en cas de soucis.
J'entre silencieuse dans la pièce assombrie et me confronte à l'individu dos à moi. Je marche jusqu'à la table et m'assoie sur la chaise en face de l'homme menotté. Celui-ci fixe le sol mais je distingue un sourire sur ses lèvres.
- Tu t'en ai souvenu. Prononce-t-il en premier.
- Oui, je suis donc ici pour connaitre la vérité, votre vérité.
- Pff. Je n'ai aucune vérité à t'apporter, tu sais déjà tout. Ajoute l'homme en relevant la tête.
Je reste silencieuse à sa réplique et fixe ses prunelles. Elles sont vertes, comme celles de Melya, avec un reflet sombre en leur centre.
- Pourquoi avez-vous voulu me tuer ?
L'homme s'esclaffe avant de me répondre.
- Tout simplement, parce qu'elle est morte.
- Mais je ne vous ai rien fait de mal ? Plaidais-je.
- Si ! Tu l'as oublié ! Tu l'as abandonné ! Cri le père de famille noyé par ses sentiments.
- J'avais dix ans. Ma tête s'est cognée contre le trottoir, comment aurais-je pu savoir ?
Je me rends compte que j'utilise les mêmes mots que mes parents. Je prends conscience de la décision qu'ils ont dû prendre il y a sept ans. Celle que j'aurais moi-même choisi si cela avait été mon enfant.
- Vous étiez inséparable et toi tu l'as laissé tomber au moment où elle avait besoin de toi. M'accuse le père de la petite fille décédée.
- C'est faux. Répliquais-je avec un regard sévère.
- Vous vous ressembler énormément, pourquoi a-t-il fallu que ce soit mon enfant ?! Continue l'homme confus dans ses propos.
- Qu'auriez-vous fait si Melya avait survécu et que j'étais morte à sa place ? Demandais-je.
L'homme est surpris par ma question et met quelques secondes avant de cracher sa réponse.
- Jamais elle ne t'aurait oublié.
Une larme coule silencieusement sur ma joue, devant ce père qui a tout perdu.
- Alors pourquoi vouliez-vous me tuer ? Ajoutais-je blessée par ses mots.
- Pour que tes parents subissent le même sort que moi.
- Vous vouliez détruire la vie de celle que votre fille a sauvé. Murmurais-je en baissant mes yeux vers la table.
- Que dis-tu ?! Ne parle pas à la place de ma fille !
Je relève mon regard pour affronter celui-ci désespéré de l'homme menotté. Puis je lui confie la vérité sur l'accident qui s'est passé lors de ma dixième année.
- C'est à cause de moi. Je n'ai pas vu la voiture arriver. Quand Melya l'a vu, elle a hurlé mon prénom avant de me pousser pour être percuté à ma place.
- Tu racontes n'importe quoi. Prononce l'homme, abasourdi par ma révélation.
- Plutôt dans la journée, elle m'avait promis d'être toujours là pour moi et elle a tenu sa promesse jusqu'à son dernier souffle.
L'homme est paralysé par mes mots. Il tient sa tête entre ses mains et semble dévasté par ce que je lui dis.
- En voulant vous venger, vous avez failli détruire la vie que m'a offerte votre fille.
- Non...C'est impossible... Melya pourquoi as-tu fait ça ? S'interroge-t-il lui-même.
Je pose, inconsciemment, ma main sur celle de l'homme anéanti avant d'ajouter.
- Grâce à vous, j'ai retrouvé la mémoire, une partie de mon passé.
Le père de ma meilleure amie lève ses pupilles humides et m'avoue ses ressentis.
- Quand je te vois ici, j'ai l'impression qu'elle est avec moi.
Je suis touchée par ses paroles. Soudain, je sens un objet se poser au creux de ma paume. Mon regard se tourne vers l'objet mystérieux que l'homme a glissé dans ma main. C'est une chaine de bracelet en argent. En dévisageant l'objet de plus près, je remarque une breloque. Deux lettres s'entrecroisent : un E pour Elma et un M pour Melya.
La voix du père, de la petite fille décédée pour me sauver, me déclare sincèrement.
- Elle voulait te l'offrir pour ton anniversaire mais elle n'en a pas eu le temps. Je tiens à te l'offrir pour pardonner le geste que j'ai fait. J'espère que tu me pardonneras un jour.
Je regarde une dernière fois l'homme face à moi avant qu'un policer entre pour le ramener dans sa cellule. Je reste assise sur ma chaise, choquée par ce qu'il vient de se passer. Le père de ma meilleure amie se tourne une dernière fois vers moi avant de quitter la pièce pour me dire.
- Elle vit en toi, Elma.
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CŒUR MORTEL
RomanceCette nuit était belle et calme. On revenait d'un repas familial sans drame. La neige reposait sur le bitume. La lune était présente sans amertume. Mes parents étaient à mes côtés. Personne ne prévoyait un danger. Cette nuit, ma joie s'est évaporée...